L'Etrange Voyage De L'Oubli

Si mes proches détiennent la vérité, alors je fus un talentueux scientifique. Mais comment un homme de science aurait-il pu raconter de telles choses ? Je n'en ai plus la moindre idée, la vérité n'est qu'une illusion qui nous tient à carreau pendant que d'autres forces agissent loin de l'œil, invisible dans l'écho du silence.

Mon état m'empêchait d'avoir des contacts raisonnablement admissibles par la société. Mes confrères, homme de science, m'ont diagnostiqué un cas rare de folie, pour eux elle était dû à un manque de foi en notre Dieu père de tout homme. Mais après ce que j'avais vu, je ne pouvais tout bonnement plus en avoir. La mythologie m'avait toujours intéressé, si bien que j'avais déjà parlé aux hommes de foi de chaque grande religion à travers le monde. Chacune de ces religions avait un point commun principal, il fallait toujours satisfaire le ou les dieux pour accéder à une place de choix dans l'autre vie ou bien pour s'assurer une meilleure vie sur terre. Lors de mes recherches approfondies sur le traitement des maladies à travers le monde, je découvris une tribu celte qui faisait appel à la prétendue magie d'un druide pour guérir un homme d'une trentaine d'années qui semblait atteint de nécrose. Le magicien guérisseur leva les mains puis sortit de sa besace une petite fiole remplie d'un liquide brillant. Je fus surpris de voir un fluide pouvant produire de la lumière vive. Mais le plus intéressant restait à venir. Le druide appliqua le liquide sur les parties nécrosées du corps de son patient. Le dosage était précis, une goute par centimètre carré de tissu malade. Avec un pinceau fait de plumes d'une simple poule il étala le liquide sur le corps nécrosé. Les tissus humides devinrent des sources de lumière à l'instar de la potion du druide. Ce dernier se débarrassa de la plume dans le feu de sa marmite puis s'en alla. Je fus très impressionné par le spectacle auquel j'avais assisté, le druide, bien entendu, ne me donna pas la recette de sa potion extraordinaire. Je soupçonnais un coup monté de la part du prétendu mage pour renforcer la foi de ses fidèles. A la fin de tous ces voyages, une question subsistait toujours, toutes ces religions sont fondées sur les mêmes préceptes sans pour autant avoir pris conscience de l'existence des autres religions. J'entrepris alors un dernier voyage abordant le sujet de la religion. Je ne savais pas que ce qui allait m'attendre remettrait ma vie en cause, ni que je regretterais d'avoir été aussi curieux.

C'est dans sur les grandes côtes de l'océan Atlantique, au Sud-Ouest de l'Afrique que mon périple commença. J'avais suivis la piste d'un aventureux archéologue qui avait pour objectif de découvrir la première religion de tout temps. Les quelques reliques que l'aventurier put découvrir avant qu'il ne quitte cette terre d'une maladie inconnue se trouvaient sur les côtes et sur les îles de l'océan Atlantique. Je suivais les indications données à travers son livre, accompagné d'un ami venant d'une tribu Sud-Africaine, Akhet ce qui signifierait « lumineux » dans sa langue natale. Une très bonne personne capable d'apprendre en quelques jours n'importe quel langage, de faire preuve de plus d'humanisme que n'importe quel écrivain français, mais surtout un homme de confiance et très puissant. Malheureusement pour moi Il ne voulût seulement m'accompagner aux abords de ce qu'ils appellent le repos des dieux. Je me rendis donc seul dans les ruines de ce que fut surement une grande chapelle. L'architecture rappelait l'Antiquité mais semblais d'avoir été construit durant la préhistoire. Plus étrange encore, on y voyait des traces d'architecture moderne. Au centre de ce qui devait être un gigantesque autel, je vis un puit. Je me retournais une dernière fois vers mon ami qui me lança un regard inquiet, je lui fis un signe de la main pour lui dire que tout allait bien et qu'il pouvait retourner auprès de son peuple.

Le puits semblait aspirer toute la lumière qui rentrait dedans, je sentais l'humidité soutenue d'une odeur de moisissure remonter du puits. Quelle était la profondeur de ce puits, qui avait-il dedans ? Je saisis une pierre et la lâchai au-dessus du puits qui paraissait sans fond. Deux secondes avant que je n'entende le son de la pierre qui atterrit sur un sol rocheux. Elle ricocha plusieurs fois m'indiquant qu'il devait y avoir plus qu'un fond. Deux secondes ça voulait dire que le puit faisait à peu près quarante mètres de profondeur. L'envie me prit de me jeter dans ce trou noir. Au lieu de cela, je cherchai un autre moyen grâce auquel je pourrais atteindre le fond vivant. Aucune trappe, aucune porte. Je fis le tour de cette magnifique ruine et ainsi, je découvris un passage en bordure de falaise menant à une crique. Ce périlleux chemin émerveilla mes yeux. Je fus surpris de voir une porte portant des runes celtes et un message écrit en Grec : « Si vous entrer sans y avoir été invité, Les dieux vous puniront ». Bien sûr il existait plusieurs autres traductions, traduire cette langue s'avérait très difficile. A mesure que je m'approchais de l'entrée, la luminosité ambiante s'assombrit, le froid mordant se faisait de plus en plus présent et je sentais des regards se poser sur moi. Je craquai une allumette et allumai ma lampe à huile. La lueur rouge de la flamme dévoila d'étranges décors sur les murs. Les fresques montraient des hommes et d'étranges créatures. Les hommes marchaient derrière les créatures avec une apparence entre le singe et le loup mais couverts d'écailles et disposant de branchies. Le plus étrange venait du fait que certains hommes semblaient s'agenouiller puis se relever, changés en une de ces créatures. On pouvait aussi y voir des hommes en groupe puis une personne disparaît mais personne ne s'en rend compte, comme si elle avait été supprimée de la réalité par une créature gigantesque, monstrueuse et qui semblait sortir des profondeurs de l'Atlantique.