Réalisant cela, j'ai pris peur. Mais je ne savais pas comment l'annoncer à mes parents. Malgré tout, tellement bouleversée que j'étais, le vide dans mon estomac revenait imperceptiblement. J'avais faim. J'avais envie de manger. Je me sentais coupable à chaque bouchée. J'avais peur de ce qui allait arriver. Peur de la réaction de mes parents. Alors j'ai appelé Emie, la fameuse amie en carton.
BIP BIP BIP
"Votre correspondant n'est pas disponible pour le moment, veuillez laisser un message." me répondit une voix parfaitement synthétique. Je laissai donc un message, disant à mon amie à quel point je me sentais mal, que ça n'allait pas et que j'avais besoin d'elle de toute urgence. Je terminai en demandant de me rappeler dès qu'elle recevrait ce message.
Le reste du week-end passa et je me sentais toujours aussi mal. Prétextant une gastro, je m'étais privée de nourriture deux jours durant, enfermée dans ma chambre avec mon seul échappatoire: mon carnet de croquis. Emie ne m'avait toujours pas rappelé.
Le lundi matin, je courais à la rencontre d'Emie. J'étais affamée, j'avais des cernes et les larmes aux yeux. Cependant, elle ne m'adressa pas une parole réconfortante, préférant me raconter les deux jours idylliques passés avec son amoureux du moment, un certain Tom. Sur le moment, je pensais qu'elle voulais me changer les idées. Maintenant je me rends compte qu'elle n'avait juste rien à faire de mes problèmes. J'eus quand même la présence d'esprit d'aller chercher conseil chez quelqu'un d'autre.
Cet autre, c'était Mathéo. Un vrai ami, lui. Seulement, cela faisait plusieurs mois que je ne lui avais pas adressé la parole à cause de sa réputation qui aurait terni la mienne puisque mon ami d'enfance était "un intello". Quelle idiote j'avais été alors!
Lui exposant la situation, son expression passa de la colère quand je l'abordai ("pourquoi tu n'es pas venue avant?") à l'indifférence quand je commençais à tout expliquer ("qu'est-ce que j'en ai à faire de tes problèmes? Tu t'es occupée des miens peut être ?") à une inquiétude rapidement dissimulée ("je voudrais t'aider mais j'ai trop de fierté pour te pardonner déjà"). Quand j'eus terminé de parler, il s'éloigna en lançant que je devrais en parler à quelqu'un en qui j'avais confiance. Il ne savait pas qu'il était ce seul quelqu'un.
________________Cela faisait maintenant deux semaines que j'avais essayé de parler à Mathéo. Deux semaines que, chaque jour, je laissais un message sur son répondeur pour m'excuser de mon comportement de ces derniers mois, que je lui disais que j'avais besoin de lui. Deux semaines que j'essayais de remplacer le Nutella par des fruits, la culpabilité par la satisfaction. Mais une peur restait présente: et si je ne m'en sortais pas toute seule? Et si j'avais réellement besoin d'aide? Impossible pour moi d'en parler à mes parents, mais j'allais bien trouver quelqu'un qui se préoccupait un tant soi peu de moi! Je commencais à espacer mes vomissements- plus que tous les trois jours!- mais j'avais malgré tout la gorge enflammée. Alors, je comptais les calories. Je calculais méticuleusement le contenu de mes repas pour qu'ils soient le plus proche possible des apports dont j'avais besoin. Je ne m'autorisais plus le moindre grignotage. Cette méthode était très frustrante, c'est sûr, mais elle avait le mérite d'être efficace du point de vue de la balance.
Cependant, j'avais beau manger de manière plus saine, je ne me sentais pas mieux: le vide dans mon estomac ne demandait qu'à être comblé.
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Voilà la suite de cette nouvelle ! J aimerais beaucoup que vous me donniez votre avis sincère dessus en commentaire svp !
Bisous!
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#freeyourbody
Short Story"Puis je parlais de ma peur d'en parler à mes parents. De ma solitude. De la culpabilité. Du vide que j'avais besoin de combler. Elle ne m'interrompit pas une seule fois" Aurélie a 17 ans quand sa vie bascule. Contrairement à ce qu'elle pensait, pou...