Elle pensait qu'un jour, tout ceci s'arrêterait. Qu'un jour enfin, on la laisserai en paix pour vivre tranquillement sa vie. Elle n'avait rien demander, jamais, à personne. Mais c'est tombé sur elle. Peut-être parce qu'elle était moins sociable que les autres? Non, elle parlait avec ces camarades de classes. Peut-être était-ce parce qu'elle aimait le silence et la solitude? Ou alors parce qu'elle préférait se taire plutôt que de crier haut et fort ces pensées? Elle en était capable mais elle n'en voyait pas l'utilité. Pour elle, ces expressions futiles n'étaient que des paroles en l'air afin d'attirer le peu d'attention sur soi. Elle n'était pas comme ça.
Ces parents pensaient qu'elle était si pétillante de vie et si joyeuse, que rien n'aurait pu la changer. Il a juste suffit qu'elle se taise et c'était fini. C'était si simple. Quelques mots si insignifiants, et elle avait les yeux qui brillaient. Si simple, si facile et si amusant.
Elle pensait qu'un jour, elle trouverait de vrais amis ainsi que peut-être l'amour. Elle pensait même l'avoir trouvé. Ces regards insistants et persistants la perturbait énormément. Mais elle ne pouvait lui parler, elle aurait été jugée. Tout ces mauvais regards, qui vous jugent sans chercher à savoir si ça vous atteint ou non, ou quel est votre vie, votre passé.
Sans cesse rabaissée et insultée, elle allait au lycée avec la boule au ventre, celui-ci se nouait dans tout les sens. Elle en avait plus qu'assez de ces réflexions. Un jour, elle décida d'enfin stopper ce calvaire. Alors qu'une énième remarque fusait, elle éleva la voix et riposta. Surpris, ces camarades, au lieu d'arrêter, éclatèrent de rire. Elle se sentie si seule et mal. Un profond sentiment de tristesse s'empara d'elle. Mais ce qui la toucha le plus fut son indifférence à lui. Elle, qui pensait compter pour lui, elle s'était lourdement trompée. Son abandon finit de faire céder cette barrière qui retenait les larmes de la jeune fille.
Elle baisse la tête renifle un bon coup et garde la tête haute. Elle finit sa journée de cours comme s'il ne s'était rien passé, en oubliant les remarques qui avaient redoublées d'intensité. Quand elle arriva enfin dans sa chambre, elle laissa éclater sa tristesse, sa solitude et ce sentiment d'abandon total de sa part.
Quant à lui, il savait. Il aurait dû intervenir. Mais il n'a pas pu. La voir pleurer lui fit un pincement au cœur. Mais il ne savait pas ce que tout ceci signifiait. Il n'était pas sûr de ses sentiments, ils ne les comprend pas. Mais il est sûr d'une chose, c'est que cette fille est importante pour lui.
Les jours passent, les semaines aussi et les insultes, les remarques désobligeantes ont été multipliées par deux, voire trois. Sa force mentale s'epuisait jour après jour. Elle encaisse tout, sans jamais rien dire à personne puisque de toute façon, elle n'avait personne. Cela continua longtemps jusqu'au jour où elle en a eu marre. Elle céda. Elle lâcha prise. Elle n'en pouvait plus et ne voyait qu'une solution à son calvaire. Certes, cette solution était égoïste et difficile à faire mais elle se sentait si désespérée qu'elle était prête à le faire.
Alors un beau jour de printemps, oú le soleil rayonnant dans le ciel illuminait la naissance de nouvelles vies, il accueilla l'extinction d'une autre. En ce jour chaleureux, ses parents ont retrouvés leur bébé, leur fille si pétillante, étendue sur son lit, une boite de médicament qui tronée fièrement sur sa table de chevet. Deux lettres étaient posées sur son bureau. L'une était pour ses parents, l'autre pour ce garçon auquel elle tenait énormément et plus qu'elle n'aurait dû. Étendue sur son lit, on aurait pu croire qu'elle dormait tant son visage était serein, paisible.
Immédiatement, les parents de la jeune fille l'amenèrent à l'hôpital, pensant qu'il était encore temps pour eux de sauver leur enfant. Après un lavage d'estomac, les médecins la plongèrent dans un coma artificiel afin qu'elle se repose. Les parents espèrent tellement qu'elle se réveillera sous peu. Ils se consacrèrent alors à cette fameuse lettre. Ils ont lu celle qui leur été destinée et ils ont appelés le proviseur, totalement furieux de l'incompétence de ce lycée. Ils ont demandés à voir ce fameux garçon pour qui la deuxième lettre est destiné. Celui-ci se dirigea alors vers l'hôpital en courant.
Alors qu'il se trouvait en cours, il fut convoqué chez le proviseur. Il lui fit part de la demande express des parents de la jeune fille. À l'entente de son nom, son sang ne fit qu'un tour et il se rua hors du bâtiment. Ils sentait que ses muscles allaient lâcher mais il continua quand même et accélèra même la cadence. Son coeur battait beaucoup trop fort à son goût et se demandait qu'est ce qu'elle faisait à l'hôpital. Un accident? Une agression? Si c'était ça, il allait tuer ce connard lui-même. Mais quand il arriva sur place et qu'il vit ces parents, il comprit qu'il s'était passé quelque chose d'anormal, c'était pire qu'une agression.
Il entra dans la chambre puis il la vit, allongée dans ce lit d'hôpital, beaucoup trop grand pour son petit corps. Le bip d'une machine retentissait comme un rappel de son état critique. Il s'avança prudemment, de peur de la réveiller sans doute. Son teint était plus blanc que d'habitude mais une certaine sérénité pouvait se lire sur son visage. Pourquoi avait-elle fait ça? Il se maudit intérieurement de ne pas avoir su la protéger. Sur la table de chevet, il vit une lettre avec son nom. Il l'ouvrit et comprit alors pourquoi. Il comprit aussi à quel point elle tenait à lui. Il comprit que c'était trop tard.
Des larmes roulaient à présent sur ses joues et il s'agenouilla à côté du corps de la fille qu'il aime. Dans cette chambre, on entendait alors que le bip régulier de la machine et les sanglots du jeune homme, avec un coeur brisé. Il priait pour qu'elle reste parmi, il se promettrait alors de ne plus jamais l'abandonner comme il l'a fait. Il se sent si minable et lâche de ne pas être intervenu.
Ses sanglots doublèrent d'intensité quand il n'entendit plus rien. Un silence pesant régnait dans la pièce. Il se releva et secoua son amante, pour que son coeur reprenne vie. Mais le bip assourdissant s'était à jamais éteint. Il s'agrippa à ces épaules, comme un naufragé à une bouée de sauvetage. Mais c'est ce qu'il était. Il avait fait naufrage et sa bouée ne viendrait pas. Il pleura alors dans ces bras, ces bras si réconfortants qu'ils auraient serrer bien avant. Il n'entendra plus son magnifique rire, ne verra plus jamais ces yeux si fabuleux. Il regrettait de ne pas avoir agi. Alors, tout ce qu'il pu faire fut pleurer.
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Les histoires d'une vie
Short StoryJuste des petites histoires, des nouvelles, retraçant la vie de personnes imaginaires mais à qui tout ceci aurait pu arriver ou à qui c'est arrivé. Je ne juge personne, je me contente de relater des faits.