2. Lit

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Cassia demeurait allongée à même le sol, emmitouflée dans un sac de couchage. Elle avait prêté son lit à Sasha, pour une, deux ou même trois nuits. Pour autant de nuits qu'il voudrait.

La jeune fille observait le plafond de sa chambre, bercée par la profonde respiration du jeune homme qui somnolait dans son lit, les yeux clos, l'âme en vadrouille.

Ce plafond était bien enfantin, bien étrange. Des étoiles phosphorescentes étaient collées un peu partout, comme pour donner l'impression de dormir à la belle étoile.

Cassia soupira longuement, les yeux rivés sur une de ces étoiles de plastique à la lumière si faible, essayant en vain de trouver une position adéquate pour dormir. Mais le parquet faisait malheureusement un bien piètre matelas.

« Tu ne dors pas ? demanda soudainement Sasha, faisant sursauter son amie.

- Si, si...

- Allez, reprends ton lit Cassia, insista le jeune homme d'une voix douce. Tu vas avoir mal au dos.

- Tu ne veux pas sortir plutôt ? », le coupa soudainement Cassia.

Sasha écarta grand les yeux. Sortir ? À cette heure ? Il devait être un peu plus de vingt trois heures et le père de son amie dormait à point fermé. Cassia avait, une fois de plus, imaginé une mauvaise idée :

« S'il te plaît Sasha, insista la jeune fille aux cheveux bruns en s'extirpant se son sac de couchage. On étouffe ici...

- Il est tard et...

- Juste une heure, histoire de boire un verre... ou simplement regarder les étoiles. »

Cassia mourait d'envie de partir : elle ne tenait jamais en place, si bien que le sommeil lui même, au fil des années, avait cessé de se présenter à elle. Cela ne l'handicapait pas plus que ça. Quand l'insomnie se pointait, Cassia faisait un tour en voiture : une vieille coccinelle jaune qu'elle avait acheté et rénové il y a quelques mois de cela. La jeune femme tenait à sa voiture comme à un précieux bijou et cela faisait bien rire Sasha. Mais pas ce soir là :

« Cassie, je doute que ce soit une bonne idée. Essaie de dormir, tenta-t-il de la raisonner.

- Bien, j'y vais sans toi alors, annonça fièrement la jeune femme en s'extirpant de son sac de couchage.

- Mais tu es totalement cinglée ! Ton père dors dans la chambre d'à côté, s'alarma Sasha en se redressant soudainement.

- Et alors ? Je sais être discrète ! »

Cassia alluma sa lampe de chevet et se dirigea vers la porte de sa chambre, un sourire malicieux sur les lèvres, ses yeux brillants d'une folie douce et soudaine fixés sur le regard de glace de son ami.

« Je rêve... Tu vas partir faire un tour en chemise de nuit ! s'exclama Sasha les yeux grands ouverts.

- Exactement. »

Et sans plus de mots, Cassia disparut derrière la porte et s'engagea dans le couloir de son appartement, direction l'entrée.

Sasha jura, longuement. C'était une mauvaise idée. C'était indéniablement une mauvaise idée...

Le jeune homme entendit au loin la porte d'entrée s'ouvrir lentement. Alors il soupira longuement, attrapa son sweat à capuche et son bonnet au pied de son lit et se leva d'un seul coup.

« Cassia... Pourquoi est-ce que je te suis tout le temps dans ta folie ? »

Demain, on s'en foutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant