Chapitre 5 - Lui

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Média : I'm Picky - Shaka Ponk

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Tu sais, Alex... Je ne pourrai jamais t'offrir ce que tu veux. Pourquoi tu t'acharnes ? me dit-elle d'une voix timide.

Je ne m'acharne pas, Di. Je te l'ai promis il y a quatre ans et je tiens toujours mes promesses. Dans quelques mois, on pourra faire ce qu'on voudra, tous les deux. Tu verras, on pourra partir d'ici, mener la vie qu'on a toujours voulu.

Arrête, Alex. On n'a plus quinze ans, on n'est plus au lycée. C'est fini tout ça. C'est la vraie vie maintenant ! Et avec quel argent on va partir ? Dis-moi ? s'emporte-t-elle.

Fais-moi confiance. C'est tout ce que je peux te dire...

Je me redresse en sursaut, essoufflé et en sueur, complètement désorienté.

Bordel, c'était quoi ça ?

Complètement perdu, je me rends compte que je suis dans mon canapé. J'ai encore ma veste sur le dos et mes chaussures aux pieds. La faible luminosité qui emplit la pièce m'indique qu'il est très tôt, ou très tard. Je passe une main sur mon visage, essuyant la fine pellicule de sueur qui le recouvre. Je pose mes coudes sur mes cuisses et me masse les tempes du bout des doigts. Une vilaine migraine me vrille le cerveau comme si une belle gueule de bois s'installait. Sauf que je n'ai pratiquement rien bu hier soir, juste une bière que je n'ai même pas terminée à cause d'Amber.

Depuis mon accident, je fais très attention à ce que je bois. Jamais d'alcool fort, le mélange avec les médicaments n'étant pas très recommandé. Cela fait longtemps que mes crises ne sont plus revenues.

Je me lève afin d'aller chercher un analgésique, faisant tomber un objet par terre. Un téléphone qui n'est pas le mien. Miss Coincée.

Je pose l'appareil sur la table basse et me dirige vers ma salle de bains. J'avale deux comprimés avec un grand verre d'eau. Dans le miroir, j'inspecte ma mine blafarde en soupirant et retourne dans ma chambre pour enfiler ma tenue de sport. Je vais aller courir, prendre l'air me fera le plus grand bien.

Les écouteurs dans les oreilles et la musique à fond, la douleur salvatrice qui étreint mes muscles me permet d'oublier un temps cette soirée désastreuse. Mais, très vite, les souvenirs de ce dialogue avec mon Diamant se rappellent à moi. C'est la première fois depuis ma perte de mémoire qu'un élément de cette période refait surface. Je n'avais jusqu'à présent aucun souvenir de son retour.

Je nous revois tous les deux dans ma voiture, après ses quatre années universitaires à l'autre bout du pays. Nous reparlons de cette promesse que l'on s'est faite après que son petit ami l'a mise enceinte et abandonnée lâchement. Après une grossesse extra-utérine, elle a perdu son bébé et l'espoir de devenir mère un jour. Elle s'est effondrée lorsque le couperet est tombé, disant que plus aucun homme ne voudrait d'elle si elle ne pouvait plus donner la vie. J'avais essayé de la rassurer du mieux que j'avais pu ; je lui avais promis d'être toujours là pour elle et de finir ma vie à ses côtés.

Mais ce qui m'inquiète, c'est ma détermination à lui demander de me faire confiance sur la question de l'argent. Pourquoi ça posait un si grand problème entre nous ?

Au bout de plus d'une heure de course, je rentre chez moi, rincé mais sans migraine. Lorsque je pénètre dans mon antre, je suis frappé par le calme qui y règne et l'absence de bonnes odeurs culinaires. J'attrape quelques gâteaux à grignoter et engloutis plusieurs verres d'eau, puis je file sous la douche.

CloseR (Tome 2) - Sous contrat d'édition BMROù les histoires vivent. Découvrez maintenant