Deux mois plus tard.
Nate's P.O.V
Deux mois ont passé. Deux mois bercés d'angoisses et de diverses crises de nerfs, de ma part, et de celle d'Harry qui en voit de toute les couleurs et passe de heureux à suicidaire en un claquement de doigt. En fait, je crois que le plus à plaindre, ça serait Edward pour devoir nous supporter tout les deux tout les jours.
Étrangement, notre mère n'a rien remarqué quant aux changements chez Harry, ni ses sautes d'humeurs, ni le fait qu'il ne sort pratiquement plus, à part pour l'école, ni même sa légère prise de poids qui m'a valut cris et larmes. Elle ne remarque rien, bien trop enthousiaste par son idylle qui dure pour une fois. Elle ne remarque rien, alors que, j'en suis sûr, elle est tout ce dont Harry a besoin.
''-Haz', réveille toi.'' Mais pour l'instant, ce dont il a besoin c'est de se lever pour aller au lycée. C'est devenu une torture pour lui de sortir du lit. Enfin...Plus que ça ne l'était déjà. Un grognement lui échappe avant qu'il ne se retourne. Mais il n'a pas le temps d'attraper sa couette pour la rabattre sur son visage que je lui retire, le laissant en proie au froid de l'air, vêtu d'un simple caleçon. Et malgré moi, comme à chaque fois que je le vois, mon regard se pose sur le ventre enflé de mon petit-frère. Mon petit-frère de dix-sept ans, enceinte. ''-Tu fais chier Nate.'' Râle-t-il en se frottant les yeux. ''Je sais.'' Soufflai-je en souriant amusé. ''-Mais console toi, demain c'est Samedi et tu peux dormir jusqu'à Dimanche si tu veux. -Même jusqu'à Lundi je crois.'' Marmonne-t-il en s'extirpant tant bien que mal de son lit.
Je le suis lorsqu'il sort de sa chambre et dévale les escaliers pour rejoindre la cuisine où est entrain de déjeuner Edward, le téléphone à l'oreille, en grande conversation matinale et non désirée avec Taylor. Je le regarde amusé et lui me mime un: Va te faire foutre. silencieux qui m'arrache un léger rire. ''-Nate, on a de la confiture de figue? -Le placard au dessus de l'évier.'' Signalai-je à Harry qui acquiesce avant de récupérer la confiture. Je le regarde, déambuler dans la cuisine à la recherche de divers aliments pour ce qui promet encore d'être un petit-déjeuner des plus écœurant. Mais je ne dis rien et l'observe juste, appuyé contre le mur. Il attrape une banane dans la panière à fruits avant de faire un retour vers le frigo, pour en sortir du jus de prune et un pot de fromage blanc. Il n'adresse un regard ou un mot à personne, et rien ne résonne dans la pièce à part ses pas et le bruit étouffé de Taylor entrain de prendre la tête à Edward qui semble sur le point de péter une durite. Ce serait une première.
Mon attention est piquée à vive lorsque j'entends Harry tirer sa chaise, et c'est avec curiosité que je tourne le regard vers lui pour le voir mélanger le fromage blanc et la confiture dans un bol avant d'y ajouter sa banane coupée, et il semblerait même que ça soit avec joie qu'il y plonge une cuillère pour porter sa mixture à ses lèvres, m'arrachant une grimace de dégoût. ''-Putain, ça me donne la gerbe. Non! Non pas toi bébé. Je te parlais pas à toi.'' S'exclame Edward, m'arrachant un rire distinct et un soupir lourd de sens à Harry qui s'en va, comme presque tout les jours pour manger dans le salon.
Et c'est vingt minutes plus tard qu'il ré-apparaît finalement, prêt à partir. Un fin sourire m'échappe en voyant le pull trop large qu'il porte -comme tout les jours- pour cacher son ventre invisible avec. Mais moi je sais que c'est là, et même si tout n'est pas rose, je dois avouer qu'il y a un point positif à cette histoire. Ça rend Harry meilleur. Il n'est plus autant égoïste, il est soucieux. Il laisse apparaître ses sentiments, même si ce n'est pas ce qu'il veut. Il ne fume plus, n'a plus bu une goutte d'alcool. Il est devenu responsable. Et même s'il reste Harry, un chieur de première, je ne peux pas nier ce que j'ai sous les yeux. Il s’épanouit. ''-On y va?'' Lance-t-il en posant son bol dans l'évier. Et j'acquiesce simplement avec un fin sourire qu'il me rend avant de marcher vers la sortie.
Le trajet en voiture se passe dans un silence de plomb, mais pas lourd pour le moins du monde. Il faut dire que c'est le matin, qu'Edward vient de s'engueuler sévèrement avec sa nana et que Jumeau n°2 est dans le coltard et pourrait éclater en sanglot à la première parole irréfléchie qui pourrait m'échapper. Alors on ne dit rien jusqu'à l'arrivée au lycée où on se souhaite simplement une bonne journée avant de se séparer. Et c'est las que je traverse le couloir principal pour rejoindre l'arrière cours et fumer le joint que je ne peux plus fumer chez moi. Je n'ai jamais vraiment aimé fumer ici, tout du moins, seul. Et depuis que j'ai casser la gueule à Louis, je suis plus souvent seul qu'accompagner. Dire que ce connard n'a jamais oser leur dire la vérité..
''-Harry?'' Surpris, je me retourne pour faire face à Zayn, à quelques mètres de l'arbre au pied duquel je me suis assis. ''-Essai encore.'' Il me regarde confus avant de finalement avaler la distance et s'asseoir face à moi. ''-Je ne t'avais pas reconnu, tu vas bien?'' Me demande-t-il tout en me serrant la main. ''-Bien et toi? -Ça va.'' Me répond-il, et reprend la parole aussitôt. ''-Qu'est ce qui se passe avec Harry? Il ne sort plus et c'est à peine si il m'adresse la parole.'' Sans réponse, je me contente de tirer sur mon joint, le regard vague. Zayn est le seul ami d'Harry, et il n'ose plus lui adresser la parole. Il est toujours seul dans une salle de cours, ou quelques fois je le croise avec Niall, un bon pote d'Edward. Je crois qu'ils sont dans la même classe, ça doit être pour ça. ''-Voit ça avec lui. Je ne peux pas t'aider.'' Soufflai-je en me levant lui tapant amicalement l'épaule avant de tourner les talons.
Harry's P.O.V
Il est midi, et comme depuis deux mois, je suis seul, assis à une table cachée derrière les grands arbres de la cours arrière du lycée. Personne ne vient jamais ici, et c'est tant mieux. Je ne veux voir personne, je ne veux que personne ne me voit. ''-Harry..'' Mais deux mois, c'est bien assez de répit d'après le destin. Je ne me retourne pas, et continu de fixer le mur de pierre qui me fait face. De toute les personnes qui vont au lycée, il a fallut que ce soit lui qui finisse ici. Il a fallut que ce soit lui qui se glisse face à moi, et m'impose son regard, sa présence. ''-Harry, on peut parler?'' Me demande Louis, et je ne peux rien répondre. Je ne pourrais prononcer un mot sans pleurer. Je suis tellement à fleur de peau ces derniers temps, je me donne envie de vomir.
''-Je sais que tu m'en veux, mais tu n'es pas obligé de vivre ça tout seul. -Ah vraiment?'' Mais mon côté sarcastique ne m'échappe pas pour autant. Louis soupire, le regard bas, tout en jouant avec le fer à cheval en métal qui orne sa lèvre inférieure, et qu'il relâche finalement après quelques secondes. ''-Je veux en être Harry.'' Souffle-t-il. ''-J'ai réfléchi, longuement. Et je veux faire partie de la vie de mon enfant. -Et si moi je ne veux pas?'' Un soupir qui semble amusé lui échappe et me laisse froncer les sourcils d'incompréhension avant qu'il ne reprenne la parole. ''-Tu n'as pas le droit de me refuser ça. Et que tu le veuilles ou non, tu auras besoin de mon aide dans les semaines qui arrivent. -Besoin d'aide pour quoi?'' M'exclamai-je à bout de nerfs. ''-Tu crois quoi? Que j'vais être comme ces nanas qui peuvent pas faire un pas sans se plaindre une fois en cloque? Sauf que t'as oublié un détail Tomlinson, je suis pas une nana!'' Et sans un regard, sans une parole de plus, je m'en vais. Aussi loin que je le peux, je m'éloigne de lui. Cet enfant..Jamais il n'aura besoin d'un père comme lui.
