5. Rencontre dans les champs

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Je me ruais vers les champs. Je vis un panneau « dépôt » où se trouvait sans doute les outils, et fonçais.
Il n'y avait qu'une personne, ce devait être mon formateur. Je m'avançais vers lui à l'instant où il m'entendit arriver. J'étais essoufflée.

- Désolé de mon retard, je me suis endormie, je suis... Effy, la petite.. fille de...

- Je sais qui tu es, me coupa-t-il en m'épiant de la tête au pied. On passera les présentations si tu veux bien.

Il y avait donc personne ici qui était assez poli pour me souhaiter la bienvenue ?

- Tu es petite et tu n'es pas très forte.

Je piquais un fard. J'aurais bien aimé lui retourner son insulte, mais il était grand, très grand même. Et très musclé, à croire qu'il avait commencé la musculation dès sa naissance.
Ces cheveux noirs mi-long lui arrivaient en bas du visage et étaient pleins de sueurs, ce qui lui donnait un air négligé et ces yeux noirs avaient un air sauvage.

- C'est que tu sais parler aux filles toi dis donc.

Il me regarde d'un drôle d'air et médita quelques instants avant de me tendre un couteau assez long.

- Ça fera l'affaire, allez viens, suit moi et ne traîne pas.

J'eus du mal à le suivre sans me mettre à courir. Une trentaine de personnes s'activaient dans les champs.

- Hé Seth ! Tu joues les baby-sitters maintenant ?

Plusieurs personnes éclatèrent de rires. Je sentis mes joues s'enflammaient. Je me retournais pour voir qui avait dit ça. Alicia. Non, ce n'était pas elle, mais c'était son portrait craché. Ça devait être sa sœur.

- Pourquoi, tu es jalouse Tamara ?

Il avait un sourire malicieux. Et le sourire de Tamara s'était élargi.
Elle n'eut pas le temps de répliquer. Je venais de trébucher sur une pierre.
Je me rétalais et me cognais le genou.
Les rires redoublèrent.

- Oui, tu as raison. Je suis très jalouse !

Elle était pliée en deux.
Je me maudis instantanément.
Seth voulu m'aider à me relever, mais je le repoussais. Je voulais garder un semblant de dignité.

- Ça va, laisse, lui dis-je.

Je me relevais tant bien que mal sous les rires. Je me mordis la lèvre, mon genou me lançait.

- C'est bon maintenant. Le spectacle est fini, retournez à vos occupations !

Son sourire avait disparu et tous les autres arrêtèrent de rire et retournèrent travailler.
Apparemment ici c'était lui qui commandait.

- Tu vas pouvoir travailler ?

- Je vais bien, si c'est ce que tu voulais demander, répliquai-je en serrant les dents.

Je n'aurais pas dû être aussi sec, mais lui et cette Tamara m'irritaient, ainsi que toute cette réserve ! J'étais en plein cauchemar et je voulais me réveiller.
Il m'ignora et continua sa route.

On continua de marcher en silence. Il avait ralenti l'allure en voyant que je ne suivais pas aussi bien qu'au début. On était arrivé au bout dû champs. Et le feu de mes joues ne s'étaient pas estompés.

- Tu vas faire cette rangée et je vais faire la rangée juste à côté, m'expliqua-t-il en désignant une rangée à côté à une cinquantaine de mètres.

Il me montra comment reconnaître les blé éclos et ceux qu'il fallait garder et me montra ensuite une technique pour couper le blé sans me couper un doigt. Je devais tenir de ma main gauche la tête du blé et trancher de ma main droite le bas de l'herbe. Ensuite sans un mot il partit faire sa rangée.

Pour ce travail, je devais me mettre à accroupi, ce qui augmenta la douleur de mon genou et les larmes me montèrent.
Je ne savais pas pour combien de temps on en avait et j'espérais finir au plus vite.

Une ou deux heures plus tard, je n'avais toujours pas finit ma rangée, que du coin de l'œil je le vis attaquer la rangée d'après. Il était rapide. Il ressemblait à la faucheuse avec ses cheveux noirs, son tee shirt noir et sa faux. Et il cherchait peut être ma mort après tout, je n'en pouvais plus. J'étais couverte de sueur, de boue et les moustiques me tapait sur les nerfs. Et l'heure tournait.

Mon genou me lançait de plus en plus et la nuit était tombée. Quand il vint me chercher pour m'annoncer que c'était fini, je m'empressai de me relever soulagé.

Sur le chemin du retour, il n'y avait plus personne dans les champs. On marchait en silence. Arrivé au dépôt, il déposa sa faux et je l'imitais avec mon couteau. Mes mains étaient pleines de bouts et mes ongles étaient noirs. J'avais hâte de prendre une douche.

- Demain même heure, tache d'être à l'heure cette fois-ci.

Il avait dit ça sans me regarder, il s'apprêtait à partir dans la direction opposait.

- Merci.

Il se retourna interloqué.

- Pourquoi tu me remercie ?

- Euh.. Et bien... pour avoir accepter de faire ma formation.

Un sourire fugace passa sur son visage.

- Ne me remercie pas. J'y suis pour rien. Ta grand-mère ne m'a pas laissé le choix. Je ne le fais pas par bonté de cœur. J'aurais préféré qu'un autre s'en charge en fait.

Et il me planta là.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 28, 2017 ⏰

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Rune BleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant