1 : Que les vacances commencent

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21 décembre

Les deux mains sur le volant de sa voiture de sport, David Cohen fixait ses yeux bruns sur la route de montagne sinueuse. Le banquier, âgé de trente-quatre ans, conduisait depuis des heures et avait hâte d'arriver à destination, malgré une certaine appréhension. Deux familles se connaissant à peine, réunies sous le même toit : était-ce vraiment une bonne idée ?

Un nid de poule lui fit faire une légère embardée. Avec aisance, il redressa la trajectoire et continua sa lente progression. Il avait placé des chaines sur les larges pneus pour assurer l'ascension jusqu'au chalet familial, qui surplombait les Alpes à une altitude de 2500 m.

Louise, sa mère, avait proposé d'accueillir tout le monde à la montagne pour les vacances. C'était l'occasion d'être présentés les uns aux autres dans un cadre informel et intime. Plus il approchait, plus il avait un mauvais pressentiment quant à leur séjour. Emma lui dirait qu'il fallait qu'il cesse d'imaginer toujours le pire, que les vacances allaient très bien se passer et qu'il suffisait d'y croire. Mais il ne pouvait s'empêcher de se sentir nerveux quand il pensait à ce qu'il avait prévu.

Un rapide coup d'œil lui apprit que sa jolie passagère, elle, ne boudait pas son plaisir devant le magnifique paysage de neige immaculée. Il sourit devant le regard enthousiaste de sa compagne. David connaissait Emma depuis un an déjà et il ne se lassait pas de sa capacité à observer le monde avec un regard enfantin. Elle savait s'émerveiller des petites choses de la vie qui rendaient le quotidien magique. Il savait également que la période de Noël était sa préférée de l'année. Ses origines strasbourgeoises n'y étaient pas étrangères, assurément. Ces vacances en famille, dans un décor hivernal typique, la rendait encore plus rayonnante qu'à l'accoutumée.

Pour sa part, il préférait le calme de leur appartement parisien et de devoir partager leur intimité avec une dizaine de personnes lui donnait des sueurs froides. Mais sa mère avait insisté pour rencontrer les parents d'Emma. Et quoi de mieux que Noël pour réunir deux familles dans une ambiance amicale et chaleureuse ? Il avait accepté pour faire plaisir à sa mère ainsi qu'à sa compagne.

Le visage rayonnant d'Emma le conforta dans l'idée qu'il avait eu raison de céder. Elle était la meilleure chose qui lui soit arrivée et la savoir heureuse suffisait à son bonheur. Ils étaient inséparables et leur quotidien n'était que rire, bonheur et complicité.

Il jeta un coup d'œil dans le rétroviseur et y vit le regard tout aussi émerveillé que posait Zoé sur le paysage enneigé. La rousse, âgée de vingt-neuf ans, les accompagnait durant la semaine. Emma n'avait pu supporter de laisser sa meilleure amie passer un Noël seule, c'est pourquoi elle avait demandé à Louise l'autorisation de convier sa collègue.

Sa mère avait accepté avec enthousiasme de recevoir une personne de plus dans la demeure familiale. Sans parler de Samuel, son petit frère, qui se réjouissait un peu trop de partager ses vacances avec la sculpturale rouquine. Seulement pour cette fois, l'éternel séducteur allait devoir garder ses distances. Zoé sortait d'une relation compliquée qui l'avait laissée vulnérable et Emma était très protectrice envers son amie. Il avait donné pour consigne à son frère de rester à bonne distance de Zoé.

David appréhendait de devoir supporter tout ce petit monde pendant six longs jours. Emma et lui auraient été tellement mieux chez eux, en tête à tête, à boire des chocolats chauds à la cannelle et faire l'amour toute la journée.

En reconnaissant le virage, il accéléra légèrement l'allure. La route lui avait paru interminable. Il avait perdu l'habitude de rouler en montagne. La voiture arrivait enfin aux abords du chalet et la forêt de sapins s'écarta pour laisser place à un lac gelé derrière lequel se tenait majestueusement le chalet Cohen.

– C'est ce que tu appelles un chalet familial, s'exclama Emma, interdite.

La demeure, isolée au milieu de la forêt, avait été sa maison d'enfance durant les vacances d'hiver. Il l'avait toujours appelée le « chalet ». Pour la première fois, il vit le site avec des yeux extérieurs et reconnut que le terme de « chalet » était bien modeste pour décrire la vaste maison en bois et pierres apparentes de plus de trois cents mètres carrés qui s'élevait sur deux étages.

La voiture de sport avança doucement dans l'allée et s'arrêta à côté d'un 4X4 flambant neuf qu'ils reconnurent comme étant celui des parents d'Emma.

Les trois vacanciers sortirent de la voiture et grimpèrent l'escalier en bois situé à l'avant de la maison, qui menait au premier étage du chalet.

Le rez-de-chaussée était uniquement accessible par deux portes situées à l'arrière du chalet. Il servait de garage pour moitié. La superficie étant tellement vaste, l'autre moitié tenait lieu de hall pour accueillir les skieurs et où l'on pouvait stocker quantité de matériel de ski. Quelques années auparavant, la mère de David avait décidé de prendre un peu sur cet espace et de créer un SPA avec tout le confort possible : vestiaire, cabine de sauna et jacuzzi.

David, Emma et Zoé montèrent précautionneusement l'escalier, se tenant fermement à la rambarde pour éviter des glissages sur la neige et les plaques de verglas. En ce début d'après-midi, le soleil était à son zénith mais des congères persistaient.

La porte en bois massif s'ouvrit sur une Louise Cohen souriante qui accueillit ses hôtes avec chaleur.

– David, Emma ! Embrassez-moi les enfants ! La route s'est bien passée ? Pas trop longue ?

Elle serra sur son cœur son fils et sa belle-fille, heureuse de les revoir. Âgée d'une soixantaine d'années, Louise était une belle femme brune, à l'allure soignée. Très distinguée, elle avait des gestes mesurés et une attitude ouverte et chaleureuse.

– Vous devez être Zoé ? Ravie de vous rencontrer. Appelez-moi Louise. Allez, entrez au chaud tous les trois. Emma, vos parents et votre sœur sont déjà arrivés. Allons les rejoindre au salon.

Ils suivirent leur élégante hôtesse jusqu'à un vaste séjour ouvert sur une cuisine au charme traditionnel, et dont les équipements high-techs s'accordaient parfaitement avec le style rétro du mobilier. Ils saluèrent avec chaleur Flora et Jean-Paul Miller, les parents d'Emma, qui sirotaient un vin chaud dans un confortable canapé brun en peau retournée. Dans un fauteuil en face de la cheminée, Sidonie, la petite sœur, semblait minuscule, comme absorbée par les larges et moelleux coussins en tissu crème. Elle se leva d'un bond et se précipita dans les bras de sa sœur aînée.

– Prenez vos aises et faîtes comme chez vous, lança Louise à la cantonade, tandis que chacun se faisait l'accolade. Les vacances peuvent commencer. 

Note de l'auteur

Bonjour à tous et à toutes !

Heureuse de vous retrouver et d'être de retour !

J'espère que vous avez autant de plaisir que moi à retrouver les personnages d'Une parenthèse en hiver !

Une semaine pleine de rebondissements les attend ! Rendez-vous au prochain chapitre !

Je ne garantie pas que j'arriverai à publier un chapitre par semaine mais je ferai de mon mieux.

A bientôt

Noël, quand la famille s'en mêle ... Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant