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Samedi 4 avril
1h00 du matin

Après que cet homme est gardé la bouche grande ouverte pendant environ plus de 30 secondes face à ma poitrine transformée. Il n'a dit qu'une chose avant de partir à grande enjambée " Mon dieu j'peux pas ".

Pendant 5 minutes, je suis restée là, immobile, mes larmes coulaient le long de mon visage, pendant que
j'insultais mon corps.

Je suis allée prendre une douche, l'eau était si chaude que la vitre de la salle de bain était recouverte de buée.
Le contacte de l'eau sur ma peau me brûlait mais me fesait du bien. Il fallait que je me désinfecte du regard de cet homme sur cette foutue cicatrice qui était à la place de mon sein.

Je n'avais jamais craquée durant ces 5 derniers mois avec le traitement contre mon cancer. Bien sur il m'arrivait de me sentir mal à certains moments mais pas à ce point là.
Je voulais me battre contre cette épreuve que la vie avait mis sur mon chemin.

La nuit a été agitée, je me suis réveillée 5 fois et à chaque fois c'était se regard horrifié sur moi qui me réveillé. Ces yeux, ce regard mais surtout cette expression de dégoût mon hanté toute la nuit.

Ce matin, je suis épuisée. Il est 9h30, je ne peux pas rester au lit à cause de mon rendez-vous avec le docteur Lucas à 17h30.

Je passe mon sweat où est inscrit en bleu turquoise "Selfy". Après l'ablation de mon sein, je ne pouvais plus porter de pull qui me colle au corps, j'enfile mon jeans slim noir et mes Superstars.

Vers 11h00, j'appelle ma soeur histoire de me changer les idées mais malheureusement elle se trouve au travail, l'appel aura durée à peine 3 minutes.

Je prends mon ordinateur et m'avachit sur mon canapé. Je vérifie mes e-mails et j'y trouve surtout des publicités rrr. Puis je parcours les forums de discussions sur le ressenti des personnes après une ablation d'un sein.

Je m'arrête sur le discours d'une femme qui disait qu'elle ne pouvait pas accepter son nouveau corps. Elle ne sortait plus, avait enlevé tous les miroirs de son appartement. Sa fille la emmenait voir un psychologue.
Au final ce qui la fait se ressaisir fut son projet d'avoir un tatouage sur la poitrine.

Sur la photo que cette femme avait postée, on pouvait voir le tatouage d'un phénix. Elle expliquait que le phénix renaît de ses cendres et qu'il résume bien son histoire.

L'idée d'avoir un tatouage cachant ma cicatrice me plaît beaucoup donc je me mets à regarder des sites de tatoueur aux alentours de chez moi.

Il est 16h20, je me prépare pour mon rendez-vous, je m'attends encore au pire. Ça fait 5 mois que je côtoie le docteur Lucas. J'ai passé 3 mois à faire de la chimiothérapie puis il a fallu que je me fasse opérer pour perdre une partie de moi.

Ma soeur m'accompagnait le plus souvent pendant mon traitement, elle ne m'a jamais laissé tomber. Quand t'as ma mère cette épreuve lui était insupportable sachant qu'elle avait déjà vécu la même situation avec mon père atteint d'un cancer du poumon. Malheureusement la maladie nous la prit, il y a maintenant 21 ans.

Ma mère n'est venue que 5 fois, elle pleurait sans cesse, elle me suppliait de ne pas partir. L'idée de me perdre l'anéantissait. C'est pour cela que je ne voulais pas craquer, seule ma soeur m'a vu une fois le faire c'était juste après qu'on met enlevé mon sein.

Ma mère m'appelait tous les jours pour compenser, des appels interminables elle parlait de la pluie du beau temps, des voisins, de son travail et j'en passe.

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À l'heure du rendez-vous le docteur Lucas apparaît dans la salle d'attente.

HOPE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant