~Chapitre 1~

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Le bus vient juste d'arriver dans la ville où habite ma grand-mère chez qui je vais passer toutes mes vacances d'été; ayant préféré cela à une mère stressée, un père absent et un frère enfermé dans son monde d'adolescent miteux. Et moi, Jade, rescapée de cette famille, j'ai pris la décision de vivre quelque temps chez ma seconde mère, j'ai nommé Marta Corte.

Je m'étire longuement après ces cinq heures de route puis la préviens de mon arrivée imminente, et chargée de ma valise et de mes sacs, prends le chemin de sa maison où j'arrive dix minutes plus tard.

Malgré le fait qu'une voiture a failli me renverser, je suis en un seul morceau et heureuse. Les retrouvailles furent chaleureuse quoique brève, car fatiguée du voyage, je pars m'affaler dans mon lit.

-Jade, me réveille doucement ma grand-mère.

-Mmmm... Quoi ?, répondus-je vaguement.

-Ce soir il y a un petit concert à la salle des fêtes et je me suis dit que tu devrais venir avec moi pour rencontrer d'autres personnes.

-Oui d'accord, laisse moi trente minutes.

-Je t'attends en bas ma chérie.

Un concert ? Génial, moi qui était bien ensevelie dans ma grosse couverture. Je décide tout de même de suivre le jeu et après une courte douche ainsi qu'une préparation accélérée, je retrouve ma grand-mère qui tricotait en m'attendant.

-Ah pile dans les temps, me dit-elle, aller on y va ma puce.

Le pseudo concert a débuté depuis plus de trente minutes et l'ennuie me ronge peu à peu. Ma mamie m'a amenée vers toutes ses amies, assez fière que je cite "ma petite fille me rende enfin visite". À noter que j'ai supporté vaillamment les "oh elle a grandi", "je me souviens de toi, tu mesurais pas plus haut que ça!", et j'en passe, et j'en passe...

Assise à une table, le regard dans le vide, je suis plongée dans mes pensées lorsque Marta m'en extirpe:
-Alors ma chérie, comment tu trouves le concert ?
-Oh j'adore, mentis-je. je vais prendre un peu l'air !

Je sors sur le parking et reçois au même moment un appel de ma mère. La discussion fut rapide mais je ne m'en plains pas. Je prends ainsi l'initiative d'appeler mon amie, Rose, que j'ai abandonné pour ces vacances d'été.

-Heyyy mais c'est Jade qui donne enfin signe de vie, dit-elle après trois sonneries.

-Oh ça va, et puis je suis déjà gentille de t'appeler je te signale.

-Alors quoi de beau ?

-Je suis enfermée dans une salle remplie d'anciens depuis 20h00 avec en prime un concert, disons pas de mon goût du tout...

-Et c'est quoi ton type de musique alors ?, dit une voix grave qui me surpris tellement que j'en fis tomber mon portable.

-Allooooo Jade, tu m'entends, arrivais-je à entendre.

Pourtant je ne bouge pas, car je suis plongée dans le regard bleu et intensif d'un garçon qui me regarde avec confiance.

-Jade me dis pas que tu as encore fait tomber ton portable dans les WC ! C'est le troisième !

Cette magnifique intervention de Rose vaut un fou rire de mon inconnu et me fait rapidement ramasser mon portable.

-Euh, je te rappelle Rose, ma mamie m'attends.

-Vas-y file.

Je raccroche, range mon portable dans ma poche arrière et repart tranquillement en direction de la salle des fêtes.

-Tu n'as pas répondu à ma question.

Je me retourne et peux mieux le contempler: grand, cheveux châtains clairs et ce regard....

-Tu m'avais demandé quoi déjà ?

-Ton style de musique.

-Euhh...., hésitais-je.

Je remarque qu'il est tranquillement posé, les bras croisés, sur une voiture noire, une très belle voiture même, et je me souviens d'où je l'ai vue:

-C'est toi qui a failli me renverser tout à l'heure, lui dis-je.

-T'avançais pas assez vite, me répondît-il avec un sourire ravageur.

-Oh en effet, autant pour moi.

Il rigole d'une manière assez craquante je dois avouer et ma mamie coupe court à la discussion en venant m'appeler pour me présenter à une fille de mon âge. Je la suis sans me retourner, sentant tout de même un regard pesant dans mon dos.

Cette fois-ci je ne regrette pas de l'avoir suivie, elle m'a en effet présenté à une certaine Marie, une petite brune qui a dix-huit ans comme moi et qui à l'air assez amicale. On sympathise tout de suite et elle promet de me faire un tour de la ville le lendemain, puis on échange nos numéros et le concert touche à sa fin.

Je ne cesse de regarder mon réveil, il est désormais trois heures du matin et le sommeil refuse de venir à moi.

Désespérée, je me lève, enfile un legging un gros pull à capuche et sors par ma fenêtre pour une petite virée nocturne.

Après quelques minutes de marche, j'arrive finalement vers un hangar où plusieurs voitures sont garés devant bien qu'il n'y a personne aux alentours.

Étrange.

Alors que je m'avance, la porte du hangar s'ouvre en produisant un grondement terrible qui me surprend. Je prends mes jambes à mon cou et me cache contre un mur. Des bruits de pas se font entendre suivis de voix masculines.

-T'as intérêt de dire à Ben de se ramener samedi, dit une première voix.

Poussée par la curiosité, je décide de jeter un petit coup d'œil: il s'agit d'un groupe de quatre garçons. On dirait plus un espèce de duel deux contre deux. Il y en a un d'eux qui est un peu en retrait en train de fumer une cigarette.

Un grand brun parle:
-Il viendra mais tu devrais t'inquiéter pour ta chérie Nathan.

Soudain celui qui est en retrait jette son mégot et celui que je présume être son ami s'avance vers l'orateur de la menace:

-Répète pour voir ?!

Le ton commence à monter jusqu'à ce que celui que je présume être Nathan finisse par s'avancer d'un air calme et déterminé:

-Arrête Arthur, c'est bon laisse-les, dit-il une main posée sur l'épaule de son ami. Quant à vous, continue-t-il en pointant du doigt les deux autres, cassez-vous.

Son ton est si calme et à la fois si autoritaire, si bien que les deux concernés montent dans leur voiture sans dire un mot de plus.

Ah les soumis, pensais-je.

Ils partent et les deux restants continuent à causer entre eux.

-Aller viens on rentre, dit le présumé Arthur.

Il s'avance vers l'entrée et je suis au même moment prise d'un surprenant hoquet . Arthur n'a rien entendu mais Nathan me fixe et je le reconnais: c'était lui tout à l'heure sur le parking. Son regard par contre est beaucoup plus dure, si bien que je n'ose plus respirer. Je reste ainsi immobile jusqu'à que Arthur dise:

-Bon tu viens tu fais quoi ?

-Rien je réfléchis, dit alors Nathan, une chance pour moi.

Il détourne ainsi les yeux et rentre dans le hangar. Je reprends mon souffle et retourne chez moi sans traîner.

J'eus encore plus de mal à m'endormir.

Drive me. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant