44éme étage.

Chapitre 4.

11H30.

-Alors Mija, comment vont les études ? Me dit mon père.

-Tu as un petit copain ? Renchérit ma mère qui se refaisait les ongles.

-Sinuhe, il y a des choses plus importantes dans la vie de ta fille que les garçons. Surtout à son âge.

-Tout va bien papa. Le trimestre a commencé sur des examens qui sont loins d'être facile mais ça va, je gère. Le rassurai-je en lui offrant mon plus grand sourire.

Chaque deux semaines, je devais prendre ma voiture et me diriger vers chez moi. Mes parents ne savaient rien de moi, de ma vrai vie. Ils me voyaient encore comme leur petite fille, exemplaire, chaleureuse, gentille, ambitieuse, qui finira par suivre la trajectoire de son père. Je les laissa tout les deux, et rentra dans la maison, j'ouvris la grande porte principale et entendit des sifflements qui provenaient de la cuisine, Frida.
Frida était la gouvernante de la maison, elle était plus présente dans ma vie que ma mère, elle devait avoir 10 ans de moins que cette dernière.

-Hola Frida ! Dis-je en m'adossant contre le mur de la cuisine.

Elle sursauta, ne s'attendant pour rien au monde à ma visite, elle laissa tomber ses coûteaux et ouvra les bras en venant vers moi :

-Mila, ma petite ! Que c'est bon de te revoir.

En plus de ses bons plats et du taux d'amour que pouvait donner Frida, ce que j'adorais le plus à propos d'elle était son accent.

Ça faisait quelque minutes que je conversais avec Frida à propos de la maison, de mes parents mais surtout de sa vie personnelle. Cette femme n'a jamais eu la vie facile, battu par son mari qui est à présent décédé, elle est maintenant mère de deux enfants qui ont grandi avec moi, prit en charge par mon père. Je sentis une petite main se poser sur le bas de ma robe et tirer le tissu. Sofia.

De toute ma vie, Sofia était la meilleure chose qui me soit arriver. Sans prévenir, cet ange avait fait de ma routine un vrai bonheur. Elle a 4 ans et je m'en veux de ne pas venir souvent pour la voir parce-qu'à chaque fois que je reviens, je m'aperçois que ce bout de chou grandit trop vite.

18H30.

La route est éclairée par mes phares, la pluie commence à tomber, comme si ça ne pouvait arriver que maintenant. Aprés une violente dispute avec mon paternel, j'ai brusquement pris les clés de ma voiture et j'ai pris la route pour l'université. Je n'ai jamais manqué de rien, le travail de mes parents a toujours fait de moi une enfant gâtée. Mais n'aller pas croire que c'est parce-que j'ai de l'argent que c'est bon je vis un vrai bonheur. Loin de là. Mon père était toujours en déplacement, jugeant ses affaires plus importantes que sa famille. Il a en quelque sortes commencer à avoir le sens des priorités après la naissance de Sofia et c'est en parti quelque chose de bien pour elle.
Alors que je mettais en marche la radio pour écouter un peu de musique, je pris mon téléphone pour checker mes messages.

" Es-tu vraiment vivante Camz ? "

Scientifiquement parlant, la vie se résumait à un mouvement routinier de respiration et aux battements d'un coeur qui de jour en jour fatiguait. L'humain est vivant grâce à ses sentiments et je ne sais pas ce que c'est. J'ai beau profité de ma vie à fond, de coucher avec tout le monde, de partir en soirée, de profiter de mes amies, le sourire affiché sur mon visage ne décrit nullement un sentiment de joie ou de confort au moment présent.

20H00.

Je ne me sentais pas bien, et depuis que je suis une enfant, à chaque fois que ma mère venait m'annoncer que mon père ne sera pas là pour ce Noël ou pour mon anniversaire, je sortais, je fuyais et c'était à cause de ce rituel que je me retrouvais en plein soir, sous la pluie, à marcher sans savoir où je suis. Les faibles lampadaires éclairaient les rues de la ville, des voitures passaient de temps à autres, les vitrines des restaurants laissaient apparaître des couples heureux, insouciants de ce qui les attend. Perdus dans mes pensées, j'entends un bruit qui m'interpelle, plus précisemment des sifflements, je me retourne pour voir qui ça pourrait être mais je ne vois personne.