Chapitre 3

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Trois jours s'étaient déroulés depuis notre visite chez Chico. J'avais passé ces trois derniers jours clouée dans le lit dans la petite chambre chez Randall et son adorable tante. Un médecin était passé et m'avait formellement interdit de sortir avant d'être sûre de ne plus avoir de douleur à ma jambe qui ne s'était toujours pas remise des longues séances de torture des précédents jours. J'avais du lui mentir et affirmer que je m'étais fait mal en chutant d'un petit muret. Mes bleus disparaissent peu à peu et la douleur s'estompait. Je dormais mal, je me faisais réveiller tous les soirs par les coups de feu extérieurs ou les cauchemars répétitifs. Il faisait une chaleur étouffante dans la pièce et j'observais les heures défiler avec lenteur. Taìs venait de temps en temps me tenir compagnie et m'apporter des habits. J'étais troublée et terriblement embrouillée sur mon passé. Je n'avais toujours pas eu de souvenirs concrets et le fameux Dario n'était pas revenu dans la favela pour me donner des réponses. J'avais envie de savoir qui étaient mes parents et où étaient-ils. Peut-être s'inquiétaient-ils de ma disparition ou étaient-ils morts ? Avais-je des frères et sœurs ? Comment est-ce possible que tout soit aussi confus dans ma tête ? Pourquoi cet homme nommé Dario aurait-il des réponses ?

On toqua à la porte. Maria, la tante de Randall, me sourit et entra avec un plateau sur lequel était posée une assiette remplie de riz et de poulet curry ainsi qu'une pomme et un verre d'eau. Je retins un haut le cœur à la vue de toute cette nourriture mais masquai le tout avec un sourire forcé.

- Toi. Pas beaucoup. Manger.

Elle me désignait en posant le plateau sur la table de chevet. Elle avait un très fort accent et connaissait très peu de mot en anglais mais faisait un gros effort pour moi. Je lui répondis en faisant une pause à la fin de chacun de mes mots pour qu'elle me comprenne le mieux possible. Le dialecte portugais-brésilien était impossible à utiliser pour ma part. J'avais de nombreuses fois essayé de l'utiliser ou de le comprendre, en vain.

- Je. N'ai. Pas. Faim.

Elle fronça les sourcils.

- Pas bon ?

Elle désigna le plateau avec une mine triste.

- Non, non. Très bon. Mais. Pas faim.

De l'extérieur, le dialogue devait être assez amusant à observer avec nos grimaces et gestes dans le vide mais en réalité, ne pas se comprendre me frustrait au plus au point. 

- Dario. Te voir.

- Dario veut me voir ?

- Oui. Revenu. Favela. Te voir.

- Quand ça ?

Elle semblait ne pas comprendre, je lui désignai l'horloge accrochée au mur. Elle me fit un vaste geste.

- Maintenant ?

Elle hocha la tête. Je me redressai immédiatement avec un élan de surprise. Dario, c'était lui qui devait me fournir les informations sur qui j'étais et sur la raison pour laquelle j'étais là. Maria m'aida à me relever et je grognai lorsque ma jambe entourée d'un bandage rentra en contact avec le sol. La douleur était supportable mais sur le coup, c'était désagréable et pénible.  Je voulais retrouver l'usage de ma jambe entièrement.

Étant donné que Randall était parti en ville pour ses études et que Taís avait fait de même,  je dus traverser les ruelles avec Maria, qui faisait tout pour m'épauler mais qui était assez faible, ma jambe m'élançai un peu plus à chaque pas sur le gravier troué. Mais j'ignorai ce mal pour laisser place à de l'excitation et de la nervosité. Enfin, je vais connaître Eden. Mon nom complet, mes proches, mon passé et cet étrange présent. Le soleil brûlait ma peau mais respirer de nouveau l'air extérieur me faisait un bien fou. Le trajet s'étendait et j'avais la forte impression que ma gorge commençait à se déshydrater.

GUNSHOTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant