Chapitre 13

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Depuis trois jours, je dors à peine. Les déclarations du Prince Galyx et sa volonté de se battre ne cesse de tourner en boucle dans mon esprit tourmenté.

Je comprend chacune de ses motivations et je crois même que j'envie sa combativité et son courage. Si notre peuple était aussi soudé, s'il tenait à la vie de son prochain comme les Extras chérissent chacun d'entre eux, nous aurions déjà soulevé la royauté.


Mais à l'inverse des Extras, nous ne détenons aucune carte qui nous assurerait une survie certaine.

Dans le Gouffre, malgré l'injustice que nous subissons en toute connaissance, nous sommes convaincu de survivre grâce à la Tsaritsa et aux familles fondatrices.


Si demain on nous retirait notre centre de filtrage, nous serions incapable de vivre plus de quelques jours. Sans eau pure nous ne pouvons imaginer survivre. Sans les quelques graines envoyées depuis Prospère lors de nos récoltes les plus maigres, nous ne pourrions nourrir nos familles.


Il nous est impossible d'atteindre les enceintes supérieurs. La grande locomotive ne s'active pas dans le Gouffre, il ne se contrôle que depuis la cité. Nous sommes voués à vivre sous la coupe de la Tsaritsa.


Durant ces trois nuits sans sommeil, la boule au ventre, je n'ai trouvé aucune solution. Comment pourrais-je prévenir le Gouffre en cas d'attaque ? Je suis coincée ici, incapable de sortir, ni même de faire passer un message. Personne ne saurait me lire si tant est que je savais écrire, ni même me répondre.


Les hommes vont se battre contre un peuple prêt depuis des siècles à leur sauver la vie, à guérir leur planète.


Si seulement nous pouvions nous allier...


Je ne peux m'empêcher d'imaginer nos vies sans la Royauté, entouré d'Extras. Si seulement mon peuple avait pu lire en eux comme j'ai pu m'imprégner du Prince Galyx. Ils sauraient que toutes les histoires que l'on raconte à leur propos ne sont que mensonges. Ils sauraient que tout ce qui se dégagent de ces êtres n'est que bonté, amour, pureté et paix.


Nous pourrions quitter l'Institution, recréer une terre aux mille couleurs, se baigner dans des lacs pures sous un soleil brûlant. Faire pousser toutes sortes d'arbres fruitiers, de légumes et de baies. Nous pourrions ainsi nourrir nos bêtes, sans avoir à les tuer prématurément et profiter d'une viande maigre et peu goutteuse. Nous aurions des champs dorés, d'abondantes forêts, des rues propres et saines et j'apprendrai à chaque enfant l'histoire de notre monde, l'écriture, la lecture.


Depuis que je me suis laissée submerger par mes larmes il y a trois jours, elles ne me quittent plus et c'est alors que de nouveau mes joues s'en retrouvent baignées.


Ce monde me semble tellement accessible et pourtant aucune solution ne daigne se matérialiser dans mon esprit.


Il faut que je communique avec le Prince Galyx. Je dois savoir ce qu'il prépare. Comment ? Quand ?


Je me dois d'agir, de prévenir mon peuple, quel qu'en soit le sacrifice.


Bouche cousueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant