B-A.D

XVII

Je rentre dans l'eau froide de la piscine en un saut.

Oublier.

Mes sens s'engourdissent puis se réveillent et essayent de réchauffer mes membres.

Mes cheveux tombent devant mes yeux et je fais un concoure d'apnée avec moi-même. Chaque fois que je redescend sous l'eau, j'essaye de tenir plus longtemps que la dernière fois. C'est agréable. J'ai l'impression d'être seule, et c'est ce qui est spécial. Je contrôle tout : ma respiration, le nombre de battements de mon cœur, les battements de mes cils...

Mes cheveux forment une pieuvre géante, un halo foncé par l'eau. Je rigole seule. L'eau s'infiltre dans ma bouche, puis mes poumons. Je remonte rapidement à la surface en crachant l'eau.

Ça, c'est moins agréable.

Je m'accroche au bord quand deux bras puissants me tirent vers le haut.

- Non mais ça va pas ?

Brandt-April paraît extrêmement énervé.

Comme ça on est deux.

- Non, ça ne va pas !

Il parait décontenancé par ma réponse, croyant que j'allais nier, puis prend un ton plus doux.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive Al' ?

J'explose.

- Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Non mais c'est toi qui a un problème ! Pourquoi tu m'a lâché comme ça au milieu d'inconnus, qui, par ailleurs, sont des loups qui peuvent m'attaquer à tous moments !

- Tu n'es pas en colère pour ça, je leur ai dit de ne rien te faire.

- Quoi ? Parce que tu es l'Alpha, le grand mâle tout puissant ?

Son visage perd ses couleurs. Mes mots le touchent.

- Je suis le mâle dominant le plus puissant ! C'est pour ça que J'AI ce rôle !

Il hurle, mais je n'écoute plus. Le visage de cette chienne qui me fixe de son air suffisant me met sur le bas côté plus que ce que je ne laisse paraître. Mais c'est une louve, et moi une humaine. Je ne peux rien contre elle. Nancy. Je lui sourit faussement et Brandt-April se retourne pour regarder à qui je souris puis il se retourne vers moi et écarquille les yeux.

- Tu étais jalouse ?

Nancy la pute m'envoie un doigt d'honneur que Brandt-April ne peut pas voir, étant de dos. Sans lui répondre, je le bouscule de mon épaule, ce qui n'a aucun effet, et fonce droit sur Nancy la pute. Sûrement pas attendue à ce qu'une "simple" humaine peut lui faire comme mal, elle ne bloque pas la monumentale gifle que je lui met. Ma main me brûle, mais ce n'est rien comparé à la satisfaction que j'ai. Je secoue ma main et affiche un sourire de façade face à son visage rougis par la gifle et la couleur.

Ses ongles poussent et Brandt-April se met entre nous pour faire barrage. Je grogne mais il m'ignore.

Il veut vraiment jouer le chevalier servant ? Il m'exaspère.

- Nancy, calme-toi !

Sa voix me pétrifie. Elle n'est pas chaude, mais froide. Mes membres sont eux-même choqués et ne réagissent plus. C'est horrible. Ma respiration se coupe et mon corps se met à trembler.

- BAD !!!!

Je reconnais la voix de Kementari. Ma sauveuse. La seule et l'unique !

L'emprise qu'il y avait sur mon corps cesse et je m'écroule au sol. Kementari accourt vers moi et elle me tape le visage, sa bouche s'ouvre mais je n'entend rien d'autre qu'un bourdonnement.

J'arrive à distinguer le visage de Brandt-April qui est atterré. Qu'est-ce qu'il m'a fait ?

Nancy se ratatine sur elle-même quand elle tente d'afficher un air satisfait au vu de ma condition, mais ma sauveuse la rabroue, Bad à sa suite.

Finalement, mes oreilles se débouchent et je me relève en posant une main sur le sol, l'autre sur mon front, en grimaçant. Le gravier me scie les fesses mais je n'en ai que faire, je veux que mon mal de tête cesse. J'ai l'impression que boucles d'or est passé par là et m'a roué de coups.

Après un certain temps d'acclimatation, Kementari reprend.

- Tu m'entends Allyson ?

- Oui

Ma voix est enrouée. Elle m'offre un sourire triste mais ironique, Alors que Bad à les yeux brillants.

- Tu viens de faire l'expérience du pouvoir d'Alpha du grand mâle dominant tout puissant...!