La tête en bas

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4 juillet 2256,
Ancien Jasper National Park.

Il n'est pas d'ici. Il n'y a jamais eu de blond par ici. Ils ont disparu depuis longtemps. C'est comme ça.

Il me fixe ou plutôt me lorgne et me juge. Lui aussi à une arme : une machette. À sa ceinture, pendent des petits flacons en plastique remplies de petites pastilles et autres liquides incongrus. Il est sur la défensive, comme moi. Chacun hésite. Est-il l'un d'eux ? Il n'en a pas l'air mais je sais que les apparences peuvent être trompeuses.
D'habitude, ce sont eux qui engage la conversation. Je sais que si je parle et que ce n'est pas l'un d'eux, il saura d'instinct qu'il faut me tuer. Curieusement, je fais le contraire du raisonnable.
"Qui es-tu ?"
Il ne répond pas. Il ne bronche même pas. Il se contente de me fixer comme s'il pouvait de cette façon lire en moi.
Il esquisse un pas sur le côté. Il est humain, j'en suis convaincu. J'attaque. Je suis sûr de moi. Je brandis mon arme et l'abat sur son flanc. La lame traverse la chaire ; ou du moins, c'est ce qui aurait du se passer si avec une vitesse alarmante, il n'avait pas paré mon attaque, d'une contorsion, m'avait déboîté le poignet, provoquant un cri de douleur et d'un autre mouvement leste, immobilisé.
Je n'ai plus ni arme, ni liberté. Sa lame sous ma gorge, je suis à sa merci.
Je ne réfléchis pas, empoigne mon canif et le lui plantes dans la cuisse. Il pousse un hoquet de surprise et dessert légèrement ça prise. J'en profite et me libère ; malheureusement, la lame m'entaille un peu la gorge. Du sang se met à couler. Je ne m'en préoccupe pas. Dans sa surprise, j'enfonce mon point dans ses couilles avec toute la force que je peux dans l'objectif qu'il ne puisse plus enfanter. Il se plit en deux avec un cri de douleur roque. Exactement le geste attendu. J'en profite pour lui attraper les épaules et lui envoyer mon genou de toute mes force en pleine gueule. Je sens l'os de son nez craquer. D'un petit accou, je le pousse en arrière où il s'affale toujours plié en deux.

J'arrache sa gourde de sa ceinture, la dégoupille. J'en bois une longue gorgé avant dans vider la moitié sur un tas de terre. L'eau ruisselle sur la terre la transformant en boue pâteuse et gluante à la fois. J'en prends une petite poignée et l'applique sur la plaie dans mon cou. Une coulée de sang à maculée ma veste. Elle va les attirer.
Je n'ai pas le temps de faire quoi que ce soit. Il est déjà relevé. Je n'ai pas du frapper assez fort. Il chancelle. Je vais pouvoir l'achever. Il n'a pas d'arme, c'est du gâteau.
Je m'avance lentement vers lui. Il oscille dans ma direction. J'agitais mon arme dans les airs quand une petite boule explose devant mon visage. Un petit nuage bleu se forme. J'en inhale par inadvertance. La fumée sens la plante. J'étouffe. Je ne vois plus rien. Soudain, une main sortant de nulle part viens frapper ma trachée. Je tente de tousser mais je n'ai plus d'air. Je sens un pied me fracasser l'abdomen. Je m'écroule sur place. Je suffoque. J'ai des hauts le coeur. Je ne peux plus rien faire. Je fini par perdre connaissance et le noir m'envahi.

J'ouvre les yeux. Un sexagénaire plutôt sexy pour son âge me fixe. Je flippe, pousse un hurlement de terreur très vite étouffé par une toux très peu naturel.
Il est suspendu au plafond... Non ! Je suis suspendu à un arbre. Impossible de fuir. Je vais mourir. Il lit la peur dans mes yeux et s'en amuse. Une larme coule sur ma paupière avant d'être bloqué par mon sourcil. Je pense à Nils. Comme je l'aime. Je ferme les yeux et attends la mort. Des sons me parviennent mais je les ignore. J'ai froid, j'ai mal, j'attends... Trop. J'ouvre les yeux. Le sexagénaire a été remplacé par un blond au nez cassé dont les traits me sont familiers.
L'autre à disparu. Rectification, il est mort.
Je fixe mon ennemi. Son expression est impassible. Je lui souri faussement. Il me toise avec insistance. Je fini par rompre le silence.
"À qui ai-je l'honneur ?"
Il fini par me répondre après un blanc déprimant.
"Va te faire foutre !"
Je rit.
"Tu pourrais peut-être me détacher que l'on règle ça à l'amiable ?"
Je lui lance un regard qui ne laisse aucun doute sur le fait que ce n'est pas une question.
"Non.", répond-il simplement.
Je serre les dents.
"Tue moi alors."
Il hausse un sourcil surpris.
"Pourquoi ? Je n'ai rien à y gagner."
J'ai mal à la tête et suis à bout de force. Il le remarque et s'éloigne juste.
"Non ! Reviens !"
Il continue comme si de rien n'était.
"Ne me laisse pas la !"
Il fini par se retourner. Il apprécie qu'on le supplie. Cela ce voit.
"Ne part pas..."
Il esquisse un petit sourire de plaisir mélangé à une expression totalement contradictoire.
"Je ne part pas, je chasse."
Il l'a dit comme une évidence.
Je soupire. Il se retire. Je suis seule. Il a disparu dans les feuillages. Je me concentre sur ma respiration haletante. Je la calme, et la calle à un même rythme régulier. Je me redresse pour atteindre mes pieds. Ils sont attachées à une corde épaisse dans un noeud compliqué que je ne saurais citer. Je retombe lourdement. Je fouille mes poches. Vides. Évidemment ! Il n'est pas stupide pour me laisser un couteau. J'observe autour de moi. Si je tend les bras, je frôle le sol. Je m'étire le plus possible pour essayer d'atteindre la pierre qui est le plus près de moi. Je l'attrape. Elle n'est pas idéalement tailler mais, c'est la plus grosse. Elle fera l'affaire. Je me contente de me relever pour essayer d'atteindre la corde pour la couper. Je frotte le bout le plus tranchant de la pierre sur la corde mais je n'abîme que quelques fibres. Je lance la pierre rageusement vers l'endroit où il est parti plutôt. Je me laisse retomber. J'attrape une nouvelle pierre et me redresse pour recommencer. Celle-ci est plus petite mais plus pointu aussi. J'entame mon travail acharné. Je n'ai à peine entamée la moitié de la corde quand la pierre m'échappe des mains. Je soupire de mécontentement. Tout ça à cause de cet imbécile.
Finalement, au bout d'un temps considérablement long, je finis par me dégager et tombent au sol lourdement. Je me suis fait mal au dos.
Je suis en train de dégager mes pieds, quand les buissons d'à côté se mettent à remuer. Prise de panique, je me prends les pieds dans la corde. Je finis par me libérer, quand un petit garçon entre dans la clairière. Je rage comment peuvent-ils transformer des enfants innocents. Je me mets a paniquer et lui lance la corde au visage. Il l'évite sans problème. Je m'enfuie en courant ; mais je ne suis pas dupe, il me rattrapera très facilement.

Je cours à en perdre haleine. Bizarre, il n'est toujours pas là. Il faut que je réfléchisse, je m'agite comme une cruche depuis tout à l'heure. Il faut que je trouve le blond, c'est lui qui a mes armes. Forcément je suis partie à son opposé et faire demi-tour équivaut à me prendre le petit incube dans la gueule. Je respire, calme les battements de mon cœur et entame une marche à pas feutré sur les aiguilles de pain qui tapisse de sol.

***

Voilà la clairière. Je n'ai pas croisé l'incube. Je regarde autour de moi, désert. J'avance lentement. J'ai peur que ce soit un piège mais de toute façon ,je suis foutu sans arme. Soudainement, un bruit étouffé se fait entendre dans mon dos. J'ai juste le temps de penser «Et voilà un piège.» avant de me retourner précipitamment. Le blond est là, me fixe, un sourire en coin au bord des lèvres. Je le lorgne.

«Salut ! Moi c'est Daniel.»

Am Stram GramOù les histoires vivent. Découvrez maintenant