Je reçus une lettre, un matin, signée d'un photographe de renom.Il disait qu'il recherchait des danseuses pour une couverture de magazine de mode, et qu'il m'avait vu danser au ballet de Noël.
Il m'avait trouvé belle, gracieuse et douée.
Il demandait si je pouvait venir le voir, le mardi prochain, dans son studio.J'avais appelé sa secrétaire dans la minute qui suivit. Elle avait enregistré mon nom, et m'avait souhaité une bonne semaine.
J'étais aux anges.
Je donnais par texto un rendez vous à mes parents pour le lendemain et je prépara mon sac.
Je partie à la répétition le sourire aux lèvres.
Arrivé aux studios, on me félicita et j'appris qu'une autre danseuse avait été contacté par ce même photographe.Mes parents étaient enchantés et j'attendais le mardi avec impatience.
Une fois dans son studio, il me fit la bise et je m'assis sur une chaise en plastique entre plusieurs filles.
Il nous appelait une par une et ce fut mon tour au bout de trois quarts d'heure.Passé la porte, il me demanda de danser, et pendant ce temps, il me mitrailla avec son appareil photo.
Essoufflée mais heureuse, je ressortis et, une fois dans la rue, je pris un chocolat chaud et des macarons.
Assise dans le tramway, j'envoya un message à mes parents.Nous étions tout les trois aux anges.
Mercredi matin, vers neuf heure et demi, pendant que je faisait mes exercices d'assouplissement dans le salon, mon téléphone fixe sonna.
Le numéro de la secrétaire s'afficha et je décrocha.
Je fut surprise d'entendre la voix vibrante d'excitation du photographe au bout du fil.Il me dit qu'il m'avait choisi moi, et qu'il était libre pour le vrai shooting photo quand je voulais.
Je ne savais pas quoi dire mais, la semaine d'après, je me suis retrouvée en tutu rouge dans un parc.
On m'avait maquillé, et coiffé.Le soleil tapait, et mon sourire était plus rayonnant que lui.
J'étais heureuse, mes parents étaient heureux, le photographe était heureux, les assistants étaient heureux, mon maître de ballets était heureux, mes amies du ballet étaient heureuses.
Deux semaines après cette incroyable journée, la photo était bien sur la couverture d'une célèbre revue de mode.
Mes parents et moi en avons achetés 10 exemplaires pour toute ma famille et le magazine était même dans les toilettes de la salle de répétition.Quelques jours plus tard, le photographe me rappela.
Il me dit qu'il avait reçu des félicitations pour la photo et que plusieurs grandes marques de haute couture avait demandé mon nom, mon agence et mon numéro de téléphone.Par soucis d'intimité, il ne les avait pas donnés, il attendait mon feu vert.
II fut accordé sans réfléchir.Après tout, qu'avais je à perdre ?
Tout.
Quelques heures après, mon téléphone surchauffait à cause des appels incessants d'agences de modèles et de créateurs.
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TOP ANOREXIA
Short StoryL'industrie de la mode les tue à petit feu. Elles tombent toutes, comme un poids plume sur les défilés de créateurs.