Color

la Mort et le Renouveau

-Hey, on dirait que tu n'as pas dormi depuis un millénaire.

Au-dessus de moi, un jeune garçon au sourire charmeur me regarde.

-Qui es-tu ?

- Un Prince qui vient te réanimer comme dans les contes.

Je voyais la scène encore et encore les jours courts mais heureux lorsque j'étais encore parmi eux.
Cette famille que j'allais rejoindre dans peu de temps à présent.
Les moqueries au lycée et le jour où les rare amis que j'ai sont partis.
Tout se bousculait dans ma tête, tandis que des flots de sang semblaient nager au-dessus de mes yeux.
Combien de temps s'était-il écoulé depuis que la lame avait tranché mon poignet ? J'avais été idiote, au point d'espérer que l'on puisse me sauver de la solitude et de la tristesse qui me rongeaient, mais à la place d'une main tendue dans mon eau ensanglantée, je n'ai eu qu'un profond et long silence.
Nous ressentons cela lorsque la mort nous happe ?
Un sommeil bourré de questions sans réponses ?
Mon sommeil semblait durer une éternité et soudainement je pus entendre un bruit familier qui se rapprochait au fur et à mesure.
On m'appelait.
Une force incontrôlable voulait me retenir, que mes yeux restent fermés à jamais, pourtant mes yeux s'ouvrirent sur un endroit familier.

Il sourit de nouveau avant de m'expliquer.

- Plus sérieusement, tu t'es évanouie. Je rentrais de cours et j'ai vu la porte de chez toi grande ouverte, .... Tu étais allongée au sol.

- Merci de m'avoir aidé..

- Tu as quelqu'un pour veiller sur toi ? De la famille ou des amis ? Je baissai les yeux tristement, comment lui expliquer ?

" hey ,j'ai coupé mes veines, mais je suis toujours en vie"

Moi-même je ne comprenais pas ... il y avait sûrement un sens à tout ça, pas vrai ?

- Si tu es d'accord, je vais veiller sur toi, je ne souhaite pas que la belle au bois dormant replonge dans un sommeil éternel vois-tu ? Au fait... moi c'est Aaron et toi ?

-Hailey.

Chaque matin, depuis ce jour on allait en cour ensemble.
Aaron était le genre de mec cool, il était devenu assez populaire dans mon lycée.
Moi, j'avais cette impression étrange d'un retour en arrière, les gens de mon lycée me détestaient auparavant et aujourd'hui c'est comme s'ils ne me reconnaissaient pas, leurs sourires semblent forcés comme ceux de vieilles poupées en porcelaine.
Le froid de l'hiver s'installa et on put voir les flocons tomber comme du coton.

-Hey Hailey.
-Hey Aaron. On se regarda en souriant pendant un moment, il hésita et il me dit enfin :

-Je dois aller m'acheter deux trois trucs après les cours, tu veux venir ?

- Oui, ok.

Les routes de Sherbrooke étaient gelées, la neige recouvrait les boutiques et la buée envahissait les vitres, lorsque l'on arriva enfin devant le magasin.

- C-o-l'or ?

- Oui, c'est un de mes magasins favoris.

Dans ce vieux magasins poussiéreux tous les rayons étaient remplis de stylos et d'encres en tous genres, cela ressemblait à un magasin de bonbons arc-en-ciel. Aaron était aux anges, il regardait chaque encre avec beaucoup d'attention.

-Quelle couleur tu voudrais ?

- Le rose pâle me plairait bien.

Il eut un sourire narquois :

-Ok , on va rentrer et je vais te montrer.

Je le regardais avec surprise, que voulait-il me montrer ?

Lorsque l'on arriva, la nuit était tombée et les réverbères offraient heureusement un peu de lumières pour nous montrer le chemin. On déposa nos affaires mouillées par la neige.

- Voilà, je peux enfin te montrer, par contre on risque de ne pas dormir ce soir .Il rigolait et je restais là, à ne pas comprendre. - Je ne comprendrais jamais si tu ne me dis pas tout. - Donne-moi ta main, je vais tremper ces pinceaux dans cette encre.

L'encre rose dessinait un paysage magnifique, le genre d'endroit où beaucoup auraient aimé vivre s'ils avaient pu. On put imaginer facilement une jungle immense, où des créatures se balançaient de Liane en Liane où de gigantesques fleurs poussaient. Les feuilles et les lianes semblaient bouger réellement et, je clignais des yeux, car je ne pensais pas que cela pouvait être réel. J'entendais Aaron rigolait derrière moi, on aurait pu penser que des drogues avaient changé notre vision du monde et ça me rappelait vaguement Alice in Wonderland. Tout autour de nous, on pouvait voir les objets bouger et le décor de mon sombre appartement se changea en une jungle luxuriante et bruyante.