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Deux jours se sont passés depuis mon réveil. Je n'ai pas eu la chance de pouvoir sortir du lit pour le moment. Mis-a part pour me nourrir. La seule chose qui puisse m'occuper pour le moment, c'est une simple lecture, ou ce carnet. Mon poignet me faisait souffrir : je m'étais dépêché d'écrire tout les détails, tout ce que je me rappelais. J'avais peur d'oublier, j'étais terrifié.
Mais ce qui m'effraie le plus, c'était de ne jamais le retrouver, et de vivre avec ces souvenirs éternellement. En ce moment ma mémoire me permettait de m'accrocher, d'avoir de l'espoir, mais jusque quand ?
Je regardais autour de moi, tendais l'oreille afin de vérifier si personne n'était chez moi. Ceci étant encore une autre de leurs manigances : on avait fait venir plusieurs personnes chez moi, afin d'être sûr de mon repos.

En bref, j'avais des babysister, à l'âge de vingt sept ans.

Quand je fus certain d'aucune présence, je me levais, en prenant en main le carnet. C'est avec un mal de tête soudain que j'avancais, presque sur la pointe des pieds, au cas où quelqu'un serait finalement là.
C'est à l'encadrement de la porte que je m'arretais. Je me penchais, doucement, afin de faire pivoter ma tête de gauche à droite : personne.

J'avais l'impression de revenir à l'âge de mes 8 ans où je jouais à l'espion.

Et c'est ce petit détail qui m'informait des souvenirs qui revenaient peu à peu.

Je m'enfoncais alors dans le salon, installant l'ordinateur portable sur la grande table en bois. En attendant que ce dernier s'allume, j'eus le temps d'inscrire sur une feuille du carnet ce dont je venais de me rappeler.

Une fois fait, mes doigts pianotaient sur le clavier. "Zayn."
A mon plus grand étonnement, la page prit longtemps a chargé. Je me demandais même un instant s'ils n'avaient pas bloqué le wifi afin d'être sûr de ne pas mettre l'expérience en puéril.

_ Qu'est-ce que tu fais debout ?

J'étais toujours entrain d'attendre le chargement au moment où il prit parole. Mon fameux meilleur ami.
Je roulais des yeux au ciel, en m'enfoncant dans mon siège.

_C'est bon, c'est correct, je ne vais pas rester enfermer à longueur de temps. Tu sais très bien que ça me rend dingue. Ça rendrait dingue n'importe qui.

Un silence prit place. Et, enfin, la page s'affichait sous mes yeux. Je me redressais un minimum, les yeux plissés. Des mots dans une langue étrangère remplissait l'écran. Je sentais le corps de mon invité se rapprochait, voire même, se penchait au dessus de moi. Sans doute pour observer ce que j'étais en train de faire. Je faisais défiler toutes les pages, jusqu'à la dernière. Environ dix minutes étaient passés.

_ Tu le cherches encore, hein ?

Avait-il finit par dire.
J'avais envie de lui répondre que oui, ça se voyait. Je n'avais pas grande patience. J'inspirais un bon coup avant de répondre.

_J'ai besoin de le retrouver. Je demande pas la lune, je demande pas à lui parler, à lui déclarer ma flamme. Je le demande juste lui. Je demande juste à le voir. Pourquoi vous me refusez ça ? On ne sait pas ce qui peut se passer demain, l'avenir est un mystère, tout comme la vie, les gens, qui te dit que demain j'aurais encore la possibilité de le rencontrer ? Qui te dit que dans dix ans je ne serais pas encore dans cette situation de frustration ? De toute fa-

Mon monologue fut interrompu. Sa main se retrouvait contre ma bouche, coupant toute parole de ma part.

_Calme. Je vais t'aider. Mais il y a d'abord plusieurs choses que tu devrais savoir.

Il savait très bien qu'il avait toute mon attention. Déjà parce qu'il venait de dire qu'il souhaitait m'aider. Et ensuite parce qu'il avait attisé ma curiosité. D'une main discrète, il refermait mon ordinateur, tandis que de l'autre il attirait une seconde chaise. J'étais apte à l'écouter. Mais son air grave me rendait soucieux. J'étais ce genre de personne à me faire de nombreux scénarios. J'étais un parano. Et ça peut paraître banal, mais ça peut gâcher une vie.

_Il faut que tu cesses de noter sur le carnet.

Ma bouche s'ouvrait automatiquement, mais aucun mot n'en sortait. Pour la simple et bonne raison qu'il m'en empêchait de nouveau, mais cette fois d'un simple geste. Je devais l'écouter, c'est ce que ça signifiait.
Il reprenait alors.

_Tu ne dois surtout pas écrire que tu te souviens de ce que tu viens de vivre. Tu dois impérativement faire semblant de ne plus te souvenir de Zayn. Que les souvenirs partent au fur et à mesure, et que les tiens reviennent. Beaucoup de choses ont changé depuis que tu t'es.. absenté. Ici, je suis ton seul ami. Ton expérience était de base, la tienne. Pas la notre. Mais certains ont décidé de le prendre à coeur. Et que si ça marchait, ils allaient exercer tout ceci sur plusieurs personnes. Sauf qu'on peut en mourir. C'est dangereux, y'a tellement de risques. Je n'ai pas pu lire tout leur projet, à ce sujet, mais rien n'est bon. Donc je te propose un deal. Si tu souhaites mon aide, il faut que ce soit réciproque.

Il avait le souffle court, tellement il avait débité ceci à toute allure. Mon cerveau avait à peine le temps de suivre, et d'assimiler les choses. J'étais perdu. Mais si je devais jouer dans la sincérité, la seule chose que je retenais : c'était que mon seul allié c'était lui. Ça l'avait toujours été, de toute manière.
Un grand sourire planait sur mes lèvres, malgré la situation. Mais non pas grâce à ces paroles, mais surtout parce que je le reconnaissais bien : c'était bel et bien mon meilleur ami.

Je me relevais de la chaise, l'entrainant avec moi. Je lui offrais une accolade virile avant de reporter mon regard dans le sien.

_C'est d'accord. Mais d'abord, et si on allait regarder nos anciennes photos ? Il doit bien en avoir quelque part.

_Je te raconterais les plus grandes anecdotes, on a toute la nuit devant nous.

_J'espère bien, je veux me souvenir de tout les détails. Bière ?

_Bière.   

Reconquête errante. ZIAM. (2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant