II

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A peine eut-elle un pied posé dans la maison de la famille Devitt dan la ville de Bray que tous les sens de Charlotte furent vivement sollicités.

Son odorat car l'air fleurait bon le poulet en train de rôtir au four ainsi que les pommes, la vue car toutes les pièces du rez-de-chaussée étaient illuminées, jetant des flaques d'or sur les parterres de fleurs, l'ouïe car des enfants riaient en se coursant dans le minuscule hall et le salon tandis qu'un commentateur de foot braillait à la télévision et une joyeuse conversation ponctuée d'entrechoquements d'ustensiles et de gazouillement de bébé retentissait plus loin et, enfin, le toucher car la petite Shelley s'accrochait à sa main et un petit garçon brun haut comme trois pommes se jeta contre ses jambes en s'esclaffant.
Démunie car absolument pas habituée à fréquenter des enfants, la grande blonde jeta un regard paniqué à l'irlandais comme s'ils étaient des mygales en train de l'escalader, raide comme un piquet en dépit des enfants accrochés à elle. Aucun ne sembla ressentir sa crainte contrairement aux animaux qui la percevaient et s'en imprégnaient jusqu'à prendre la fuite. Ils restèrent donc dans cette position à communiquer dans le langage babillant propre aux enfants en bas âge tandis que Finn retenait un rire devant cet incongru portrait. 

Il tenta de la rassurer avec un sourire et un clin d'œil complice, déjà impatient de raconter cette anecdote.

Consciente de l'image qu'elle devait donner, la catcheuse ébouriffa la chevelure du petit garçon de façon un peu mécanique à cause de sa gêne, daignant enfin regarder ce petit être qui la prenait déjà pour sa peluche. Elle ne put retenir un sourire ravi lorsque ce dernier resserra sa prise autour de sa jambe et un étrange sentiment vint même alléger son cœur meurtri.

Arriva alors une petite dame d'une soixantaine d'années, un sourire radieux accroché sur son visage ridé, accompagnée d'une jeune femme brune dont les traits ne laissaient planer aucun doute sur son identité. Cette dernière portait un bébé dont le crâne était parsemé de quelques boucles châtains tout contre sa poitrine dans un signe éloquent d'amour.
Ils'agissait de la mère de Finn, Leonie, qu'elle reconnaissait pour l'avoir déjà vu à NXT lorsqu'elle était venue encourager son fils, et de sa petite sœur.

- Ça alors, tu nous as ramené la grande Ashley Fliehr ! s'extasia Leonie en coulant un regard mi-amusé mi-réprobateur à son fils avant d'étreindre la blonde et lui déposer un chaleureux baiser sur chaque joue. J'espère que tu as fait bon voyage. Ne t'inquiète pas, on va bien prendre soin de toi : tu n'as qu'à mettre les pieds sous la table pour le dîner et monter te coucher. Je t'ai préparé la chambre d'Anne-Marie, tu devrais t'y sentir bien. Shelley, Braden, allez aider papy à mettre la table, vous seriez des anges.

Madame Devitt avait bien remarqué l'embarras de la blonde et souhaitait la mettre à son aise. Elle était une parfaite hôtesse de maison.

- Merci, vous êtes adorable, murmura la jeune femme en lui rendant son étreinte, à l'aise dans ses bras comme si elle était sa propre mère, les deux enfants la lâchant enfin pour s'envoler dans la cuisine dans un concert de pépiements.

- Calme-toi maman, tu peux reprendre ton souffle, la taquina la fameuse Anne-Marie à ses côtés avec un sourire mutin avant d'enlacer à son tour la blonde avec un cri enthousiaste, mais maladroitement à cause du bébé qui faisait barrière entre elles. Salut Ashley ! T'inquiète pas, tu risques d'être un peu paumée au début parce que c'est agité avec les gosses et maman est stressée, mais tu vas t'y faire ! Ils vont bien s'occuper de toi.

- Bonsoir Anne-Marie. Oh tant que c'est pas des fans fous furieux ou des gens qui parlent affaires, ça me va très bien, assura Charlotte en plissant le nez d'amusement,sentant le nœud dans son estomac se dénouer doucement, mais sûrement.

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