Je regardais une dernière fois la petite flamme, et pris soin de remettre mon manteau marron et mes longues écharpes entremêlées avant de franchir la petite porte par laquelle j'étais passée une heure auparavant. J'avais toujours aimé ce passage discret qui me permettait de, petite, m'en aller en pleine messe discrètement pour me reposer les pieds nus dans l'herbe, juste en dessous de l'églantier ; églantier que j'avais fait mien.
J'avais la plus jolie vue sur notre petit village, j'en faisait des croquis, changeant constamment au grès de mes humeurs, des saisons et des nouvelles tombes dans le petit cimetière de l'église.
Je marchais d'un pas décidé, sachant qu'il ne fallait surtout pas que je m'arrête ou que je jette un coup d'œil à la tombe de cette femme.
Les graviers bougeaient sous mes bottines, et j'arrivai enfin au portillon qui donnait sur le trottoir.
Venir ici n'avait peut-être aucune chance d'améliorer les choses, mais j'y avais tenu en ce septième anniversaire.
Lorsque je me retournais pour fermer le portillon rouillé, j'aperçus le père Nicolas. Il m'avait suivit. Puis avait entrouvert la porte de l'église. Il m'observait, et je savais cette fois qu'il m'avait reconnue. Je soutins son regard jusqu'à ce qu'il se décide à lâcher prise le premier.
Sachant ce qui allait de toute façon se produire par la suite je me décidais:
"-Au revoir père Nicolas, dis-je assez fort pour qu'il puisse m'entendre.
-Ce fut un grand plaisir de te revoir enfin Sandra, dit-il en souriant. J'espère que tu ne m'en voudra pas de t'avoir suivi mais je te considère énormément, et j'aimais beaucoup ta m..."
Un bruit sec se fit entendre. Un bruit qui ne me surpris en aucun cas.
Je vis le prêtre, dans une lenteur presque irréelle tomber. Une larme m'échappa. Il m'avait reconnue et en payait le prix fort. Je me retournais doucement et vis une très belle berline noire, pas le genre de voiture que l'on croisait normalement dans ce petit village où j'avais grandit.
J'avançais de quelques pas quand je me retournais une dernière fois. J'étais arrivée au niveau de mon bel églantier. Je posais ma main sur son écorce quand un coup de vent fit bouger toutes les feuilles de l'arbre ; elles étaient toutes d'un rouge magnifique.
Je baissais les yeux et vis une plaque que je ne m'attendais pas à voir ici. Je la regardais, placée juste sous les branches et lu :
"A notre très adorée Sandra Blanchet, fleure du village cueillie trop tôt, née le 15 juin 1992, disparue le 16 juin 2012."
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Secrète
General FictionEn sept ans je n'ai vécue que recluse. Aujourd'hui, je peux ressortir, mais pas sans condition...