Chronique d'Alice

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Prologue

Ça fait maintenant 2ans que j'habite à Paris. J'ai réussi à me trouver un petit appartement près de ma fac. Je suis actuellement en 2ème année de médecine, j'envisage de faire neurologue, mais bon ça reste à voir ! Cette année on nous a proposé de faire des stages, j'ai laissé les gens s'entre tuer pour avoir ce qu'ils voulaient et j'ai pris ce qu'il resté, là ou il y aura le moins de monde et où je serais plus tranquille. C'est comme ça que j'ai gagné un stage de 2 semaines aux urgences dans un grand centre hospitalier de la capitale.

Aujourd'hui c'est mon dernier jour dans cet hôpital.
Ce fut plus dur que je ne le pensais mais j'y ai survécus. J'ai vu beaucoup de choses horribles, des accidents de voiture où des personnes sont en sang ou avec des membres en moins. Des bagarres de rue qui ont mal fini avec flingues ou armes blanches ainsi que toutes sortes d'horreurs.
J'ai appris auprès des infirmières et des médecins de garde à donner les premiers soins lorsque des patients comme ça nous sont amenés. C'est un lieu de travail rude ou il faut avoir l'estomac bien accroché !

Pour ma dernière journée ça a été plutôt calme, juste un garçon tombé de son vélo et quelques autres cas pas trop graves. L'équipe du jour, avec qui je m'entendais le mieux, m'a donc laissé partir un peu plus tôt.
Je suis sortie de l'hôpital vers 19h et grâce à l'hiver il faisait déjà nuit. Perso j'aime trop l'hiver, mais que quand il neige ! Il ne faisait pas encore trop froid alors je décidai de rentrer à pied. Je dois habiter à environ 20min de l'hôpital.

Ça faisait bien 15min que je marchais et je me dépéchais parce que j'avais trop faim... Ben oui après 14h aux urgences, j'avais besoin de reprendre des forces !
J'étais donc à quelques pas de chez moi dans une ruelle peu fréquentée quand j'entendis des cris et des insultes provenant d'un peu plus loin, après 2minutes d'attente (un peu froussarde la fille) la rue commença à devenir plus silencieuse, je m'approchais un peu pour essayer de voir si la route était libre et arrivée à une certaine distance je vis trois hommes penchés sur un quatrième qui avait l'air plutôt mal en point vu comme il gémissait. Au loin on entendit une sirène de police, les 3 hommes commencèrent à s'exciter gesticulant dans tout les sens et parlant fort, j'arrivais à comprendre quelque mots comme « dégager », « pas se faire cramer ».

J'étais encore en train de les observer quand je les vis partir en courant dans ma direction, je vous raconte même pas le sprint que je me suis tapée pour aller me cacher derrière une voiture. J'avais trop peur qu'ils m'aient vu et que ce soit moi la suivante ! Je me recroquevillais derrière la voiture essayant de me faire la plus petite possible, j'étais persuadée qu'ils m'avaient vu et que j'allais y rester, j'étais en train de me faire tout un film lorsque à mon plus grand soulagement ils m'ont dépassé sans s'arrêter.
Je suis restée quelque temps caché parce que j'avais peur qu'ils reviennent ou qu'il se soient eux même cachés un peu plus loin, pour me faire un feinte genre - « héhé t'as cru qu'on t'avais pas vu et que t'allais pouvoir t'en tirer comme ça ? » - enfin bref après plusieurs minutes qui semblèrent durer des heures, je sortie de ma cachette et me dirigeai (en me retournant tout les 2m pour vérifier que personne ne me suivait) vers la personne toujours à terre. Elle s'était retournée et assise mais ne semblait pas vraiment en forme.

C'était un homme d'environ 25ans, je n'aurai su dire si il était beau ou pas vu comme son visage avait été batu. Je commençais à paniquer ne sachant pas quoi faire! Est-ce que je devais appeler la police ou pas ? Et une ambulance ? J'ai respiré un bon coup puis me suis rappelée où j'avais passé les 2dernières semaines. Je me suis agenouillée devant lui et j'ai essayé de trouver son pou, par miracle il était régulier, je commençais un examen rapide de ses blessures alors que lui me regardait faire sans poser la moindre objection.
Il présentait des marques de coups sur tout le corps en particulier son visage, j'étais en train de toucher ses cotes pour voir si il n'en avait pas de cassé lorsque je sentis quelque chose d'humide sous ma main, il commença alors à gémir, c'est comme ça que je découvris qu'il avait reçut un coup de couteau qui semblait ne pas avoir touché d'organes vitaux mais tout de même ! Je commençais réellement à m'inquiéter pour son cas.

Moi (parlant toute seule) : Il faut absolument que j'appelle une ambulance !

Je trouvai mon téléphone dans mon sac et commençais à composer le numéro quand je sentis une main me frôler. Après 2secondes de frayeur je vis que s'était mon patient qui essayé d'attirer mon attention, il était en train de parler tout bas, j'approchai mon oreille pour entendre ce qu'il avait à me dire et en compris quelques brides.

... : N'appelle pas.. Pas ambulance... Vais bien.

Moi : Ah oui vous allez bien ? C'est pas vraiment l'impression qu'on a en vous regardant ! Il vous faut des soins tout de suite !

Je repris mon téléphone mais il m'attrapa plus solidement la main.

...: Donne le moi, pas d'ambulance.

Moi : Écoutez je suis étudiante en médecine et je peux vous assurer que vous avez besoin d'aide !

Il avait l'air sur de lui malgré la situation, je me demandais toujours ce que je devais faire lorsqu'il reprit la parole. Il s'exprimait de manière lente et entre coupé à cause de la douleur mais aussi plus fermement.

... : Si tu es médecin, aide moi, pas besoin d'appeler.

Moi : Je ne suis pas médecin, juste étudiante et..

...: (me coupant la parole) : Non. Je suis recherché, alors pas d'hôpital.

Je m'attendais à tout sauf ça, dans quoi j'étais tombée ? D'un coté j'avais envie de l'aider, vu son état il n'était pas dangereux et je pouvais peut-être le ramener chez moi le temps de le soigner... Mais quelque chose me disais que c'était une très mauvaise idée que je regretterais certainement bientôt.. Durant tout mon monologue intérieur, il n'arrêta pas de me fixer, avec un regard mélangeant douleur et supplication muette. C'est comme ça que je pris ma décision.

Moi : Essayez de vous lever déjà. On avisera ensuite.

Chronique d'AliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant