Prologue

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Pendant l'adolescence, je pense que tout le monde est jugé par les autres. Et tout le monde juge les autres. Ça, j'en suis sûre. J'ai jugé chaque personne autours de moi, et j'avais conscience d'être jugée en retours. J'en ai fait l'expérience, comme tout le monde. J'ai été adulée, imitée mais jamais égalée; jusqu'au jour fatidique où je suis passée d'astre a désastre. De populaire à looser. De leader des terminales à cette fille qui ne parle à personne, assise au fond de la classe.
Depuis toujours, j'avais beaucoup d'amis. Je n'avais jamais su (ou pu) différencier mes " faux amis" des vrais. Chose qui m'a coûtée plus tard, mais passons.

Avec du recul, je me rends compte que cela sautait aux yeux. Qu'un jour ou l'autre, il était évident que mon monde allait s'effondrer, et que je me retrouverais seule. Que cette cour de soi-disant amis n'était que la manifestation de mon besoin d'être entourée. Sous mes airs de miss parfaite, je traversais une période difficile. Je n'ai pas essayé de le cacher à ceux que je considérais comme mes meilleurs amis. Pourtant, trop occupés par leur nombril, ou par ce que je leur avais fait (eh oui, personne n'échappe aux petites rumeurs taquines!), aucun d'entre eux n'a remarqué; ou plutôt, aucun n'a cherché à creuser derrière les apparences peu trompeuses. J'étais mal, très mal. Et pas un seul de mes amis ne s'en est rendu compte. Alors pourquoi personne n'a rien fait? Pourquoi aucun adulte n'est intervenu?

J'étais populaire, c'est vrai. J'étais cette meneuse de la bande de filles que tout le monde admire et apprécie. Ça ne m'a aucunement aidé, au contraire, mais du point de vue des adultes, j'étais donc bien entourée. Aucune inquiétude en ce qui me concernait. Seulement, les amitiés entre gens populaires sont généralement "en carton". Je le savais, mais ne voulais pas l'admettre. Je voyais les jeunes sixièmes essayant de s'habiller comme moi, changeant de style chaque mois pour imiter la nouvelle "reine du lycée". Je voyais ma "meilleure amie" qui essayait en permanence de paraître plus que moi.  Plus belle, plus intelligente, plus populaire, plus gentille... Sauf qu'au fond de moi je savais que cette fille était fausse. Nos conversations tournaient autours des potins, rumeurs et "on dit". C'était tout. Limité, pour deux personnes censées être inséparables, non?

Que ce soit au lycée ou à la maison, je donnais cette impression de vie parfaite: physique avantageux, bonne notes, avenir assuré dans l'entreprise de maman, grande maison, beaucoup d'amis... Tout ça n'est qu'une façade, certes, mais qui ne juge pas la devanture d'une maison avant d'entrer?

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