Marie

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Je croyais que le plus beau jour de ma vie était celui où la célèbre agence de mannequin m'a accosté dans la rue.

J'avais tort.

Un homme et une femme perchée sur des talons incroyablement grands m'avaient parlé, assis au café du coin de ma rue.
Je sortais d'un devoir sur table de mathématiques, que j'avais sûrement loupé.

Après avoir eu un rendez vous avec ma mère, et une réunion avec mes amies, toujours à ce même café, le contrat était signé.

Dès le lendemain, je suis partie en métro pour l'agence et c'est tout un monde que j'ai découvert.
On m'a pris en photos, on m'a mesuré, on m'a fait marcher, on m'a mis ces talons vertigineux.

Les trois premiers mois sont passés comme un rêve.
J'ai commencé à faire des shootings photos, à signer mes premiers contrats, à défiler pour la première fois.

Je ne suis plus jamais retourné au lycée, et je voyais de moins en moins mes amies.
Mais la contrepartie était que je fréquentais maintenant les grands palaces, que je voyageais et que gagnais de l'argent.
Ma mère n'avait pas d'avis.

Jusqu'au déclin.

On ne me prenais plus en photos, l'agence ne m'appelait plus très souvent.
Le jour où mes économies commençait à être près de zéro, je suis retournée à l'agence.
Un homme avec des grandes lunettes me l'a dit :

- Tu es trop grosse.
    C'est pour ça que tu n'as plus de contrats. C'est aussi simple que ça.

Alors, je suis repartie et le soir même, je n'ai pas mangé.

Le jour suivant, j'ai mangé un abricot.
Et le jour d'après, juste 2 chewing-gums.
Et encore après, une biscotte. A rien.
Et la semaine d'après j'ai mangé un bout de pomme.

Je suis repartie à l'agence et l'homme a sourie derrière ses lunettes.
Il a reprit son mètre et a écris mes nouvelles mensurations sur ma fiche.

Le soir même, j'avais signé 3 contrats.

J'ai continué.
Je n'ai plus mangé.
J'ai voyagé.
J'ai eu faim.
J'ai posé.
J'ai eu très faim.
J'ai défilé.

Et je suis tombé.

Un soir, à Milan.

Un shooting de nuit, sur une belle place, avec plusieurs modèles, et un grand photographe.

Je me suis évanouie.
On m'a amené à l'hôpital.
Ma mère est venue.

Ils m'ont pesé.

Ils ont refusé que je sorte de la clinique.

Et l'agence m'a appelé.

Elle a dit que j'était virée.

Et j'ai pleuré.
Ma mère n'était plus la, elle était repartie à Paris travailler.

Et la seule personne qui m'a réconforté, c'est l'infirmier.
Et le lendemain, alors je que venais de finir mon quart de pomme et que mon bras était relié à une machine et pendant que je somnolais, il m'a embrassé.

Et il l'a refait plusieurs fois, quand j'étais bien réveillée.

Nous vivons maintenant loin de Milan et Paris.

Loin de tout ces problèmes.


   

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