Un Train Pour Destrosia

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Il est 6 heures, je viens à peine de me réveiller. La journée risque d'être interminable, comme toujours, étant donné que je dois prendre un train dans la matinée. Il faut compter quelques centaines de kilomètres avant de pouvoir poser le pied à terre, enfin plutôt sur le vieux quai de Destrosia. D'ailleurs, cette ville tout en lumière et hauteurs vertigineuses, m'a toujours fascinée : Tout le monde parle de bâtiments se perdant dans l'azur du ciel, d'habitants accueillant et chaleureux, d'une propreté incomparable... je n'attends plus qu'à l'admirer. Mais je n'y vais pas pour déambuler naïvement sur les trottoirs des avenues élégantes, je suis en déplacement professionnel. Me voilà vêtu, je récupère mes affaires et j'enfile mon blouson. Arrivé à la gare, mon train et pile à l'heure, et c'est bien la première fois...
À l'intérieur, deux rangées de fauteuils de cuir blanc avec tout le confort que l'on puisse demander et plus encore : écrans, bibliothèques, réseau, wagon-bar... Un train n'a pas besoin de tant, ça en devient ridicule. Heureusement que les frais sont pris en charge par mes supérieurs.
J'ouvre alors le dossier de ma nouvelle enquête... une vague de suicide. Ça change beaucoup des vulgaires scènes de ménage ayant tournées au meurtre. Lorsqu'il s'agit d'un suicide, c'est plus compliqué : il nous faut comprendre la cause, ce qui a poussé telle ou telle personne à s'être enlevée la vie. Mais sincèrement, qu'est-ce qui pourrait persuader une personne de se suicider ? Surtout à Destrosia, connue pour être une cité étatique nettoyée de toutes formes de violences grâce à un système de sécurité très perfectionné, allant des caméras de tir qui n'hésite pas à éliminer quelqu'un en cas de danger, jusqu'aux androïdes trop camouflés et surveillant de près la population.
Peut-être que la peur les a aidés...
Me voilà dans cette étouffante gare si... le mot exact me manque.
La rumeur disait vraie, Destrosia est surprenante.
Prenant un taxi, je me dirige donc vers le centre d'investigation centrale, qui est réellement gigantesque. Bouche bée, je m'avance dans ce hall que je ne vois qu'à peine, puisque mon regard est comme attiré par un plafond de verre teint, particulièrement troublant...
Une hôtesse finit par me ramener à la raison et m'indique gentillement la salle de réunion. En passant le palier de la porte, l'atmosphère m'assomme violemment :
- Asseyez-vous vite Sho, vous êtes en retard.
- Ah bon ? Pourtant ma montre m'indique bien 11h05, l'heure que nous avions prévu M. Rivain.
- Ne jouez pas au plus malin avec moi, nous sommes en situation d'urgence et je ne perdrai pas de temps à préparer une lettre de licenciement... alors arrêter de traîner des pieds car de nouveaux suicides viennent d'être annoncés.

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