La montre

30 Mai

J'ai décidé de remettre la montre, de toute façon, elle n'a rien d'étrange. C'est juste l'oeuvre de mon imagination, qui m'a forcément fait rêver. La journée m'a semblé passer à toute vitesse. Vers 19h00, j'ai fermé la boutique. La nuit était tombée, la lumière du néon projetait des ombres qui semblaient danser sur les murs. Il régnait quand même une forte obscurité. Les horloges m'ont paru plus massives, imposantes et sinistres que d'habitude. Soudain, j'ai ressenti une très vive douleur à mon poignet. La montre m'a semblé s'agiter, et pris d'un élan de panique, je l'ai arraché et l'ai projeté violemment au sol. La force du choc l'a brisée en mille morceaux, qui se sont éparpillés dans toute la pièce. Seules les aiguilles sont restés devant moi. Comme pour manifester leur rage, elles se mirent à tourner, de plus en plus vite. Les morceaux sont alors revenus, comme attirés et elle s'est reformée. Les aiguilles ont continué à tourner, imitées maintenant par toutes les autres de la boutique. Comme dans un rêve, j'ai vu la lune laisser place au soleil, et toutes les personnes revenir à la boutique. Marchant en arrière, comme si on utilisait une clef pour remonter le temps, elles ont refais tous leurs gestes à l'envers. Je me suis même vu, derrière le comptoir. En une fraction de seconde, tout s'est arrêté, tout s'est tu. Mon corps a été secoué de spasmes incontrôlables, mon cœur a battu si fort que tout le quartier a dû l'entendre. C'en était trop pour moi, je me suis évanoui aussitôt.