C'était il y a longtemps, c'est vrai, mais je me souviens encore du mal-être. Je me souviens de chaque évènement auquel j'aurais voulu échapper. Le premier eu lieu alors que j'avais douze ans, j'aimais beaucoup l'école, mes débuts au collège avaient été difficiles, mais j'avais fait mon trou et m'y étais glissée, discrètement. Il y avait tant de monde qu'après quelques changements, et quelques mises au point, j'avais fini mon année de sixième plus tranquillement que je ne l'avais commencée. Et la cinquième se passait plutôt bien... au début...
En une nuit, et le petit déjeuner de son lendemain, j'allais changer, immuablement. Je ne me suis pas vraiment rendue compte tout de suite de ce changement mais le choc ayant été brutal, la chute, vertigineuse et l'atterrissage, douloureux, je ne pouvais pas ne pas changer.
Au lieu de fêter, cette année là, mes douze ans, j'allais fêter la fin de mon enfance et celle de mon adolescence, le même jour. Vieillir trop vite.
Mon coeur veut vivre mais mon esprit veut mourir. À moins que ce soit mon esprit qui veuille vivre et mon coeur mourir. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je me demande parfois pourquoi j'existe. Pourquoi je suis moi, alors que les autres sont si différents. Je suis jalouse. Ou envieuse. Ou les deux. J'ai le sentiment de ne pas être du même monde que tous les autres. À moins que je ne sois pas née au bon moment. Tellement de questions auxquelles personne ne peut ou ne veut répondre.
Chaque jour j'aime de plus en plus m'isoler. Chaque instant ma solitude me pèse un peu plus.
Je ne suis pas vraiment seule, bien-sûr.
Parce que j'apprend vite à me cacher, certaines personnes s'approchent de moi et me contactent.
Parce que je disparais, certains me voient. Pas telle que je suis, bien entendu, mais comme un mirage dans les dunes du Sahara, une illusion entre les gouttes d'eau, en Inde, durant la mousson.
J'ai beau hurler, je souris. J'ai beau pleurer, je ris aux larmes.
J'écoute. J'aide. J'aime. Je survis.Hey ! Toi qui es là, assis à mes côtés, toi que j'accompagne parce que tu as besoin de croire que tu es quelqu'un de bien. M'entend tu ? M'écoute tu ?
Mais comment veux tu qu'il t'entende ne rien dire ! Comment pourrait elle écouter les mots que tu ne prononce pas !
Je me tais parce que je ne suis pas intéressante. Je met mon nez rouge parce que je suis faite pour ça. Je deviens ce que l'on veut que je sois.
Bienvenue dans le cirque de ma vie.
Je ne suis personne et je vous présente mon spectacle. J'espère vous faire rire plus que pleurer, alors vous ne me verrez pas, j'espère vous faire aimer la vie, alors vous ne m'entendrez pas non plus.Pas à pas. Je continue d'avancer.
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Les maux du coeur
Literatura FaktuApprendre à vivre et à surmonter chaque obstacle, un à un, pour rendre sa propre vie meilleure. Ne pas rester au sol. À chaque chute, se relever, se renforcer. Cacher ses peurs, son désarroi. L'adolescence n'est pas un handicap. La différence peut e...