Prologue

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J'aimerais connaître le monde.

Ce monde qui m'est interdit depuis dix-neuf ans.

Nous sommes divisés en quatre. La Terre, l'Eau, le Feu et le Vent.

Nous nous battons contre quelque chose d'invisible, et pourtant tant nuisible. Le pouvoir.

Je suis May, habitante et détendue – contre mon gré – dans le Royaume de ma tante Geneva. Nous représentons l'élément Eau. Certains vous dirons qu'étant la derrière héritière, je suis génétiquement formée et entraînée pour régner sur ma faction. D'autre vous expliquerons que la divinité d'Erybel, « Nymphéa », a délibérément choisit de me nommer « May » dans le seul but de me prédestiner à de grandes choses. Sa signification grec signifie Perle de mer. L'emblème de notre faction. Notre Royaume en est recouvert en signe de sûreté et de reconnaissance de nos pouvoirs.

Notre monde est recouvert d'eau, notre élément. Lorsque je contemplais les récifs, les murs de cascade et les fées d'eaux survoler les lacs, je m'imaginais de quoi pouvais être constituer les autres éléments.

Mon père était un soldat de notre armée. Tué, lorsque j'étais encore dans le ventre de ma mère, je ne l'ai jamais connu. Ma mère était reine, belle avec son teint pâle et ses yeux en amandes. Sa sœur, ma tante Geneva, l'a remplacé à sa mort il y maintenant six ans.

Depuis longtemps, une impression de ne pas être à ma place et de ma pas être celle qu'ils attendent, grandit en moi. Je le sais et je le sens, qu'au plus profond de moi j'ai cette chose, ce pouvoir qui pourrait tant accomplir, mais je n'ai pas cette force. Je n'éprouve pas l'envie d'être celle que tout le monde vénère, d'être responsable d'une autre guerre et d'autres victimes innocentes.

Admirant le portrait de ma mère, je ne pus m'empêcher de me poser la question. Qu'aurait-elle fait si l'occasion pour elle de s'enfuir se présentait ? Que penserait-elle de sa fille si elle apprenait ce que je m'apprêtais à faire ?

-Princesse May, votre tante vous attend. Elle souhaite s'entretenir avec vous avant de faire son entrée.

Léonard vint à ma rencontre. Il était jeune pour son métier, sans doute proche de la trentaine. Il était, selon son titre, mon majordome mais je ne l'avais jamais considéré ainsi. Même si une dizaine d'années nous séparaient, j'avais été étonné de nos points communs. Nous étions proche et je l'avais dès le premier instant considéré comme un grand frère. Ses cheveux blond, légèrement foncés par endroit, étaient soigneusement coiffés pour l'occasion et son costume, de couleur prune, faisait ressortir ses grand yeux vert.

-Très bien, soupirais-je nostalgique. Léo, me ferais-tu l'honneur de m'accompagner ?

-Comme toujours May, me sourit-il.

Il me présenta son bras.

Ce soir serait mon soir. Ce soir je rencontrerais enfin le monde.

Une nuit, une seule.

Or, rien ne présageait que cela ne se passerait pas comme nous l'avions convenu.

« Tous le bonheur du monde est dans l'inattendu » Jean d'Ormesson.


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