E P I L O G U E

3K 401 111
                                    


Bien sûr qu'il s'en rappelle. Louis revoit encore les deux lagons bleus de Tomas qui encerclaient ses pupilles dilatées par l'alcool, dans lesquels il se serait volontiers plongé tout entier. Il n'était pas totalement stone ce soir là. Il voulait juste le faire. Il voulait juste l'embrasser. Il voulait juste Tomas.


Tomas habite à une dizaine de minutes de chez Louis. Le brun attrape une veste, claque la porte de son appartement et commence à courir. Il manque de trébucher plusieurs fois sur les pavés lyonnais mais ne ralentit pas son allure. Il aperçoit Nathan, le meilleur ami du blond, appuyé sur une valise devant le bâtiment. Il pianote sur son portable.


Lorsqu'il voit Louis, il se redresse étonné. Il n'a pas le temps de lui demander la raison de sa venue qu'une petite tête blonde sort de l'immeuble tirant non sans peine une valise. Il se fige quand il aperçoit Louis. Les joues du lus jeune vire soudainement au cramoisie.


-Louis... Je...


-Ecoute moi. Je suis désolé. Désolé de ne pas avoir pris ta défense il y a deux semaine mais... J'étais perdu... Je t'ai embrassé parce que j'en avais envie et j'ai aimé ça. Juliette a tout gâché. Je ne suis plus avec elle. On a cassé quand vous êtes parti. J'en avais marre de sa possessivité maladive et de ses discours homophobes. Je suis bisexuel. Je le sais maintenant. Putain, tu peux pas savoir comme j'ai eu envie de t'embrasser aussi pendant ces longs mois. Mais c'était le bordel dans ma tête. J'étais trop con, je n'ai pas pu voir ce que je ressens vraiment pour toi.


Avant que le blond ne puisse dire quoi que ce soit, des lèvres s'étaient déjà posées sur les siennes. D'abord surpris, Tomas fini par laisser le libre accès, entrouvrant ses lèvres. Les langues se rencontrèrent et s'enlacèrent en un danse passionnelle. A bout de souffle, les deux hommes, les joues rouges, se séparent. Dans un souffle, le brun se déclare.


-Bordel de merde, moi aussi je t'aime Tomas.


Mais le blond lui rend un sourire triste.


-Louis... Je suis désolé...


Il s'éloigne de quelques pas.


-Je t'aime Louis. Je t'aimerai toujours.


-Tomas ?


Une larme coule le long de la joue du blond. Louis tente de l'essuyer mais sa main ne rencontre pas la peau douce de Tomas.


-Pardonne-moi Louis.


-Tomas ?!


Louis crie à présent. Tout a disparut autour d'eux. Il n'y a plus qu'eux, se faisant face. Le corps de Tomas semble se changer lentement en fumée blanchâtre. Louis panique.


-Tomas ? Je t'aime, reste s'il te plaît...


-Pardonne moi... Je t'aime Louis.


Le brun regarde peu à peu l'être aimé disparaître en fumée.


-Louis... Ne m'oublie pas.


Le cœur battant la chamade, le brun se redresse sur son matelas un peu trop mou. Sa peau est humide, due à la transpiration, et ses joues sont trempée. Un faible rayon lumineux qui traverse ses volets restés fermés depuis trop longtemps l'éblouit pendant quelques secondes. Il se lève, étirant ses membres engourdis. Ses jambes l'emmène dans la salle de bain, traversant un appartement ayant besoin d'un ménage urgent. Son reflet lui renvoie un jeune homme aux cernes profondes, aux yeux rouges, aux très creusés et aux cheveux bruns bien trop long, coupé la dernière fois il y a quelques mois. Quand il était là.


Sa vue se trouble. Non, il ne l'a jamais oublié. Ses main tremblante ouvre le placard au dessus de l'évier. Il attrape un petit tube orange et l'ouvre, le vidant dans sa main. Il l'aime toujours.


C'est un menteur. Un putain de menteur. Il ne partait pas en vacances avec Nathan. Quand Louis est arrivé en courant chez lui, il n'a fait que trouver son corps, endormi pour toujours. Il avait l'air d'un ange, ses cheveux blonds entourant son visage d'un halo de lumière, contrastant avec le sang coulant de ses poignets et imprégnant le drap blanc.


Cela fait trois mois qu'il est parti, qu'il l'a laissé seul. Il a tant rêvé de le retrouver, de l'embrasser, de le serrer dans ses bras. Mais Louis n'en peut plus. Il va le rejoindre.


Parce qu'il ne l'oublie pas. Et qu'il l'aime.


Il avale la poignée de petite pilules bleue et s'allonge dans sa baignoire, attendant les effets. Il relit alors la lettre de Tomas, encore et encore. Sa vue commence à se flouter et à s'assombrir, mais il continue de lire, luttant pour déchiffrer l'écriture fine de Tomas. Il sourit malgré lui quand il sent sa tête tomber en arrière. Il chuchote, dans son dernier souffle :


-Cher Tomas, je ne t'oublierai jamais...




Le lendemain, quand Nathan, tout aussi dévasté, vient rendre visite au brun, il le retrouve, livide, dans la baignoire, le visage serein, une boite d'anti-dépresseurs vide à côté de lui, des lettres serrées contre son cœur.

DEAROù les histoires vivent. Découvrez maintenant