Chapitre VI : « Hello... »

1.6K 114 13
                                    

Le quatrième jour de mes vacances est passé à une vitesse inimaginable.

Avec Sophie, nous commençons à mieux nous entendre. J'ai accepté de la laisser dormir ici la nuit après les résultats du concours; je commence à supporter sa présence et ses blablas incessants.

Allongée dans mon lit, dans le noir, je fixe le plafond.

Demain, lever programmé à sept heures pour être à l'heure au rendez-vous, qui est à huit heures.

Je ferme les yeux et tente de dormir. Cette journée est passée beaucoup trop vite; je n'ai aucune envie d'avoir cet "entretien".

Je pousse un long soupir.

Le sommeil finit par me gagner.

~~~

Je dois le reconnaître; cette entrevue avec LUI me stresse bien plus que je veux l'admettre.

« Ça va? me demande Sophie. »

Je hoche la tête.

« Bien, alors c'est l'heure de vous maquiller, Miss Sarko.

– Quoi? Alors là, non, non et non. Je me maquille pour patiner, à la rigueur, mais là, je ne vois pas l'intérêt! »

La jeune femme tente de me convaincre, en vain, je refuse catégoriquement de me maquiller. Cet entretien ne signifie rien pour moi. Ce n'est même pas un véritable entretien!

Sophie finit par lâcher l'affaire, épuisée.

« Bon, il est sept heures trente passées, une voiture est censée venir nous prendre dans deux minutes, à peine, m'informe-t-elle. »

J'inspire à fond.
Je n'ai pas spécialement soigné ma tenue non plus; j'ai enfilé un jean léger et un T-Shirt blanc, et des converses de la même couleur que mon haut. Tout à fait banal, extrêmement simple. J'ai laissé mes cheveux tomber en cascade sur mes épaules.

« Allons-y, je suis prête, affirmé-je.

– Bien. »

Nous sortons de la maison et devant le portail est stationnée une belle voiture noire. Le chauffeur descend pour nous saluer puis m'ouvre la portière arrière.

« Miss Sarko, je vous prie, dit-il poliment. »

Alors que Sophie s'avance derrière moi, il l'arrête.

« Elle ne peut pas être accompagnée, madame. Elle va seule. »

Sophie paraît déçue et me lance un regard inquiet. Je la rassure d'un sourire moqueur.

« Je survivrais, ne vous en faîtes pas, ironisé-je.

– Bonne chance! »

Je la remercie d'un signe de tête, mais elle s'approche de moi et me serre dans ses bras. Surprise, je ne sais quoi faire.

Elle chuchote à mon oreille:

« S'il te plaît, Cara, fais en sorte que ça marche. Ce serait une bonne expérience, je te l'ai dit, et cela pourrait aussi te plaire, j'en suis sûre. Fais un effort... ne le juge pas d'avance sur ce qu'on dit de lui et l'apparence qu'il te donne. »

Je reste muette face à ses paroles. Je suis perdue. Que faire?

Elle s'éloigne après m'avoir souri une dernière fois.

Je m'engouffre dans la voiture en grimaçant. Était-elle obligée de me déstabiliser juste avant le rendez-vous? À présent, j'ai moins envie de tout faire foirer...

Tandis que la voiture démarre, mon cerveau fonctionne à toute allure.

Et si cela se passait bien? Et si je plaisais à Justin? Et si j'étais retenue?

Je secoue vivement la tête. Je n'ai aucune envie de faire ça. J'en reviens à mon idée de départ; je ne veux pas être sélectionnée, je ne serai pas sélectionnée.

Le trajet se déroule en silence. Le chauffeur n'est pas du tout bavard. Nous arrivons finalement devant un grand immeuble, au milieu d'un quartier riche proche du centre-ville.

Un homme en costume devant l'entrée s'approche, et m'ouvre la portière.

« Merci. »

Il me conduit jusqu'à la porte.
Nous pénétrons dans l'immeuble, très spacieux, très chic.

Je suis l'homme qui me guide jusqu'à un ascenseur. Il clique sur le bouton « étage 3 ».

Je regarde discrètement ma montre. Il est huit heures pile.

Plus le temps passe, plus mon cœur bat vite. L'angoisse monte en moi. Ce n'est pas normal que je stresse autant...si?

Je me ressaisis. J'inspire à fond. Expire. Inspire. Expire...

Voyons, je ne suis pas comme toutes ces filles folles de lui. Je ne vais pas me jeter sur lui ni lui demander une dédicace, ou l'assaillir de questions. Je vais être moi-même. Je suis normale, je suis sérieuse.

Cependant, ce n'est pas ça qui me stresse le plus. Ce qui me stresse tant, c'est qu'une partie de moi ne veut plus faire foirer l'entretien. Une partie de moi veut montrer que je suis capable de surmonter ça, que je peux lui plaire, que je peux éventuellement gagner. Et cette partie de moi me met dans un état d'indécision inquiétant.

Que vais-je faire, une fois là-haut?

Pas le temps d'y penser plus longtemps; l'ascenseur s'arrête et les portières s'ouvrent. Nous empruntons un couloir qui me semblent interminable. Le sol est recouvert d'un tapis en velours et les murs sont parfaitement blanc, avec des tableaux d'art moderne accrochés à distance égale.

Nous croisons une fille, probablement celle qui passait avant moi. Elle est recouverte de trois kilos de maquillage, et porte une robe décolleté et ouverte dans le dos. J'hausse les sourcils; sérieusement?

Elle s'est crue dans Miss Univers, ou quoi?
Ce n'est pas un concours de beauté, ici. Elle espérait vraiment séduire le chanteur ainsi?

Il vaut mieux pour moi que ça n'ait pas fonctionné, sinon je n'ai aucune chance avec mon jean et mon t-shirt délavé...

Nous arrivons devant une porte en bois peinte en noir.

L'homme en costume toque.

« Yes! répond une voix à l'intérieur. »

Il ouvre la porte. Je ferme les yeux, déglutis, puis entre dans la pièce.

« You've got one hour. Good luck. » dit l'homme en costume. ("Vous avez une heure. Bonne chance")

Je m'avance.

« Hello... »

~~~

B A B Y S I T T E R  | j.bOù les histoires vivent. Découvrez maintenant