Chapitre 1

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La journée se finissait enfin, le jour s'obscurcissait laissant la nuit poser sur la ville son voile sombre. La température chutait petit-à-petit et une brise soufflait légèrement. Stiles sortait de la librairie où il était resté plus que prévu afin de réviser pour ses examens de la semaine suivante. Le sac sur le dos et deux livres sous le bras, il rentrait chez lui. Depuis maintenant plusieurs semaines, il empruntait toujours le même itinéraire. Il marchait le long du boulevard puis coupait par plusieurs petites allées mal éclairées, jonchées d'ordures, aux murs de briques rouges tagués d'insultes diverses et variées contre les forces de l'ordre, avant de retomber sur la fin du boulevard. De là il n'avait qu'un croisement à traverser avant de retrouver la route qui le menait jusqu'à chez lui. Ce trajet ne lui prenait que 20 minutes. La plupart du temps, il ne trouvait personne. Mais parfois, il n'avait pas cette chance. 

Alors qu'il empruntait l'allée derrière la boutique d'antiquité que tenait Mme Rogers, qui autrefois le surveillait quand son père était au poste, il entendit des rires l'entourer. Pas très rassuré, il pressa le pas. En vain. Quelqu'un l'attrapa par le bras. Il n'eut pas le temps d'émettre le moindre son qu'un coup à l'abdomen le fit jeta au sol. Il tenta de se relever mais avait le souffle coupé. Alors qu'il réussit à se mettre à genoux, l'un des quatre jeunes lui asséna un coup de pied au visage, le renvoyant à terre. Stiles avait pu entendre l'os de sa pommette craquer sous la violence du coup. Une violente douleur et un liquide chaud se faisait ressentir sur sa joue. Il ne pouvait rien faire, il était paralysé par les coups qui pleuvaient. Il était recroquevillé à terre, tentant de se protéger sans y parvenir. Les suppliques de Stiles leur demandant d'arrêter n'y changeaient rien. Deux d'entre eux, l'attrapèrent, le mirent sur ses deux pieds et le maintinrent les bras dans le dos permettant aux deux autres de se défouler. Stiles se faisait rouer de coups de poings et de coups de pieds, il sentait chacun de ses os et de ses muscles réagir. La souffrance s'accroissant lui coupait le souffle et il ne parvenait plus à produire le moindre son, il ne pouvait pas appeler à l'aide. Il n'avait plus la force de leur demander d'arrêter. Il ne pouvait même pas se laisser glisser à terre, la poigne de fer des deux mecs le retenant de s'enfuir ou de tomber.

Un tunnel noir s'était formé devant ses yeux, il se sentait perdre connaissance progressivement sous les supplices de ses agresseurs quand les coups cessèrent subitement. Sans pouvoir amortir sa chute,il se retrouva par terre, transi de douleur et de froid, se demandant si il avait encore la force de rentrer chez lui ou si il devrait attendre et espérer que quelqu'un le remarque ou remarque son absence. Il attendit de retrouver suffisamment ses esprits avant de tenter de se relever. Le moindre de ses mouvements et la moindre respiration lui faisaient terriblement mal, du sang lui coulait dans les yeux, il peinait à mettre un pied devant l'autre des vertiges manquant de dérober le sol sous ses pieds. Tentant tant bien que mal de garder profil bas pour ne pas attirer l'attention, il parvint à rentrer chez lui. Par chance, son père n'était pas encore rentré, ce qui lui donnait le temps de nettoyer toutes les plaies qui couvraient son visage et de prendre un analgésique espérant dissimuler l'état de souffrance dans lequel il se trouvait. Il se dirigea vers la salle de bain où il se déshabilla non sans peines, mis en boule ses habits maculés de sang dans l'intention de s'en débarrasser plus tard et se glissa sous le jet d'eau de la douche. Il régla la température le plus chaud possible, priant pour que la brûlure de l'eau efface sur son passage les traces de ce qui venait d'arriver. Il se maintenait debout les mains appuyées contre le carrelage froid de la cabine de douche, l'eau chaude lui glissant le long de son dos tuméfié et ferma les yeux. Qu'allait-il dire à son père quand il verra dans quel état il est rentré du lycée?

Quand la chaleur de l'eau ne se fit plus remarquer, il éteignit l'eau et se sécha rapidement grimaçant à chaque fois qu'il passait la serviette sur un hématome déjà en train de se former. Il enfila un bas de jogging et un pull assez ample pour dissimuler un maximum d'ecchymoses. Il fut soulagé d'avoir eu le temps de penser à quoi dire à son père car ce dernier vint frapper à sa porte. Stiles ne bougea pas, prit une grande mais douloureuse inspiration et lui dit d'entrer. Noah Stilinski, Shériff de Beacon Hills et père de ce délinquant comme il aime le dire, mit moins d'une seconde à remarquer l'état de son fils. Il s'approcha de lui et saisit son visage entre ses mains. Ses traits étaient tirés par l'inquiétude.

- Bon sang Stiles, que t'est-il arrivé?


Stiles se libéra de l'étreinte de son père et tenta de réprimer une grimace lorsque le mouvement lui fit ressentir une violente douleur au niveau des côtes.

- Ce n'est rien Papa, j'ai juste glissé de l'échelle à la librairie. Tu sais à quel point je suis maladroit!

Son père soupira, dubitatif et sortit de la chambre en lui disant que le repas serait prêt dans 15 minutes. Stiles avait donc ce délai là pour se préparer à la souffrance infligée par le moindre mouvement. Comme d'habitude il avait minimisé l'état dans lequel il se trouvait pour ne pas inquiéter son père plus qu'il ne l'était déjà depuis quelques années. Toutefois, il ne savait pas comment il parviendrait à cacher l'importance des dégats et surtout à dissimuler l'état de douleur dans lequel il se trouvait, les analgésiques n'ayant eu aucuns effets n'aidaient pas non plus.


Noah avait lancé des regards inquiets et suspicieux à Stiles tout le long de la soirée, lui demandant à plusieurs reprises s'il était sûr d'aller bien. Stiles lui avait assuré que oui même si à l'intérieur il souffrait le martyre. Mentir à son père était une chose qu'il maîtrisait relativement bien maintenant. Qu'en serait-il le lendemain lorsqu'il devrait retrouver la meute chez Derek pour faire un point sur les nouveaux intrus qui rôdaient. Son père ne pouvait pas être certain qu'il mentait mais les loups le sauraient immédiatement à son rythme cardiaque et en un seul reniflement ils seraient capable de sentir la douleur dans laquelle il se noyait.

No Safety in SecretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant