WOUND AND PLASTERS (baekyeol)

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admirez et bavez svp

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pdv: chanyeol

J'en pouvais plus. La pression, la fatigue, la solitude, la tristesse; tout ça, c'était trop pour moi et ma pauvre existence.

Alors j'ai enfilé ma veste et je suis sorti de chez moi, pour la première fois depuis deux mois maintenant. La porte s'était claquée contre son embrasure boisée, arrachant à la nuit son terrible mutisme. Mes pieds cognaient le sol, ricochaient sur le bitume froid - aussi froid que l'étincelle qui pétillait dans le creux de mon poitrail. Mes cheveux ternes qui swinguaient au rythme de ma trotte embrassaient parfois le spectacle qui se déroulait au revers de mes cils, et il suffisait d'un simple coup de tête pour les en écarter. Les ruelles étaient bien silencieuses ce soir, il n'y avait pas un chat. La solitude semblait m'entourer, combler le vide qui s'était installé en moi, me posséder.

En fait, j'avais mal vécu la rupture avec mon ex, et depuis, je restais cloîtré entre les quatre murs de la chambre que l'on partageait, autrefois. J'avais aussi coupé les ponts avec tout le monde, que ce soit avec mes collègues, mes amis ou bien ma famille. J'avais demandé à un médecin de faire passer ma souffrance pour maladie, réclamant ainsi des congés, et comme s'il on avait écouté mes prières, mon supérieur avait fini par me les accorder sans rechignements.

Mais au bout de deux mois de repli sur moi-même, j'en avais largement assez. Je ne supportais plus de vivre de la sorte, constamment plongé dans les remords et la douleur. Je souhaitais recouvrir la plaie béante qui décorait le côté gauche de ma poitrine, qu'elle s'estompe grâce à je ne sais quelle sorcellerie. Je voulais me regarder dans la glace le matin et admirer le feu calciner le fond de mes prunelles, je voulais montrer au monde entier à quel point mes dents étaient blanches, je voulais pouvoir partager mon rire sans qu'il ne sonne faux.

Et même si habituellement, je détestais les soirées - l'alcool, la cigarette, le sexe, les gens - , ce soir, j'avais choisi d'aller en boîte. Cet endroit que je n'aurais jamais pensé fréquenter un jour. Cet endroit où se retrouvent des fumeurs, des alcooliques, des fervents du sexe.

Je m'étais dit que pour cette nuit, j'avais carte blanche. Je briserais les limites que je m'étais imposé.

Ma courte promenade toucha à sa fin dès l'instant où la façade aux néons fluorescents heurta mes prunelles foncées. Seule la queue pour accéder à l'intérieur encombrait le trottoir sur lequel mes pieds ne cessaient de trébucher. Je me joignis alors à la cohue et m'adossai contre le béton glacé qui faisait trembler mon dos au rythme des basses, contrastant avec le refrain aigu et répétitif de mon coeur.

Finalement, le videur m'avait laissé entrer, malgré l'air enfantin que pouvaient me donner mes cheveux courts. Je me glissais déjà dans les corridors rosés, bravant l'interdit. Je laissais mes pupilles se soumettre à la vision de ces corps rongés par le désir, m'abandonnant lâchement à cette ambiance sensuelle lorsque des danseuses un peu trop entreprenantes frôlaient mon être fragile. Mon fessier dû effleurer bon nombre de silhouettes afin de pouvoir se reposer sur le fer d'un tabouret. J'annonçai ma commande à une serveuse, attendant patiemment de pouvoir goûter à une amertume différente de celle qui animait mon âme. J'allais y aller doucement, c'était certain; il restait encore toute la soirée à écouler avant de finir la tête au-dessus de la cuvette.

Je buvais dans le verre calmement, observant bêtement l'activité autour de moi. Les projecteurs colorés allaient et venaient, faisant tressauter les images qui peinaient à s'enchaîner dans mon esprit. Je tournai la tête, découvrant une fille visiblement mal en point, parlant à son verre vide. J'en déduis alors l'expression "avoir l'alcool triste". Je soupirai et demandai cette fois quelque chose plus puissant. Je ne m'y connaissais pas vraiment en alcool, alors je laissai libre choix au barman de me servir ce qu'il souhaitait.