CHAPITRE 1

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CHAPITRE 1

Assis sur le bord du premier bureau de la salle de cours, le professeur de psychologie vampirique, nous contait une de ses histoires qui tient en haleine les étudiants les plus curieux, à l'intérêt corrompu par le désir malsain d'entendre les prouesses barbares de ces êtres sans âme, les vampires !

Bien qu'ils aient vécu de manière presque civilisée parmi nous pendant plusieurs années, non sans qu'il y ait du sang versé par leurs morsures volontairement cruelles, leur instinct sauvage avait repris le dessus. Alors, plusieurs d'entre nous avaient péri sous leurs crocs aiguisés. Les humains leur avaient fait confiance, nos chefs d'État fraternisaient avec le roi des vampires. Comment avaient-ils pu imaginer une seule seconde que des démons puissent s'intégrer à notre civilisation remplie de lois, de devoirs et de directives ?

Étrangement, pendant plusieurs années, la cohabitation fut plutôt une réussite. Mais arriva ce qui devait arriver : des quartiers entiers se retrouvèrent envahis de vampires, instillant un sentiment de peur dans tous les foyers ! La peur d'en croiser un, la peur de voir un membre de sa famille devenir comme eux, la peur que les femmes s'amourachent de ces êtres à la beauté et au pouvoir séducteur redoutables. Lorsque mes grands-parents m'en parlaient, je lisais sur leurs visages leur frayeur d'évoquer ce dur moment de leur vie. Personne ne savait comment les dirigeants avaient eu l'idée de construire des cités souterraines pour les vampires. Ni comment ils avaient pu convaincre ces derniers de subsister entre eux sous nos pieds, dans les sous-sols de nos villes. Très peu d'humains s'aventuraient dans ces excavations creusées pour les ténèbres, et l'on en croisait rarement dans les rues. Mais depuis quelques mois, les médias avaient rapporté plusieurs cas de morsures. Au vu du nombre d'étudiants qui assistaient au cours de M. Leederman, il était évident que les humains restaient très curieux lorsqu'il s'agissait des suceurs de sang. Certains venaient même en auditeurs libres.

– Ouvrez bien vos yeux, avertit le professeur, ils rôdent encore parmi nous, ils sortent librement et se fondent parfaitement dans la population. Peut-être y en a-t-il ici en ce moment, affirma-t-il d'une voix grave en nous observant par-dessus ses lunettes qui lui tombaient sur le bout du nez.

Un silence pesant s'installa sur l'auditoire, les étudiants se jetèrent des regards inquiets et amusés à la fois. La sonnerie résonna, provoquant un élan de sursauts et de cris général, au terme duquel la salle entière finit par se mettre à rire. La peur peut se montrer parfois grisante.

– Et n'oubliez pas ! lança le professeur d'une voix forte, si un jour vous en croisez un, courez !

Il n'avait jamais d'autre recommandation à nous adresser. Les vampires possédaient un instinct de prédateur, motivé par une seule obsession : tuer pour se nourrir du sang des humains.

L'automne était déjà bien installé, le vent faisait tournoyer les feuilles au sol, un paysage montagneux nous entourait avec des couleurs orange, jaunes, vertes et même rouges. Cette atmosphère m'apaisait, me rappelant combien cette saison opérait une douce transition avec le décor nu et la dureté glaciale de l'hiver.

Mes amies et moi avions l'habitude de prendre notre déjeuner sur un banc. Ainsi, on se retrouvait pour discuter de tout et de rien, tout en dégustant nos sandwichs achetés dans une boulangerie industrielle en face du bâtiment de sciences humaines. Depuis le début de l'année, je traînais avec mes trois voisines de palier de la résidence universitaire dans laquelle j'avais emménagé. Nous ne passions pas inaperçues : elles étaient extravagantes, bien décidées à s'amuser et profiter de l'indépendance insouciante qu'offrait la vie étudiante. Karen venait de l'île de Beauté. Son teint hâlé gorgé de soleil et son regard bleu comme la mer auprès de laquelle elle avait grandi la rendaient irrésistible aux yeux des hommes. Émilie était celle que je préférais. Son tempérament de feu contrastait avec mon caractère plutôt raisonnable et réservé. Nina était la plus intelligente d'entre nous. Puisqu'elle avait obtenu une mention bien au baccalauréat, son année universitaire constituait l'échappatoire qu'elle attendait depuis des années. Dans ce petit groupe, j'essayais de trouver ma place. Mes yeux bleus accentuaient l'harmonie que dégageait la forme de mon visage, mais mon atout résidait dans mes longs cheveux bruns, épais et brillants.

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⏰ Dernière mise à jour : May 29, 2023 ⏰

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