Chapitre 1

50 9 0
                                    

Je cours et je m'élance sur les toit qui se font face. Mes mains s'agrippent aux tuyaux, aux rebords et s'écorchent. Mes bras me soulèvent et me hissent sur les balcons. Mes jambes m'emmènent où elles le désirent et se cognent contre les murs, pendant que ma tête mémorise le chemin pour pouvoir rentrer après ma petite balade nocturne. Le vent est glacial et mon corps tremble légèrement, mais cela ne peut m'empêcher d'avancer. Je finis enfin par arriver à cette endroit que j'affectionne, je le sais grâce au Corbeau m'attendant près du rebord. Je finis par le rejoindre et m'accroupis à coté de lui en regardant la ville qui s'étend en dessous. Mon regard arrive à reconnaître mon lycée, la gare, le vieux magasin de bonbon et l'hotel où ma mère passe son temps après le travail accompagné d'hommes répugnants, mais ça ce n'est pas mon problème. Mon téléphone vibre, mais je ne lui accorde aucune attention, ce n'est pas le moment de me déranger. Je suis calme et apaisée quand je me trouve perchée avec mon Corbeau, qui est hypnotisé par les phares des voitures qui passent. Ses plumes sont aussi noires que la nuit et ses yeux jaunes ressemblent à des pépites d'ors. Cela va faire peut-être deux mois, voir trois que je viens lui rendre visite. Au début il avait peur de moi et s'envolait dès qui remarquait ma présence, mais maintenant il reste et ne daigne m'accorder un seul regard. Même si il m'ignore royalement, je l'aime bien, il m'apaise d'une certaine manière. Je sens des vibrations dans la poche de mon gilet et me décide à regarder qui cherche à me contacter. C'est une amie du lycée, une fille que je n'apprécie pas vraiment, mais qui accepte de traîner avec moi même si je ne parle pas beaucoup et que je ne lui offre même pas un semblant de sourire. Elle me demande si j'ai compris quelque chose à la leçon de physique, et je lui répond que non, comme d'habitude. C'est pas comme si ça m'intéressais plus que ça, je m'ennuie comme un rat mort entrain de me faire bouffer par des asticots quand je suis en cours. Je remarque qu'il est l'heure de rentrer, sinon je risque de croiser ma mère, donc je cours et m'élance sur les toits qui se font face.

Corbeau de nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant