5. Résistante.

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L'histoire que je vais vous raconter, avec le plus grand sérieux qui puisse être, est l'un des souvenirs les plus sombres de ma mémoire...

Je regardais, avec ma famille, un discours de notre président, M. WattMoney, tout en mangeant un gratin de chips paysannes ( une spécialité chez nous ! ), lorsque je sentis un drôle de déclic dans ma tête.

Et si tout cela n'était qu'un simple délire, un ridicule mouvement de mode passager et stupide, une mascarade, un complot, même, dans le but de nous abrutir ?  

Je repris alors mes esprit. Non, cela ne pouvait être possible. Il est vrai que je détestais Wattpad ( m'y étant inscrite seulement pour respecter le règlement ), que je trouvais les seuls livres étudiés d'une stupidité et d'un ennui effrayants, que je me faisais vomir tous les soirs après avoir mangé une poêlée de chips paysannes, que je ne supportais pas les yaourts ni aucun autres produits laitiers, et que je récitais avec morosité la phrase « on se fait une David ? », et pourtant je n'avais rien contre ce gouvernement. Si on oublie le fait que ce« virus » ait réussi à rendre notre beau pays complètement fou, totalitaire et crétin, c'est tout de même une belle chose !  

Pourtant, il y avait toujours ce truc, bruyant, insupportable, déroutant, alarmant, et grandissant sans arrêt dans mon esprit. Comment lutter contre cette idée ? Comment en finir avec cette pensée ? Je ne savais point.

- Maman, pourquoi l'avoir élu président ?, osai-je demander d'une petite voix à ma génitrice qui regardait béatement l'image de notre leader.

- Pourquoi une telle question ? Es-tu folle, ma file ?, répondit-elle en s'arrachant à sa contemplation presque amoureuse.

- Non, non, c'est juste une question que je me pose, parce que, soyons honnête, il ne fait pas grand chose à part du placement produit pour Yoplait et Lays...   

- Comment oses-tu dire ça ?, hurla soudainement mon père avec colère et... et dégoût.

- Elle est corrompue..., murmura mon petit frère horrifié.

- Il faut la faire soigner !, renchérit ma sœur jumelle.   

- Mais... Mais non enfin ! C'est de la pure curiosité ! Et puis c'est vrai aussi, vous êtes tous en admiration devant lui, mais ce n'est qu'un clown ! Ce gouvernement n'est que pitreries et moqueries ! C'est réellement une plaisanterie, quoi d'autre sinon ? Une mascarade, une manipulation !, m'exclamai-je sans retenue.

Le silence qui suivit ma déclaration fut mortellement froid. Les regard que ma famille me lançait me faisaient l'effet de pics de glace, heurtant mon être douloureusement. Le temps était gelé, et la colère de monentourage brillait dans leurs yeux, tout comme un lac de neige brillesous le soleil. L'ambiance, vous l'aurez compris, était hivernale.

Je n'eus jamais aussi peur de toutema vie. Mon père se leva, terrifiant et monstrueux, et cria ( enfinle verbe « beugler » serait sûrement plus approprié,mais passons ) :

- Plus jamais ! Plus jamais de telles horreurs chez moi ! Va te faire une David immédiatement si tu ne veux pas être reniée ! Quelle honte j'ai d'avoir une fille pareille ! Une abomination, voilà ce que tu es !

- Calme toi mon chéri, chuchota ma mère. Ce n'est pas bon pour le cœur de se mettre dans un état pareil... On la fout dehors et après on va se faire une David, d'accord ?   

- Oui, répondit tout doucement mon abruti de daron.

- Va faire tes valises, m'ordonna brusquement la folle qui me servait de mère.

- Mais..., protestai-je sans grande conviction.   

M'éloigner de ses fous était mon rêve le plus cher désormais. Je me levai dignement, et gagnai ma chambre. Là je pris quelques vêtements, dont mon T-Shirt préféré à l'effigie de Jimi Hendrix, une compilation de Jul car j'avais lu que c'était un remède efficace contre le virus qui s'abattait sur notre beau pays, quelques excellents romans ainsi que de quoi écrire. Puis je me muni d'une serviette de bain, ma brosse à dents et je n'hésitai pas à voler le tube de dentifrice. Après avoir mis tout cela dans une petite valise, je me dirigeai vers la cuisine, passant ostensiblement devant mes parents. Je pris quelques boîtes de thon qui heureusement n'avaient pas été jetées, ainsi que du pain de mie et le saucisson qui, dans le réfrigérateur, se battait en duel avec un concombre. Bien évidemment, je laissais là les yaourts et chips paysannes.  

Je sortis de chez moi et marchai un long moment dans le vent sec et tumultueux. Et depuis ce jour, comme tout m'est interdit, je marche sans m'arrêter, essayant de convaincre les gens de me suivre, volant pour me nourrir, et luttant secrètement contre ces fous qui nous dirigent et qui n'ont qu'un seul but : faire du peuple des marionnettes, des pions, des soldats et surtout une garantie d'avoir plein de Wattpad Money.  

Comment se faire une David ? Le nouveau best sellerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant