CHAPITRE 5

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EVAN


À l'accueil du Paris Marriott Champs-Élysées, je laisse Gavin converser avec le gérant, me contentant d'observer autour de moi. Les desks en bois marron clair verni s'étendent dans la largeur de l'espace, séparés uniquement par des colonnes en grès blanc. Un puits de lumière capte les rayons du soleil de juin, sans toutefois tomber dans le travers de l'effet de serre.

Il doit y avoir la climatisation.

Des canapés et des tables sont installés ça et là afin de permettre aux gens de patienter. Plusieurs lampes à l'abat-jour similaire m'évoquant un vertugadin sont postées dans un alignement psychorigide.

L'espace est propre, luxueux, aéré. RedX ne se moque pas de nous. Quand j'ai signé dans cette agence de mannequinat, je n'avais aucune attente. Même si j'en avais eu, ils les auraient surpassées. Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai traité les gens qui pratiquent ce métier de charlatan. Je pensais qu'ils vendaient tous du rêve sans assumer.

Visiblement, je me suis planté.

— Par ici, Grumpy ! m'interpelle Gavin.

— M'appelle pas comme ça, grommelé-je.

— Rien que pour le plaisir de t'entendre grogner, je continuerai.

Nous nous engouffrons dans l'ascenseur. Mon pote presse le bouton « 4 ».

— Il se chargent de nos valises, précise-t-il. Elles arrivent dans la foulée.

— T'as demandé les horaires du petit déjeuner ?

Gavin me les transmet. Je les note minutieusement sur mon téléphone. La dernière fois que nous sommes partis ensemble pour le taf, nous avons squatté dans un hôtel à Liverpool. Il m'a assuré qu'on pouvait manger à partir de sept heures alors que ça n'ouvrait qu'une demi-heure plus tard. Résultat, nous avons poireauté comme des imbéciles et par manque de temps, nous avons débarqué le ventre vide au shooting photo.

Ce qui en soit, était un mal pour un bien. Avoir le ventre gonflé, ça la fout mal. Je me suis bien gardé de le préciser à Gavin. Moi qui rêvais d'un café, a minima, je n'ai eu que ma salive pour me sustenter.

Les portes métalliques s'ouvrent et nous rejoignons la double-suite 112. La porte grande ouverte nous invite à entrer. À l'intérieur, nous trouvons nos bagages près d'une petite rousse engoncée dans sa tenue de travail. Si le pantalon noir lui sied, la veste rouge aux boutons dorés lui serre le cou au niveau du col, donnant l'impression qu'elle peine à respirer. Son couvre-chef m'évoque l'extrémité d'un préservatif rouge.

— Messieurs Livingstone et Lloyd, soyez les bienvenus au Paris Marriott. Je m'appelle Irène et je serai ravie de venir à votre rescousse en cas de besoin.

Tout en parlant, elle entortille ses boucles de feu autour de son index et ne cesse de jeter des œillades à Gavin. C'est limite si j'existe.

Dédaignant ses explications peu utiles à mon sens, je m'imprègne de la double-suite. Deux portes opposées mènent aux chambres tandis qu'au centre, un espace de vie avec toutes les commodités se présente à moi. Une longue banquette grise borde deux petites tables basses ronde aux pieds en fer forgé et au revêtement vitré. Un mini bar et une télé se trouvent dans un angle de la pièce, entièrement couverte d'un parquet chevron aux nuances claires.

— N'hésitez pas ! Si je peux faire quoi que ce soit pour vous...

Irène est sur le point de se jeter sur Gavin, à tel point que je ne perçois plus mon ami que comme une côte de bœuf particulièrement appétissante. Celui-ci me lance un appel au secours avant de trouver un semblant de solution à son problème.

CE QUI NOUS CONSUME (en librairies)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant