Chapitre 6 - Lui

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Média : Nightcall - London Grammar

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Une musique étrangement douce sort des enceintes réparties un peu partout dans le bar. Rien à voir avec l'ambiance survoltée des samedis soir. Même la clientèle est différente. Plus âgée, plus calme. Aucun mot plus haut que l'autre, les quelques clients installés autour des tables sur ma droite discutent entre eux en buvant un verre.

La scène où se produisent les groupes, au fond de la salle, est plongée dans le noir. Malgré tout, le micro est installé, ainsi que la batterie. Il ne manque plus que les musiciens.

Je m'approche du comptoir et me hisse sur un tabouret. De dos, Riley range les différentes bouteilles d'alcool.

— Salut, mec !

Au son de ma voix, le patron se retourne.

— Alex ! Tu es bien matinal.

— Matinal ? Je te signale que nous sommes en début de soirée.

— Pour moi, c'est le début de la journée, ricane-t-il. Alors, quel bon vent t'amène ? C'est rare de te voir si tôt. Tu as rencard ?

Je connais Riley depuis un peu plus d'un mois, grâce à Tyler, et très vite un lien amical s'est noué entre nous, même s'il ne connaît rien de ma vie et de la raison de ma présence dans cette ville. Chaque soir, nous échangeons quelques mots et, bien sûr, il voit très bien mon manège avec les filles et il en rigole. Son bar ainsi que la salle de sport sont mes terrains de chasse de prédilection.

— Peut-être bien... Au fait, hier soir avant de partir, tu voulais me parler, non ?

Je me désaltère avec la bière qu'il vient de poser devant moi.

— C'est bon, j'ai bien vu que tu étais pressé de partir, j'ai réglé le problème avec Tyler. C'était à propos de...

Il est interrompu par le bruit de la porte qui s'ouvre avec fracas et l'arrivée de celle que j'attends avec impatience. La brune s'adresse à Riley :

— Bonsoir. Auriez-vous, par hasard, trouvé un téléphone portable, hier ? J'ai passé une bonne partie de la soirée ici, et vous êtes mon dernier espoir.

Riley secoue la tête. Quant à moi, je fais mine de l'ignorer et cache mon petit sourire en coin derrière le goulot de ma bouteille.

— Désolé, ma belle. Il y avait trop de monde hier soir, j'ai bien peur de ne pas pouvoir t'aider.

— Pfff, souffle-t-elle, dépitée. Mais comment je vais faire maintenant ? J'ai toute ma vie dedans !!

Toujours concentré sur ma bouteille, je relève les sourcils, prêt à me moquer d'elle.

Toute sa vie ? Elle n'exagère pas un peu, non ? Quelle vie trépidante elle doit avoir...

N'en pouvant plus, je risque finalement un coup d'œil vers elle. Affublée d'un jean taille haute assez large et d'un tee-shirt ample, elle n'a décidément aucun don pour se mettre en valeur. Ses cheveux bruns sont retenus par son éternel chignon bas d'où, contrairement à la veille, s'échappent quelques mèches folles, lui conférant un petit côté... sauvage ?

Elle est au bord des larmes et immédiatement me reviennent en mémoire les mots échangés quelques heures plus tôt avec sa colocataire.

Putain, Alex, tu ne peux pas la laisser comme ça !

J'attire son attention par un toussotement puis passe ma main dans la poche intérieure de ma veste. Lorsque je sors son téléphone et que je le fais glisser avec mon index le long du comptoir, elle écarquille ses yeux marron tandis que sa bouche pulpeuse dessine un O parfait.

CloseR (Tome 2) - Sous contrat d'édition BMROù les histoires vivent. Découvrez maintenant