Ib était belle, jeune, elle était une femme.
Ib rêvait de soleil et d'hommes, elle était sage.
Elle écrivait ses peines, elle écrivait ses drames.
Mais pas un ne lisait la moindre de ses pages.Ib, au matin chantait et cueillait le coton.
Ib avait les cheveux imprégnés de lavande.
Elle étouffait son cœur sous sa peau de charbon,
Ses yeux riaient, pourtant, sa peine était si grande.Ib avait un garçon. Pour elle, il était tout.
Ib aimait son bébé si fort qu'elle en souffrait.
Ib, tous les jours, s'offrait, pour son enfant, aux coups
De l'homme qui sans doute, un beau jour la tuerait.Ib jamais ne criait, pas même quand le fouet
Claquait son dos si chaud, brûlé par les supplices.
Ib était si tranquille, elle était préférée
Des hommes qui n'aimaient seulement que ses cuisses.Ib, une nuit, crevait, effondrée dans sa cage,
Pleurant son chérubin qu'on avait enlevé.
Elle pleurait si fort, maudissant l'esclavage,
Qui bien avant ce soir, l'avait déjà tuée.
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Le Spleen Au Bout Du Coeur
PoetryLe Monde perd son éclat...le poète en profite... Les pérégrinations mélancoliques d'un jeune homme qui cherche encore la lumière.