aftermath....

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Alors c'est en cette matinée de juillet, que sous un soleil éclatant tu t'en es allé.

Les seuls que tu as voulu prévenir se comptaient sur une main.
Un message à ton frère, un à celle qui faisait battre ton coeur et qui l'a malheureusement aussi arrêté, et enfin un à ton meilleur ami de toujours. C'est peu quand on pense au nombre de gens qui tenaient à toi.

Tu as pris ton téléphone, tes écouteurs et tu es parti.

Paisible, tu penses que cette solution est la meilleure, qu'elle pourrait régler tous tes problèmes. Et dans un sens, tu n'as pas tort. Mais je suis sûre qu'on aurait pu trouver d'autres solutions. Je t'en aurais même inventés s'il le fallait.

Sur le chemin, un million de questions se posent dans ta tête. Tu les ignores. Des craintes s'installent dans ton esprit. Tu n'y prêtes pas attention.
Ta décision est prise et nul ne peut s'y opposer.

Pour couvrir ce désordre qui occupe ton crâne, tu places tes écouteurs sur tes oreilles. Ces petits appareils électroniques diffusant toutes tes chansons, qui ont toujours été une délivrance pour toi. Tu t'y réfugiais pour calmer ta douleur. Malheureusement aujourd'hui, cette douleur est devenue trop importante.

La douleur qui a perforé ton coeur a laissé une plaie béante. Elle ne peut plus être guérie.
Elle s'étend sans cesse un peu plus. Chaque jour est une nouvelle épreuve pour toi. Le temps qui passe semble te tuer à petit feu.
"On oublie avec le temps...."
Tu n'y as jamais cru.

Pour toi, tout ce qui t'entoure ne fait que te rappeler ta peine. Tu penses ne jamais t'en remettre. Que ta vie est détruite.
La douleur ronge ton âme comme un petit monstre assoiffé de sang frais.
Elle circule dans tout ton corps en accaparant tes veines. Comme un poison, elle s'immisce dans ton corps dans le seul but de te détruire.

Comme si quelqu'un aspirait ton âme jusqu'à te tuer de l'intérieur. Tu cherches un moyen de leur échapper mais tes détraqueurs sont trop puissants. Cette fois-ci, aucun sort ne pourra les faire fuir. Y a que dans Harry Potter qu'on se libère avec un simple expecto patronum.

Sur ton téléphone tu écoutes "dead inside" de Muse. Chanson parfaitement bien choisie pour exprimer ce moment.
Ton corps est encore en vie mais ton coeur est déjà mort.

Tu en as assez de te battre. Cette impression que quelqu'un s'amuse à te frapper, te regarder te relever dignement mais avec difficulté, pour enfin pouvoir t'asséner de nouveaux coups afin de te renvoyer à terre.
Son seul but est de te briser. Te rendre fou, jusqu'à ce que tu te détruises de toi même.
Tu vas vraiment laisser ce monstre gagner?

N'écoutant personne, tu continues ton chemin, marchant vers la fin.
Tu ne penses qu'à cet espoir de voir enfin un peu de lumière, au bout de ce tunnel sombre où tu es piégé depuis trop longtemps.

Tes écouteurs diffusant à présent "mercy" de muse. Chanson encore une fois en pleine adéquation. On pourrait presque croire que tu t'es fait une playlist pour l'occasion.

Plus que quelques pas et tu y seras enfin. Les questions se bousculent dans ta tête. Tu hurles un bon coup pour les faire taire. Un cri de détresse, de délivrance, de soulagement, d'apaisement, de haine? Peu importe il fallait que ça sorte. Tu constates avec un léger sourire que les voix dans ta tête se sont calmées. Elles ne se sont pas tues, mais elles sont passées comme en arrière fond et ne t'embêtent plus.

Heureusement personne ne t'as entendu. La maison la plus proche est maintenant trop loin pour que quelqu'un entende. Et tu es déjà trop loin pour que quelqu'un puisse te retenir.

Du calme, du répit, c'est ce dont tu as besoin. Ce que tu cherches désespérément.

Tu tournes au coin de la rue. Ça y est tu les vois enfin. L'issue que tu penses de secours à ta vie est là.
Tu marches vers eux calmement. La peur te chatouille pourtant le ventre, comme pour te défier. Mais tu ne laisses rien paraître. Tu maintiens enfouies les angoisses qui te rongent.

Attrapant dans ta poche ton téléphone, tu changes de chanson. Tu sais déjà la chanson que tu veux écouter. Elle a toujours eu une importance unique et une signification bien particulière pour toi.

Après l'avoir mise, Etienne Daho te la chante doucement au creux de l'oreille.
"Le premier jour du reste de ta vie", tu as le chic pour trouver des musiques pour n'importe quelles circonstances.

Les notes s'immiscent dans ton crâne en y chassant les questions.
Elles s'envolent doucement vers le ciel, emportant déjà avec elles un petit bout de toi.

Ton pied se pose dessus, et tu sens la ligne de fer sous ta semelle. Comme enchaîné, tu ne peux plus reculer.

Tu commences à marcher au milieu, te laissant toujours bercer par la mélodie.
Comme si tes sensations s'étaient décuplées, tu perçois le moindre petit bruit. Tu ressens la légère brise caresser ton épiderme. Tu observes la multitude de couleurs qui t'entoure.
En réalité tu ne possèdes pas de super pouvoirs. Tu prêtes juste plus attention aux petites merveilles qui t'entourent. Tu tentes de les mémoriser pour te créer un souvenir, sachant évidemment très bien, que tout cela est ridiculement inutile.

Un rayon de soleil vient t'éblouir, mais tu ne ripostes pas. Tu poursuis ton chemin.
Lui tournant le dos, tu continues de marcher, sachant très bien que ça ne fait que la repousser de quelques minutes. Dans tous les cas, tu ne la fuis pas, tu la cherches. Tu la défies simplement pour la forme.

Progressivement, tu entends un bruit se rapprocher.
Un sifflement de plus en plus fort se fait ouïr. Tu sens alors le sol sous tes pieds trembler violemment.

Toujours lui tournant le dos, comme si tu la défiais en lui montrant que tu ne la crains pas, tu avances inlassablement.
Loin de s'approcher à pas de loup, tu l'entends se rapprocher mais tu ne te démontes pas. Tu l'ignores ostensiblement.

La mort te prendra lâchement par derrière. Elle te fauchera sans une seule once de compassion. Tu es pour elle une offrande servie sur un plateau. Une sorte de jouissance s'empare déjà d'elle rien qu'à cette idée.
Elle s'emparera de toi à jamais, sans un seul remord.

La mort est une garce...

Le rail de la vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant