Chapitre 8-1 : L'été

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Deux mois s'étaient écoulés depuis le premier pique-nique avec Martin. Étonnement, d'autres ont suivi. Tous trois convinrent qu'il était plus agréable de discuter dans un parc que dans un bureau. Thomas trouva que Maëva s'entendait bien avec ce docteur fraichement célibataire et cela lui faisait plaisir. Il ne lui échappa cependant pas qu'elle gardait ses distances. Il se confia à eux avec une étonnante sincérité. Ils apprirent donc que son couple n'allait plus très bien depuis un certain temps. La routine s'était installée et les tensions s'accumulaient. Martin avoua qu'il avait tout de même toujours des sentiments pour son ex-femme, mais savait qu'ils ne pouvaient plus vivre ensemble. Il apprenait donc à tourner la page. Il redormait peu à peu et économisait pour s'acheter une nouvelle moto. Il avoua également qu'Amélia était son point d'ancrage et qu'elle l'aidait à surmonter cette épreuve.

Cela faisait plus de trois mois que Thomas vivait dans le corps d'un adolescent et malgré une certaine habitude, il ne se passait pas un jour sans qu'il se sente prisonnier. Il souhaitait ardemment en finir et de retrouver une vie plus ou moins normale. À ses dépens, il se rappela que l'adolescence n'était pas une sinécure.

- Tu as beau avoir gardé tes souvenirs et en quelque sorte ton cerveau, expliqua un jour Martin, tu n'es pas dans ton corps.

Thomas avait eu besoin de lui parler seul à seul. Ils se retrouvèrent donc au café, non loin de la Basilique. C'était un espace convivial sur deux niveaux. Les tables étaient en bois sombre donnant un côté british au petit commerce. Plusieurs personnes s'affrontaient silencieusement aux échecs sirotant un verre ou un café.

- J'ai les capacités physiques de Jonathan, avait affirmé Thomas sirotant son liquide noir et amer. Ça, je m'en suis rendu compte, car je me suis mis à courir. Je ne savais pas que j'aimais ça, mais un jour je me suis réveillé avec une folle envie de me dépenser. Allez savoir pourquoi.

- Les coureurs et autres sécrètent de l'endorphine pour résister à l'effort. Beaucoup de sportifs disent qu'ils ont besoin de faire du sport, car ça leur fait du bien. En fait c'est une forme de dépendance, comme une drogue, provenant de cette hormone. Elle se loge, entre autres, dans le cerveau donc cela ne m'étonne pas que, malgré le fait que tu ne te souviennes pas d'aimer la course, tu en éprouves tout de même le besoin d'en faire. Cela prouve donc que tu n'es pas un drogué, ni un fumeur, ni un alcoolique, mais par contre, que tu es un gros buveur de café.

- Rassurant, ironisa-t-il. En partant sur le même principe, comme Jonathan est en pleine croissance, c'est normal que j'ai autant faim.

- Oui ! Le cerveau et le corps sont deux choses bien distinctes, mais parfaitement liées. Comme Jonathan grandit, il a besoin d'énergie, le cerveau suit et te demande de manger. C'est assez logique quand on y pense. Martin fit une pause et regarda son interlocuteur. Je crois savoir pourquoi tu m'as fait venir ici.

Thomas s'était mis à rougir en buvant une bonne goulée de café.

- Le problème c'est que tu es dans le corps d'un ado et cette période est un festival hormonal. Pas de chance pour toi, la sécrétion des hormones sexuelles, la testostérone quoi, ne se fait pas dans le cerveau, mais se fait dans les testicules donc... tu es obligé d'encaisser la puberté de Jonathan.

- Ça me rend fou Martin ! C'est dingue comme on ne s'en rend pas compte sur le moment, mais vivre la puberté dans le corps d'un autre... Thomas réprima un frisson, ça change la donne. Je le sens bien que ça à un impact sur moi.

- Oui, et pas seulement physique... si tu vois ce que je veux dire. La testostérone est aussi responsable du comportement. Malheureusement je n'ai pas de remède à te proposer, je suis désolé. Cependant, tu es un adulte et ton cerveau à plus d'expérience. Tu vas devoir encaisser et refréner tes pulsions.

La seconde vie de Thomas OrnatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant