L'illusionniste

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L’illusionniste

Nous étions un soir de novembre, allongée sur la banquette qui se trouvait sous la fenêtre de son salon, une jeune femme regardait les flocons recouvrir le sol d'une jolie et fine couverture blanche. Elle adorait se retrouver ainsi et admirer, du dixième étage de son immeuble, la vue splendide de New-York. Elle pouvait y observer les hommes d'affaires, les jeunes femmes stylisées, les touristes ou encore les artistes, parcourir les rues de cette ville qui, la nuit tout autant que le jour, semble toujours vivante. La soirée étant bien avancée, la jolie brune décida d'aller au lit car le lendemain allait être une journée très chargée ; son patron revenait d'un voyage d'affaire avec leurs investisseurs Londoniens.

Après avoir appuyé plus d'une fois sur le bouton "SNOOZE" de son réveille-matin, elle retroussa les couvertures et s'installa sur le rebord du lit, laissant ses petites jambes se balancer dans le vide. Elle prit quelques instants pour ouvrir correctement les yeux, puis sauta du lit et se dirigea vers la cuisine. Une odeur de café fraîchement coulé régnait dans la pièce. Déjà, son fin et délicat visage, affichait un sourire radieux ; elle adorait se réveiller avec cette douce et merveilleuse odeur. C'est d'ailleurs pour cette raison que, tout les soirs, elle préparait et programmait la cafetière pour le matin suivant. Elle mit deux tranches de pains dans le grille-pain pour ensuite se diriger vers la grande vitrine du salon. Ses petites mains fines accrochées à une tasse, elle regardait le soleil se lever et voyait déjà les gens s'activer dans les rues. Une fois son petit déjeuner terminé, elle alla se maquiller et se coiffer dans la salle de bain. Ses grands yeux, d’un brun teinté de jaune doré, étaient mis en valeur par une petite ligne d'eyeliner noir et d'une touche de mascara. Elle avait laissé onduler ses longs cheveux, bruns et méchés d’une couleur caramel, tomber sur ses épaules et descendre au milieu de son dos. Après une trentaine de minutes, elle fut enfin prête à quitter son condo et regarda, pour une dernière fois, son reflet dans le grand miroir sur pied dans l'entrée. Elle avait enfilé un pantalon  "skinny" noir et une jolie chemise pourpre en soie, dont le col en forme de "V"  n'était pas trop plongeant. De plus, elle avait assorti cette tenue avec un magnifique ensemble de collier et boucles d'oreilles en perles noire. Tout juste avant de sortir, elle appliqua sur ses lèvres un "gloss" rouge éclatant, puis enfila une longue canadienne grise foncée et des bottes hautes en cuir noir. 

À trente ans, Angélique reflétait l'image d'une douce jeune femme, à la fois élégante et assurée. Elle n'avait pas fait de grandes études, mais ceci ne lui avait pas empêché de devenir l'une des meilleures adjointes administratives que l'on pouvait trouver. À dix-sept ans, elle avait travaillé pour sa mère, qui dirige sa propre compagnie de tenue de livres. À la suite de cette expérience, où elle y  avait acquis les exigences du métier de secrétariat, elle avait décidé de complété un diplôme d’études collégiales en comptabilité. Aujourd’hui, elle est l'adjointe de Monsieur Yan Langevin. Un jeune homme d'affaire de trente-quatre ans, qu'elle avait connu, il y a longtemps, dans une petite ville du Québec, au Canada.  En effet, à l’adolescence, Angélique l’avait rencontré lors d’une fête organisée par des amis communs, puis ils se sont finalement liés d'amitié. Malheureusement, les grands et ambitieux projets de Yan, ainsi que son désir de voyager, firent en sorte qu’il décide de quitter le pays et poursuivre ses études en marketing, aux États-Unis. Quelques années plus tard, lorsqu’Angélique posa sa candidature chez Langevin Corporated, elle ne croyait aucunement postuler pour travailler avec son ancien ami. Ils furent sous le choc lorsqu’il vint l’accueillir pour l’entretient. Elle n’avait donc pas eu trop de mal à décrocher l'emploi, non pas parce qu’ils se connaissent, mais parce qu’il sait qu'elle est amplement qualifiée et compétente dans le domaine. De plus, la chimie, l'ambition et les compétences qu'ils ont en communs, seraient des atouts considérables pour la compagnie et il ne put passer à côté de cette chance. Elle était la personne parfaite pour l’accompagner et l’aider dans son travail. Cela fait donc cinq ans, qu’ils travaillent d’arrache-pied, pour le développement de l'entreprise. Celle-ci est maintenant très réputée et respectée et il y a même une possibilité d'ouvrir une succursale à Londres.

