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Arrivé chez moi, j'attrape le carton remis par la mère d'Eden.

"Elle aurait voulu qu'elles soient à toi dans ce cas là" m'a t elle dit. Je l'ai posé par terre et l'ai serré dans mes bras.

C'était le jour de son enterrement. Tout le monde était persuadé qu'elle était morte malgré qu'aucun corps n'ait été trouvé, un cercueil vide avait donc été descendu en terre. Dedans, une photo d'Eden. J'ai trouvé ça tellement ridicule que je n'ai pas pleuré. Je me suis tenu au fond de la foule venant pleurer pour elle, et j'ai regardé de haut tous ces imbéciles. À part sa famille, la moitié des personnes ne la connaissaient que de nom et l'autre moitié était surtout composée de commerçants du coin et de professeurs. Sa famille. Eden n'en avait rien à foutre, des liens familiaux, ainsi elle s'était créé sa famille par des affinités, des choses partagées. Sa famille de coeur.

Elle n'aurait jamais voulu cet enterrement. Elle aurait voulu un truc fou comme une dispersion de cendres du haut de l'Everest, quelque chose qui aurait énervé la plupart des gens ici présent. Quelque chose d'original.

 Elle aimait le danger. Elle marchait au milieu de la route, faisait le cochon pendu au haut de la balançoire des parcs, aimait les vieille maisons abandonnées, les lieux à histoire. Par dessus tout, elle aimait les bois. Elle admirait la lune et les étoiles des heures entières. Elle n'avait pas peur de se ridiculiser. Elle attachait beaucoup d'importance aux vieilles croyances. Elle était unique. Elle n'avait jamais voulu intégrer l'équipe des cheerladers, contrairement a toutes les filles du lycée. Elle courait vite et grimpait partout. Elle trouvait un peu de bonheur dans chaque chose, elle était une éternelle optimiste. Rien n'était impossible avec elle. Elle était par contre extrêmement têtue. Volcanique. Elle râlait pour tout et rien, même sans raison. Ça m'a toujours fait rire. Elle était forte. Elle avait tendance à être violente dans ses accès de colère, à devenir une autre Eden, incontrôlable. Il ne fallait pas la chercher quand elle était de mauvaise humeur. Elle écartait les idioties d'un haussement de sourcils. Elle riait pour un rien, de son joli rire clair en cascade. Elle était très tactile, tombait amoureuse comme on tombe malade. Elle n'était pas très bavarde, sauf avec moi. On avait de grandes discussions sur tout et rien, on ne manquait jamais de sujets de conversation. Elle pouvait tout me dire, elle le savait. On se connaissait depuis qu'on était gamins, et aussi longtemps que je m'en souvienne, on avait toujours été meilleurs amis. En primaire, je la protégeais des petits caïds, au collège elle me relookait et me donnait des conseils pour séduire les filles. Au lycée, on était tombés dans la même classe qu'Elliott, Aria et Tyler, nos amis d'enfance. Je me rappelle de notre joie devant le panneau d'affichage. Elle m'avait dit "Dereck, mon vieux, tu ne peut donc pas te passer de moi ?" avant de me mettre une tape amicale sur la joue et de me dire qu'elle était vraiment heureuse qu'on soit ensemble une année de plus. Finalement, ça a été deux ans de cours qu'on a plus ou moins suivis ensembles. 

De l'or dans le noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant