— Putain... J'ai la dalle. C'est à quelle heure déjà qu'on a rendez-vous ?
— Vingt heures, répondis-je. On va ensemble, n'oublie pas.
Harry me frotta les cheveux comme il avait l'habitude de le faire à son chien. Je secouai la tête, les mains prises par mes fournitures scolaires.
— Arrête, sérieux, râlai-je.
Je mis toutes mes affaires de cours dans mon sac à dos gris JanSport avant de le balancer sur mes épaules. J'avais ce sac depuis mon entrée au collège et à présent, j'étais en dernière année de lycée. J'étais même prêt à partir à l'université avec, mais ma mère ne semblait pas du même avis. Elle parlait de mon fidèle compagnon comme un objet à jeter de toute urgence pour le bien sanitaire de la maison. Personnellement, tant qu'il était toujours utilisable je comptais l'utiliser.
Mon deuxième fidèle compagnon était Harry. Asiatique, la coupe au bol exigée par ses parents et lunettes rondes, on l'appelait Potter, surtout depuis qu'il s'était pris le coin d'une table en pleine tronche suite à un racket quotidien en primaire. Nous avions tous les deux la même passion pour les jeux vidéos, les bouquins, les films et les mangas ce qui nous avait valu le titre de geek dès notre plus jeune âge ou même celui de no-life pour ceux qui ne comprenaient rien au monde incroyable de l'e-sport. Aujourd'hui était, pour lui et moi, un jour particulier. En effet, sa grande sœur nous avait invités à participer à une soirée contemplation de la comète dont les informations en cessaient de parler. Première fois en neuf siècles qu'on la verrait d'aussi près, semblerait-il.
— T'as qu'à passer chez moi, on mange un truc après on y va, proposai-je à Harry.
— Ouais, OK. J'espère que tu as autre chose que du lait de soja.
— Normalement...
Avec nos autres camarades de classe, nous quittâmes la salle de biologie et le professeur. Tout le monde était excité à l'idée de voir la comète ce soir. C'était l'occasion rêvée pour inviter une fille à passer un moment romantique et en faire sa petite amie.
— Je n'ai absolument pas confiance en ton « normalement » parceque « normalement » il n'y a que ça...
— Si t'es pas content t'as qu'à ramener ton lait. Tu sais ce que ma mère pense du lait animal.
— Ouais et je sais qu'elle est en train de faire un lavage de cerveau à la mienne. Elle commence à manger du muesli !
Je rigolai.
— C'est pas drôle ! Je ne veux pas finir dans une famille de hipster et manger du quinoa tous les jours !
— Hé ! Ma mère n'est pas une hipster ! Et on ne mange pas que ça non plus !
— Mec... il faut vraiment que je t'emmène manger de la vraie malbouffe. C'est pour ton bien.
— On n'a pas la même définition de « bien », mec. Il y a une raison pour laquelle il y a « mal » devant bouffe.
Il balaya mes paroles d'un geste.
Nous rentrâmes ensemble, Harry habitait juste en face de chez moi. Un petit quartier tranquille où toutes les maisons se ressemblaient. Parfois j'avais l'impression de me retrouver dans Edward Aux Mains D'Argent, surtout quand des scouts venaient faire du porte-à-porte pour vendre des biscuits ou des calendriers.
Harry et moi nous nous séparèrent pour rentrer chacun chez nous. Ma mère n'était pas encore rentrée. Dans le salon, accroché au mur, le téléphone clignotait, annonçant la présence d'un message. Je jetai négligemment mon sac à dos sur le canapé brun, face à la télévision, et me rendis à côté de cette dernière pour écouter répondeur.
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Comment tomber amoureux d'une extraterrestre ?
ParanormalUn jour, une comète s'écrasa sur terre et l'humanité disparue. Non, je déconne, ce n'était pas une comète mais juste une extraterrestre de passage. Assez commun. Il y en des dizaines qui émigrent chaque année ! ... Bon, en fait on vient de découvrir...