Ma nouvelle vie commence maintenant

Chapitre 1

Une soirée de plus, au rebord de la fenêtre de ma chambre. C'était presque tous les soirs la même histoire, après le repas je montais sans dire un mot et m'enfermait dans ma chambre. C'était une grande pièce sous les toits. Près de la porte il y avait une vieille et grande armoire en bois dans laquelle j'entreposais ce que j'avais de vêtements, en face de cette armoire il y avait mon bureau et ma fenêtre à droite. Mon lit était tout au fond sur la gauche. Les murs étaient blancs, pour que chaque enfants s'y sentent bien. Aucune décoration particulière n'était autorisée, pas même quelques photos dans un cadre.  C'est tout juste si j'avais le droit de ranger mes habits dans le placard. J'en avais pourtant fait des familles d'accueil, mais celle-ci était clairement la première dans mon top cinq des moins supportables. Aux premiers abords on pourrait pourtant penser que c'est une famille modèle, le genre de cliché de la mère femme au foyer, du père médecin ou avocat et des deux parfaits enfants, accompagnés du coupé cabriolet et du chien. En apparence ils rentraient parfaitement dans les cases c'est vrai. Les premiers jours étaient plutôt bien pourtant, tous aimables, serviables, attentionnés et gentils. Mais dès que la routine s'est installée, plus un bonjour ou quoi que ce soit. Je devais faire mon repas, ma lessive, mes papiers. J'étais livrée à moi même chez des inconnus. Cependant j'étais libre de mes gestes, peut être même un peu trop, il pouvait m'arriver n'importe quoi personne ne se serait rendu compte de mon absence. J'étais une source de revenus pour eux, purement et simplement. J'étais invisible au sein de cette famille, enfin si c'était que pour eux. Il faut dire aussi que j'en veut au monde entier presque depuis ma naissance, disons que la vie n'a pas toujours été clémente avec moi. J'ai vécu les 5 premières années de ma vie avec mon père. Nous n'étions que tous les deux. Je n'avais jamais rien su au sujet de ma mère, il n'a jamais  voulu me dire quoi que ce soit sur cette femme. Le mystère de sa personne est toujours resté.

Nous vivions heureux, tous les matins il partait au travail mais d'abord prenait bien soin de me déposer devant la grille de mon école, me répétant de faire attention à moi, et qu'il serait là à la sortie pour me récupérer. Je me souviens de son costume noir, sa cravate grise avec des rayures, je me souviens lui répéter que sa tenue était bizarre et qu'il ressemblait aux hommes de la télé. Les hommes de la télé c'était le nom que j'avais donné aux présentateurs tv ou aussi aux hommes politiques. Mon père lui n'était rien de tout ça, il était l'employé modeste d'une entreprise de boiseries. Je n'ai jamais vraiment compris quelle fonction il exerçait. Chaque soir il avait un peu de retard, car son patron lui demandait toute sortes de choses à faire au dernier moment. Mon père était un peu mon modèle, enfin complétement plutôt. Je l'admirais et je ne voyais que par lui. Quand à l'école mes amies me parlaient du gâteau qu'elles avaient fait avec leurs mères la veille au soir, je me sentais un peu mise à l'écart du fait de ne pouvoir partager ce genre de plaisir avec ma propre mère, mais au fil du temps j'ai dû me faire à l'idée qu'elle n'était pas là. Les autres enfants ne comprennaient pas où était ma maman. Moi non plus à vrai dire, je me suis éternellement poser la question. Et ce soir encore, je me le demande : maman où es-tu? pourquoi nous as-tu laisser? Que fais-tu maintenant? Penses-tu encore à moi? à papa? à nous? Sais-tu où j'en suis maintenant?

Je me pose un tas d'interrogation continuellement, je me demande si elle à été obligé de partir ou si c'était son choix, je me demande si maintenant elle à refait sa vie, si elle regrette où même si elle sait que je suis encore en vie. Je préfères me dire, qu'elle à été obligé, et même si je ne trouves pas d'explication plausible à cet abandon, je me dis que c'est moins dur plutôt que de penser que c'était un choix voulu, elle n'avait aucun droit de laisser papa. Je me souviens la lueur qu'il avait dans les yeux quand il acceptait de me raconter quelques fragments de la vie qu'ils ont partagés il y a de là de nombreuses années. Elle n'aurait pas pu l'abandonner, je n'y crois pas simplement pas.