- Hé ma belle ! Voudrais-tu sortir d’ici et m'accompagner au Pub pour le dîner ? demanda Yan en passant sa tête dans le cadrage de la porte du bureau d'Angélique.

- Quoi ? C'est déjà le midi ! J'étais tellement prise dans ce dossier, que je n'ai pas vu la matinée passer, s’exclama-t-elle en relevant  la tête et appuyant son dos contre le dossier de sa chaise. 

- Oui je vois ça, il est plus de treize heures, mais cet acharnement et cette rigueur au travail, font que j'adore mon adjointe, lui dit-il avec un petit sourire narquois.

- C'est ça oui…  souffla-t-elle en roulant les yeux vers le haut. 

- Ne roule pas les yeux de cette façon ! ordonna-t-il en croisant les bras sur son torse et prenant un ton autoritaire

- Tu sais très bien que j'apprécie ton travail, bien plus que tu le crois d’ailleurs. Sans toi, cette entreprise, ne serait pas devenue ce qu’elle est et certainement pas en expansion à Londres. Tu as réellement fait la différence ici, et j'en serai toujours reconnaissant.

Son magnifique et enivrant regard, qui rappelait la couleur de l’eau des Caraïbes, s’adoucit et sembla sincère. Angélique planta son regard dans le sien et prit un sourire en coin.

 -NOUS avons fait la différence. Nous sommes une équipe toi et moi, mais cette marque de reconnaissance à mon égard me rend très heureuse, je t’en remercie.

Elle se leva doucement, tout en contournant son bureau et ajouta,

- Toutefois, faites attention Monsieur Langevin ! Me couvrir d’aussi beaux compliments pourrait certainement me donner l’envie de réclamer une augmentation salariale ! Un sourire dont la dentition parfaitement droite et d’un blanc éclatant, s’afficha sur son visage.

- Pff ! Pour ça, tu peux toujours courir ma vieille, dit-il en lui tirant la langue tel un gamin.

- Maintenant, allons manger, je meurs de faim !

- Parfait, j'arrive, dit-elle en enfilant son manteau. Tu en profiteras pour me raconter ton séjour en Angleterre.

En marchant dans le couloir qui menait vers la sortie, Yan déposa son bras de façon à entourer ses épaules et l’attira vers lui. Ils passèrent devant un groupe d'employés qui ne s’étaient pas gênés de les observer et chuchoter entre eux. Normalement, elle se serait empressée de mettre fin aux suppositions qu’ils racontaient probablement sur leurs relation, mais cette fois-ci, elle était beaucoup trop heureuse de retrouver son ami pour leurs accorder cette attention.

À son arrivée ici, Angélique fut la cible de plusieurs rumeurs concernant sa relation avec le grand patron. En effet, tous croyaient qu’il l’avait engagée uniquement parce qu'ils entretenaient, selon les ouï-dire, plus qu'une simple relation professionnelle et amicale. Bien que Yan soit un jeune homme séduisant au visage angélique et caractériel, son charme naturel et son sourire séducteur n’avaient pas réussi à atteindre le cœur d'Angie. Évidemment, elle reconnait qu’il soit un très bel homme, mais il n'y a jamais rien eu entre eux, sauf bien sur, une grande amitié. Elle le voyait plutôt comme un grand frère et lui comme une petite sœur. Oui, petite il faut le dire, parce qu’il prenait un malin plaisir à la taquiner avec sa taille ; du haut de ses cinq pieds trois pouces, lui faisant tout près de six pieds, à peine lui arrivait-elle sous les aisselles.

Alors qu’ils venaient tout juste de sortir de l’immeuble, se dirigeant vers leur Pub favori " Le Brasier ", Yan se retourna brusquement vers elle.

- Oh ! J’ai oublié de te dire Angie, mon ami Luc viendra peut-être se joindre à nous.

- Luc, qui c'est celui-là? Oh mais attends… je t'arrête tout de suite ! Je ne veux pas un de tes rendez-vous arrangés. La dernière fois que tu t'es mêlé de mes histoires de cœur, j'ai dû me taper un gars dont l'égo était tellement grand, qu'il n’a pu passer dans la porte en sortant, dit-elle croisant les bras devant son buste et affichant une mine boudeuse. 

- Mais non ! Tu n'y es pas du tout, je n'ai rien arrangé. En fait, Luc est un vieux copain d'école et ça fait un sacré bout de temps que je l’ai vu. Nous voulons seulement reprendre le temps perdu puisqu’ il est à New-York. Ne t'inquiètes pas, je me suis juré de ne plus rien arranger pour toi. Je me souviens encore très bien que tu m'avais fait la gueule pendant près de trois semaines, juste pour ce rendez-vous manqué. 

- Exactement ! Et avec raison en plus ! dit-elle avec un petit sourire moqueur. C'était un vrai connard ce mec !

À suivre...  

L'illusionnisteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant