Quinze jours plus tôt

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SYDNEY

J'ouvre la porte fenêtre et sort sur mon balcon, contente que le soleil est déjà plongé derrière l'immeuble d'en face. Du coup, il fait plus frais, un peu comme part une belle journée d'automne. Presque aussitôt, le son de la guitare c'est lève à travers le parc et je m'assieds dans le transat, Je dis à Tori de venir faire ses devoirs ici, histoire de ne pas reconnaître que cet instrument est la seule raison qui me pousse à sortir tous les soirs à vingt heures, avec la régularité d'une pendule.
Voilà des semaines que le type d'en face s'installe sur son balcon pour jouer au moins une heure. Et moi, tous les soirs, je sors l'écouter.
J'ai remarqué quelques voisins en faisaient autant, mais aucun n'est aussi assidu. Je ne vois pas comment on peut entendre ces chansons sans en tomber aussitôt accro. Bon, pour moi, la musique toujours été une passion, alors peut-être que je me laisse un peu plus emporter par ses mélodies que la plupart des gens. Je joue du piano depuis toujours ou presque et, bien que je ne l'ai jamais avoué à personne, j'adore composer. Au point que j'ai orienter mes études sur l'enseignement de la musique, il y a deux ans. J'ai l'intention de devenir prof, au lieu de suivre les conseils de mon père qui me voyait plutôt faire du droit.
-Une vie médiocre est une vie perdue, a-t-il commenté quand je lui ai annoncé que je changeais de spécialisation.
Une vie médiocre. Je trouve ça plus drôle qu'insultant, de la part d'un homme qui semble aussi désabusé par tout ce qu'il a entrepris. Un avocat. Va comprendre !
Le garçon d'en face achève une chanson et se lance dans une autre, qu'il n'avait encore jamais jouée. J'ai appris à connaître son répertoire, dans la mesure où il le joue toujours dans le même ordre, soir après soir. Pourtant, cette chanson là, je ne l'avais jamais entendu à la façon des accords, j'ai plutôt l'impression qu'il est en train de la composer. Je suis contente d'assister à l'événement, d'autant qu'elle devient aussitôt ma préférée. J'ai l'impression qu'il est l'auteur de tout ce qu'il chante et je me demande s'il donne des concerts dans la région ou s'il ne fait ça qu'en pur amateur, pour le plaisir.
Je me redresse, m'accoude au balcon à fin de mieux le regarder. Il est assez loin pour que je me l'autorise, mais assez près pour qu'il faille m'assurer d'abord que Hunter ne sois pas dans les parages. Je ne suis pas certaine que mon copain apprécierais de me voir emballer ainsi devant les talents de ce garçon.
Comment nier qui me plaît ? Quand on le voit mettre tant de passion dans sa musique, on ne peut que joindre. Il a une façon de fermer les yeux, de se concentrer si intensément sur chacun accord... J'aime surtout le voir croiser les jambes sur sa guitare pour la serrer bien droite contre sa poitrine et en jouer comme une contrebasse, sans jamais soulevé les paupières. C'est tellement fascinant que, parfois, je me prends à retenir mon souffle, au point d'en oublier de respirer.
Pour couronner le tout, il est beau mec. Du moins, c'est ce qu'il me semble, vue de mon balcon. C'est cheveux châtain clair se balance au rythme de sa musique, lui retombant sur le front chaque fois qu'il regarde sa guitare. Il est trop loin pour que je distingue la couleur de ses yeux ou la forme de ses traits, mais ces détails sans importance, comparé à la passion qu'il met dans sa musique. Il semble avoir une totale confiance en lui. J'ai toujours admiré les artistes capable de se détacher complètement de ce qui les entoure pour ne plus se concentrer que sur leurs œuvres. J'aurais aimé pouvoir, moi aussi, mais enfermé à l'écart du monde pour me laisser emporter par ce que je fais, mais j'en suis incapable.
Lui, si. Il croit. Je n'ai jamais su résister aux musiciens, du moins dans mes rêves. Ils sont d'une espèce différente. Une espèce pas vraiment adapté si on se cherche un copain fidèle.
Soudain, comme s'il avait capté mes pensées, et un sourire détend son visage. Tout cela sans arrêter de jouer. Ce contact me faire rougir, alors je me dépêche de reprendre mon cahier, l'air très affairée. Ça m'ennuie que ce garçon les surprise à le dévisager si intensément ; même si y'a rien de mal à ça. Quand je relève la tête, il ne m'a pas quittée des yeux, mais ne sourit plus. Le cœur battant, je me replonge dans mon cahier.
- Tu étais là ? lance une voix aimable derrière moi.
Je m'adosse à mon siège pour voir Hunter entrée sur le balcon, en faisant de mon mieux pour cacher ma gène car je suis certaine qu'il m'avait avertie de son arrivée.
Pour le cas où Johnny Guitar serait encore en train de me regarder, J'accueille mon mec avec ardeur, histoire de ne pas trop passer pour une sinistre moyeu, mais juste pour quelqu'un qui se reposer sur son balcon. Je lui passe la main sur la nuque quand il penche la tête sur le dossier de mon transat pour m'embrasser.
Mes yeux me trahissent quand la guitare ça va brusquement de jouer ; je ne peux m'empêcher de regarder dans sa direction alors qu'il se lève et file dans son appartement, l'air grave, presque furieux.
-T'es cours se sont bien passés ? me demande Hunter.
-Trop barbant pour qu'on en parle. Et toi, comment c'était, le boulot ?
-Intéressant, dit-il en me caressant les cheveux.
Il m'embrasse dans la nuque.
-Qu'est-ce qu'il y avait de si intéressant ?
Il s'installe à côté de moi, pose le menton sur mon épaule.
-Il c'est passé un drôle de truc au déjeuner, Didier. J'étais à la terrasse du resto italien avec un collègue, et je venais de demander au serveur ce qu'il nous conseiller comme dessert, quand une voiture de police a surgi du carrefour. Ils se sont arrêtés juste devant nous et deux agents en sont sortis, l'arme à la main. Ils aboyer désordre dans notre direction quand le serveur : « Merde ! », en levant lentement les mains. Les flics ont sauté sur lui, l'ont jeté à terre, lui ont passé les menottes. Après lui avoir énonce ses droits, ils l'ont relevé et emmené. C'est là que le type s'est retourné vers moi en criant : «Le tiramisu est délicieux !» Ensuite, ils l'ont jeté dans la voiture.
-C'est vrai ? Ça s'est vraiment passé comme ça ?
Hunter de met à rire.
-Oui, je te jure, Syd. C'était dingue.
-Et alors ? Tu as essayé le tiramisu ?
-Oui, on en a pris tous les deux. C'est le meilleur que j'ai mangé de ma vie.
Il m'embrasse sur la joue et se redresse.
-Tiens, Ça me donne faim de De te raconter tout ça. Tu nous as préparé quelque chose à dîner ?
Je lui tends la main pour qu'il m'aide à me lever.
-On a de quoi faire une salade...
Une fois un intérieur, Hunter s'assied sur le canapé à côté de Tori. Elle a ouvert un cahier sur ses genoux mais regarde plutôt la télé que son boulot. Je sors les boites du frigo pour préparer une salade. Je m'en veux un peu d'avoir oublié qu'Hunter venait ce soir. D'habitude, je lui sers un repas chaud.
Voilà près de deux ans maintenant que nous sortons ensemble. Je l'ai rencontrée lors de ma deuxième année de fac alors qu'il passer sa licence. Avec Tori, ils se connaissaient depuis longtemps. Quand elle s'est installé dans ma résidence universitaire, nous sommes devenus amis et elle a tenu à me le présenter.

Maybe SomedayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant