Chapitre III: Fin heureuse ?

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Du sang, des viscères, quelques os. Un véritable festival de boucherie. Un cerf attaqué par des fauves affamés. Dépecé sans pitié à même le sol.
Jack nous dit soudain d'un air calme et détendu devant ce spectacle:
-Ne traînons pas trop par ici. Je ne tiens pas particulièrement à rencontrer les auteurs de cette oeuvre.
Nous reprîmes donc la route, continuant à s'enfoncer dans cet enfer vert, qui s'assombrissait de plus en plus. C'est sur notre marche que la nuit tomba. Nous fûmes surpris. Personne n'avait pensé à s'équiper de quoi camper... Et Rhon intervint en disant:
-Ne vous inquiétez pas. Je me charge de construire un abri avec l'aide de mon père. Et il me dit. Toi va voir si tu ne trouves pas de baies sauvages.
Je pris ma lampe et m'en allais inspecter les arbres. C'est dans ma recherche que je vis sur un arbre assez bas un bout de tissu noir. Je me dis qu'il venait peut être de Jessica et m'empressais d'aller en informer les autres. Dès mon retour, les regards coléreux et déçus fusaient vers moi. J'étais revenu les mains vides. Du moins, presque. Je leur montrais le tissus quand Zed et Bill commencèrent à aboyer. Ils captèrent aussitôt notre attention. On vit un loup. Qui s'approchait. Nos molosses attendaient juste un signal de Jack pour foncer mais Jack n'en fît rien. Il prit une branche et chassa l'animal sauvage le plus calmement et simplement possible.
Il me prit le tissu des mains et le fit renifler par Bill et Zed. Qui coururent dans l'obscurité à toute vitesse.
On les rejoint devant un arbre étrange. Il avait toutes ses branches qui pointaient dans une seule et même direction: Droit vers le fond de la forêt. Jack avait l'air de savoir ce qu'il y avait là bas mais il fit mine de rien. Comme si c'était la première fois qu'il le voyait.
Oui. Plus nous avancions dans la forêt, plus les réactions du Vieux me semblaient étranges.
On hesita un peu avant d'aller dans cette direction au risque de se perdre. Mais nous y allions car nous connaissions tous parfaitement cette aventurière de Jessica. Elle ne craignait rien ni personne. Ça nous aurait tous étonné qu'elle ait détourné de cette voie. Bien qu'elle ait l'air d'un chemin direct vers les enfers. Nous marchâmes entre grands arbres et arbustes. Se faufilant pour arriver à destination. Plus nous avançions, plus le chemin semblait impossible mais le courage et l'espoir de retrouver Jessica étaient nos sources d'énergie.
C'est sur ce chemin qu'au fil d'une pensée, je me rendis compte que j'étais un pleutre, une personne sans ambition... Comment en la côtoyant pendant 13 ans. Je n'eût pas une seule fois l'inspiration de courage de lui avouer mes sentiments pour elle. Je m'en détestais presque. Pourquoi quand l'occasion était rêvée, je n'osais rien dire. Or, ce n'était pas les occasions qui m'ont manqué.
La première fois qu'une occasion pareille s'est présentée, j'avais 15ans et elle deux ans de moins mais elle était déjà bien plus mâture que moi. Nous étions au bord du lac juste avant le village en fin d'après midi. Le soleil commençait à se coucher derrière le lac sur une longue baignade qui venait de s'achever. Nous étions assis sur la berge à discuter de tout, de rien et à rigoler. Le spectacle était paradisiaque. À un moment, je l'ai regardé dans les yeux elle m'a regardé, l'air surpris de voir l'intensité de mon regard puis elle me regarda presque de la même façon elle aussi. J'avais les mots au bout de la langue. Quand j'ai essayé de parler. Rien n'est sorti si ce n'est que le silence. J'avais l'impression qu'elle s'attendait à quelque chose mais las d'attendre elle détourna le regard vers le couché de soleil. Son visage, baigné dans la lumière de ce soleil presqu'endormi était la plus belle image que je n'avais jamais vu. Cette vision me donna le courage d'ouvrir la bouche... Et tout ce qui réussit à en sortir c'est "Ce paysage est belle". Elle éclata de rire à cause de la faute mais elle ne se rendit pas compte que je voulais lui dire qu'elle était belle. J'étais fortement gêné surtout que quand elle riait, elle s'y mettait sérieusement...

La deuxième fois, c'était après une balade en forêt malgré l'interdiction de son père lorsque j'avais 17 ans. Nous marchions dans la forêt mais sans trop s'y enfoncer. On était juste tous les deux. Elle marchait juste devant moi et elle se retourna soudainement ce qui nous mit face à face mais je n'eût pas le temps de m'arrêter et je lui rentrais dedans puis nous tombions au sol. Nous étions là. Par terre. Ses lèvres juste en face des miennes à se regarder dans les yeux. Avancer ma tête de moins de deux centimètres m'aurait fait l'embrasser mais je n'en fit rien. Elle était toute rouge et moi mon coeur battait la chamade. J'ai essayé d'avancer mes lèvres mais mon courage fût de courte durée et je me levais pour l'aider à se relever. Elle ne dit plus un mot jusqu'à ce qu'elle s'adosse à un arbre fatiguée de marcher. Elle me demanda par où on passait pour rentrer et je n'en savais strictement rien. Après la scène du baiser raté. J'avais arrêté de faire attention au chemin. Nous marchions donc dans la forêt en quête d'une voie. Quand l'espoir de sortir nous avait quitté, nous vîmes un chien apparaître devant nous. C'était Zed et juste derrière lui Jack était là. Il était encore relativement jeune. Il nous demanda: "Vous êtes perdus ou juste en rendez - vous amoureux ?" Gêné par sa question, Elle répondit avec un peu de colère dans sa voix "Oui mais on n'est pas amoureux." L'ambiguïté de la phrase me mit le cerveau en ébullition. Elle disait oui parce qu'on était perdu ou oui parce qu'on était en rendez - vous... Et Jack nous dit: "En tout cas, Suivez - moi si vous voulez retourner au village." On le suivit. Elle discutait avec lui pendant un long moment, ils parlaient de chiens. Pendant que moi. Sa phrase me trottait toujours dans la tête. Par manque d'attention je fis une chute, ma tête hurta une racine et je perdis connaissance. À mon réveil, j'étais dans une chambre, tout seul. Je ne reconnaissais pas l'endroit. J'ai voulu me lever mais une douleur à la tête me cloua sur le lit. J'attendis un instant puis je vis entrer Jessica, des bandages dans les mains. Elle me dit "Ça va ? Bien dormi ?" Puis me raconta tout ce qu'il s'est passé après que j'ai perdu connaissance. Jack me porta jusqu'à chez lui où il m'installa et mit un gant mouillé sur ma bosse. Maintenant que j'allais mieux. Fallait qu'on parte. Il se faisait tard. Le père de Jessica allait finir par nous chercher. Et s'il découvrait que nous étions en forêt malgré son interdiction, ça allait barder pour nous. Nous dîmes au revoir et merci à Jack puis partîmes chez moi. Elle me laissa là et rentra chez elle....

Que le mal vous emporteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant