Le vent s'engouffre dans les épais feuillages des arbres environnants. La roue du vélo jongle avec les pierres et racines du chemin. J'observe autour de moi. Les alentours sont étrangement calme. Le temps est idéal pour une promenade mais, je sais que tout cela n'est qu'illusoire.
Mon regard fouille allègrement les environs à l'affut d'un quelconque danger. Chaque branche qui craque, chaque feuille qui tombe, chaque pierre qui roule, me fais sursauter. J'ai les nerfs à vif. Je déteste sortir de mon refuge mais cela m'ai nécessaire.
Le sac à dos sur mes épaules pèse son poids et me fatigue. Sans parler de tout ce bric à brac sur ma ceinture qui me gêne pour pédaler.
Soudain, un bruit attire mon attention. Je freine alors comme une dératé manquant de faire un soleil. Je lâche mon vélo et d'un geste leste et rapide, je retire mon arme de fortune de ma ceinture. Il s'agit d'un manche en bois serti d'un disque en argent, crocheté sur tout le pourtour de la lame. Je la brandi devant moi avec la même nervosité que la première fois.
D'une voix que je veux ferme, je lance : "Je sais que tu es là ! Montre toi !".
Les buissons s'agitent et en sort un homme d'une quarantaine d'années. Il est grand, les cheveux poivre et sel et a une allure charismatique évidente. Deux grandes cornes grises et sales s'enroulent sur le sommet de son crâne. Dans son dos, je devine aisément, caché sous une vieille cape brune, ses ailes d'argent qui s'amusent à réfléchir la lumière environnante. Il affiche un sourire satisfait. Étonnement, ses pas sont souples presque inaudibles pour des serres griffus. Il ne manifeste pas la moindre agressivité mais, je ne suis pas dupe.
Lentement, il me tourne autour. Je maintiens mon arme à bonne hauteur. Les muscles tendus à l'extrême, les sens en alerte, je le fixe attendant le dénouement de cette situation.
Il émet un rire bref et rétorque d'une voix suave : "Que crois-tu faire avec ton découpe pizza ?".
Il indique le dit objet d'un signe de la tête. Je ne réagis pas. Certes, il n'a pas tort ; mon arme ressemble vaguement à l'outil en question, mais réagir serait me déconcentrer et je n'en ai pas l'intention.
Il fronce les sourcils dubitatif. Un éclair de certitude traverse ses yeux tandis que je fixe son regard ambroise.
Presque imperceptiblement, il passe à l'attaque. Je le vois déployer ses ailes, prendre sont envol et me foncer droit dessus. Enfin, je le vois... Plutôt, je vois une succession d'images flou...
Je donne un coup bien placé sur mon côté gauche. Je sens l'arme heurter quelque-chose et s'y enfoncer. J'examine la lame. Celle-ci est couverte d'un fluide aqueux, andrinople et poisseux.
"Saloperie" entendis-je murmurer.De nouveau, je sens un mouvement derrière moi. Je me retourne et d'un coup, porté à pleine puissance, la lame s'enfonce dans la chaire.
Correction. Ça, c'est ce que j'aurais bien voulu. Je tire d'un coup sec. Elle se bloque. Mon martyr est face à moi. Il émet un grognement. J'arrache le couteau de ma ceinture et le plante à l'extrémité de son coup. Il pousse un grondement roque. Je sais que tant que je l'ai piégé avec mon arme il est à ma merci. Je prend de ma ceinture une nouvelle lame mais il se dégage d'un mouvement sec vers l'arrière, lui arrachant un bon morceau d'épaule.
Il extrait rageusement le couteau de sa nuque laissant s'échapper une gerbe d'hémoglobine.
Il tient la plaie d'une main. Il a totalement perdu sa beauté de quadragénaire et ne ressemble plus qu'à une bête sauvage. On voit bien qu'il a du mal à spéculer. Il me fonce dessus. Sa vitesse est nettement moins rapide qu'avant et ses pas plus lourd.
La raison lui aurait dit de fuir mais, son orgueil l'a rattraper. C'est ce qui causera sa perte...
J'extirpe mon artillerie du corps sans vie, m'aidant de mon pied. L'exuvie se métamorphose subitement en de fins cristaux argentés. La brise les fait s'éparpiller. J'échappe aujourd'hui encore à la mort. Malheureusement cela n'est pas réciproque...***
Voici ma première histoire. Je l'ai déjà publiée mais je ne l'ai pas continué alors, la voilà.
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Am Stram Gram
Teen FictionPicorons petit à petit des bribes d'histoires du cerveau de Camille. « Un jour, "elles" sont là. Un jour, sans aucun souci de l'heure. On ne sait pas d'où "elles" viennent, ni pourquoi ni comment "elles" sont entrés. "Elles" entrent toujours ainsi...