Léonard

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La voiture roulait doucement, me laissant apprécier la chaleur rustique qui émanait du petit village, ainsi que le roulement régulier du moteur. Léonard savait que j'y tenait, et que je n'aurais probablement plus la chance de revenir. Je n'arrêtais pas de ruminer ce qu'il venait de se produire il y a à peine un quart d'heure... Cette mort que je ne désirais pas, la tombe sur laquelle je ne devais pas m'arrêter, le nom marquer dessus et la personne y reposant ; et cette plaque... Sandra Blanchet. Oui c'est moi, jeune femme de vingt ans, un bon mètre soixante-dix, les yeux verts et des cheveux bruns cachés par une décoloration et une couleur blonde... J'étais plus que troublée.

"- On sera rentrés dans combien de temps Léo ?

- Dans cinq heures environ, Mademoiselle... me dit-il en me regardant dans le rétro. Comment allez-vous ?

-J'ai connu mieux. Et vous ? demandais-je sèchement.

-Je vais très bien Mademoiselle, merci de vous en inquiétez. Je vous pris de ne pas m'en vouloir, mais vous connaissez les consignes, toute personne....

-...qui semble suspecte de me reconnaître doit disparaître. Oui je le sais, et je ne risque plus de l'oublier à présent... dis-je avec rancœur."

Je regardais par la fenêtre les dernieres maisons du village, puis les premiers arbres de la forêt où j'avais toujours aimer courir ou faire du vélo plus jeune.

"- Ce n'est pas à vous que j'en veux Léo, dis-je en regardant le ciel. C'est à lui que j'en veux...

-Je m'en doute, mais ce n'est pas Monsieur qui appuie sur la gâchette."

Léonard avait toujours été mon sauveur, il me protégeait, toujours avec moi ou de mon côté. A chaque faux pas de ma part il m'avait rattrapé et soutenu face à cette chose, face à Monsieur, face à mon père... C'est Léo qui était là pour moi à chaque décision que j'avais le droit de prendre. C'était un très bon conseiller. Ce n'est pas pour rien que mon père l'avait embauché comme garde du corps pour sa fille. 

Avec ses yeux clairs et ses cheveux châtains qui devenaient poivre et sel avec les années il me faisait penser à un oncle ; quand je faisais des achats, je parlais toujours de lui comme mon oncle d'ailleurs. Il est d'une gentillesse rare ; mais il suit les ordres, donc un véritable tueur quand il le faut. Heureusement il n'avait pas eu à le faire maintes fois en ma présence, en général il attendait que je sois dans la voiture.

"- Léo, vous pouvez mettre radio classique s'il-vous-plaît, et assez fort aussi, demandais-je."

Comme simple réponse il mis la vitre qui nous séparerait le reste du voyage, et la radio à un volume sonore que mon père ne supporterait pas. Le voyage commençant à peine je décidais de m'évader en me laissant aller sur le fauteuil arrière et sur le concerto pour violon de Bach qui passait à la radio.

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