Chapitre 8

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Ma tête est lourde, trop lourde... Je suis dans les vapes et je comprends pourquoi mes patients détestent ça. J'ouvre les yeux, parce que j'entends que ça s'agite autour, et m'aperçois que mon bras a été bandé. Une médecin (blousé et masqué) s'affaire à côté de moi, j'aurai imaginé un membre de la grande équipe mais bon je dois sûrement arrêter d'espérer... Je regarde le médecin passer de l'autre côté du lit, et il me détache les perfusions du bras, sans aucune délicatesse. Je grogne, mais il ne s'excuse pas, je lui demande :

"Vous... êtes qui ? Qu'est-ce que vous faites ?"

Il ne me répond pas, ne me regarde pas, et regarde surtout à l'extérieur de la chambre. Je ne le sens pas... Il arrête toutes les machines, la douleur qui sommeillait en moi se réveille quelques minutes plus tard. Je grimace, ce médecin fouille dans ses poches, je lui tire le bas de sa blouse :

"Hé !"

Je ne peux pas parler plus la migraine revient au galop, le médecin ferme la porte de ma chambre. J'essaye de me relever mais je n'ai pas encore assez de force, je cherche le bouton d'appel d'infirmiers mais quand je le tiens le fil arrive en entier dans ma main, il l'a détaché... Je le regarde, je cherche ses yeux, et quand j'arrive à les voir... Oh non...

"David ?
-Une dernière volonté ma belle ?
-Oui.
-Je t'écoute...
-J'espère que tu crèveras dans d'atroces souffrances !
-C'est marrant je te souhaitais la même chose."

Je le vois sortir de sa poche un magnifique scalpel, je le sens sourire sous son masque, et je suis sûre que ce sourire est loin d'être sain. Il pose la lame de son scalpel au niveau de la jugulaire, je ne bouge pas, si j'exécute le moindre mouvement, il pourrait m'être fatal. Je m'autorise quelque mots, je parle doucement :

"David, enlève ce scalpel...
-J'adore sentir ton cœur battre, tout ce sang qu'il va falloir déverser... C'est dommage. Mais c'est la vie..."

Il retire la lame de mon cou, je me permets de souffler, je dois arriver à gérer la douleur qui m'assaille de toutes part mais également le stress, la panique, la peur, l'angoisse... L'objet métallique pointe vers mon bandage du bras, il commence à percer la couche d'adhésif, je retiens ma respiration par peur de la douleur qui pourrait suivre. La lame transperce le bandage comme si c'était du beurre avant d'appuyer légèrement sur la peau, je gémis, je ne hurlerai pas, je ne lui ferai pas ce plaisir. Il me montre ses yeux sadiques, avec une main il baisse son masque me laissant observer sa magnifique dentition dans laquelle j'ai envie d'écraser mon poing. Il appuie le scalpel et je me mets à crier. La douleur est violente, la lame s'est enfoncée dans la plaie qui ne s'était pas encore refermée. Je me tends et accroche fermement le lit, je ne peux pas bouger au risque qu'il me coupe le bras. Sa grande main vient se plaquer sur ma boucher, m'empêchant carrément de respirer, j'ai beau secouer la tête, rien ne se passe. Mon bandage commence à nouveau rougir. Quelques larmes sont apparues et commencent à couler... Je ne peux plus rien faire...

"Carrie, est-ce que tout... Qu'est-ce que vous faites ?! Arrêtez !!"

Le café qu'Andrew tenait dans une main a explosé par terre. Il s'est précipité dans la pièce ; le scalpel s'est retiré brusquement de mon bras, "grâce" à la douleur j'ai pu me relever complètement et immédiatement je pose ma main valide sur mon bras qui recommence à saigner. La machine derrière moi s'est renversée ; j'en avais perdu de vue les deux. Andrew s'est jeté sur David, en emportant le matériel médical, Andrew a relevé David en le plaquant contre le mur et a commencé à cogner, encore et encore. J'ai posé ma main pleine de sang sur la blouse d'Andrew, avec un mélange de peur et de larmes dans la voix quand je me suis rappelée que David tenait encore son scalpel :

"Andrew ! Stop ! Arrête !"

Mes cris n'ont servi à rien, et David, les bras le long du corps à enfoncé la lame dans la cuisse d'Andrew qui crie à son tour et se tient à mon lit. David détale, mais je n'ai pas l'intention de le laisser partir. Je sors du lit, je sais que je n'aurai de force que pour quelques pas, alors je puise dans mes derniers retranchements et au moment où il passe l'encadrement de la porte je me jette sur lui. Je m'écrase de tout mon poids contre lui, il tombe la seconde qui suit. Ma tête percute le sol, un bruit strident me prend la tête, j'ai envie de prendre appui avec mes jambes sur le sol, mais j'en suis incapable, j'arrive à peine à retrouver mes esprits qu'une masse arrive devant moi, se pose sur moi exactement. Avec un genou sur mon thorax je suis incapable de respirer, David me colle une droite, tout tourne très vide autour de moi, flou et les bruits sont extrêmement sourds. Je crois distinguer son poing mais il s'abattra pas sur moi, quelqu'un le retire de moi, avec un bras j'essaye de me mettre assise. Je sens des mains me saisir et m'aider à ce mettre debout, elles me soutiennent je suis incapable d'être stable. Une blouse m'entoure de chaque côté et trois devant moi... J'entends très mal, et ma vue devient un peu plus nette... Une faisceau lumineux se dirige de droite à gauche, je cligne plusieurs fois les yeux avec insistance pour retrouver une vision correcte, une femme afro-américaine tient une petite lampe torche, je la vois agiter ses lèvres, je sais ce qu'elle dit mais j'ai beaucoup de mal à percevoir les sons qui m'entourent qui, pour le moment ne forment qu'un énorme brouhaha. Alors je suis la lumière des yeux, la femme esquisse un sourire, à sa droite se trouve Grey (qui s'affaire déjà à mon bras) et de l'autre côté Arizona. Cependant, derrière les trois, je distingue Wilson adossé contre un mur, se cachant la bou he avec une main, et Amelia essaye de la rassurer, apparement sans réussite. Je me demande qui me porte... Petit à petit les sons forment des murmures puis des mots et enfin des phrases : la femme du milieu continue de me parler :

"Docteur Riggs est-ce que vous m'entendez ?
-O-Oui...
-Super ! Je suis le docteur Edwards, vous vous souvenez ce qu'il s'est passé (brusquement tout me revient comme si j'avais tout oublié) ?
-Andrew ! Et, et David ! Et le scalpel ! Et...
-Docteur Riggs il faut vous calmer...
-Mais je...
-Carrie !"

Je ne peux pas me retourner, mais ceux qui me portent (à peu près la même taille) me place sur un fauteuil qu'Arizona était partie chercher. A côté de la chambre, se tient David solidement embarqué par les deux vigiles de l'hôpital, Alex se redresse et avec ses deux mains réajuste sa blouse, quand il m'aperçoit il me glisse un clin d'œil auquel je réponds par un sourire. Andrew se tient toujours à mon lit, et Maggie l'aide à marcher jusqu'à moi, quand il arrive, il s'accroupit sur sa jambe valide, et je le prends dans mes bras, perdue dans mes émotions et laissant retomber la pression :

"C'est fini Carrie c'est fini...
-Merci merci merci...
-Carrie, je ne peux pas soigner ton bras si tu bouges.
-C'est bon laisse la Grey...
-Ouais doucement.
-C'est bon ! Je rigole, et depuis quand vous êtes d'accord vous deux ?"

Je lève des yeux larmoyants vers Hunt et Nathan qui semblent bien s'entendre (au moins cette fois). Je rabaisse le bras sur le côté du fauteuil, Grey retire le bandage en entier en faisant attention à ne pas développer l'hémorragie qui s'était mise à proliférer. C'est dingue comme j'arrive toujours pas à savoir ce qu'elle pense... On m'amène dans une autre chambre que dans celle que j'était, et de là tout le monde commence à me poser des questions plus ou moins cohérentes, je suis littéralement envahie de questions et Grey les interrompt tous :

"Hé ! J'ai besoin de calme pour bosser. Alors vous êtes gentils vous attendez dehors. Tous. Allez !!"

En bougonnant la salle s'est vidée à l'extérieur, pour éviter d'être encore dérangée, Grey ferme les stores sous les protestations avant de verrouiller la porte. Elle revient se mettre à côté de moi et continue de nettoyer mon bras alors que je repense à ce qu'il vient de se produire Grey me tire de mes pensées :

"Je ne te déteste pas.
-Ah bon ?
-Tu es arrivée comme une fleur un matin, tu t'es retrouvée titulaire en moins de deux minutes. Tu t'entends bien avec tout le monde, mais tu as un blanc de deux ans dans ta vie personnelle, et personne ne savait rien de toi. Je me méfiais, je ne te détestais pas.
-Ça explique certaines choses... Mais maintenant ?
-Tu es un bon chirurgien, pas à ma hauteur mais pas mauvais. Et tu es aussi très têtue.
-Si vous avez des questions sur moi ou sur mon passé je peux répondre...
-Quoi maintenant ? Non ce serait trop bizarre.
-Alors on va parler de vous (elle relève la tête).
-De moi ?
-De vous (je lui lance un regard complice). Alors... Depuis quand vous projetez de vous mettre avec mon frère ?
-Que je... Non, je n'ai pas prévu de... Enfin non...
-Ha ha ! Vous vous êtes piégée toute seule ! Vous inquiétez pas, je dirai rien.
-Mais puisque je te dis que non...
-Mouais, je le saurai quand même vous savez ?
-Savoir quoi ?
-Que vous faites des choses avec mon frère."

Je lui lance un clin d'œil et elle se laisse rire pour la première fois. Cette journée est peut-être pas si pourrie en fait.

La nouvelle de ChicagoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant