Chapitre 7

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Tout était calme dans notre studio. Pandora ronronnait paisiblement sur mes genoux tandis que je lisais un livre, assise sur notre canapé. Ambre arrangeait notre bibliothèque dans l'ordre alphabétique des auteurs, faisant des aller-retours entre la table et l'étagère, ses écouteurs dans les oreilles.

Une arrière-pensée me trottait dans la tête depuis notre retour. Aucun adieu de la part d'Ambre à ses parents me semblait insensé, voire même impossible. Elle ne leur avait jamais voulue de ne pas s'être occupé d'elle à cause de leurs travails, alors pourquoi tant de haine envers eux ?

Je relis trois fois la même phrase, la concentration disparaissait peu à peu, cette question prenait de plus en plus d'ampleur, jusqu'à ce que les mots n'aient plus aucun sens.

Agacée, je posai le roman sur la table basse et m'allongeai :

"-Ambre ?

-Quoi ?"

Son ton était plus grave que d'habitude et elle ne m'accorda pas même un regard quand elle m'adressa la parole :

"Qu'est ce qui s'est passé avec tes parents tout à l'heure ?"

Elle mit un court instant à répondre, soupirant ces quelques paroles :

"-Nous n'étions pas d'accord sur une opinion, et ils ne l'ont tout simplement pas accepté.

-C'est si important que ça ?"

Elle haussa les épaules :

"-D'un certain point de vue, oui. Mais maintenant que je ne les ne révérerai plus jamais, je m'en fiche un petit peu.

-Ils n'ont pas désapprouvé notre départ quand même ?

-Ce n'est pas ça.

-Je peux savoir au moins quel était le sujet ?"

Elle redressa la tête, un sourire narquois sur ses lèvres :

"-C'est un secret.

-Même ce que t'a dit ma mère ?

-Ca en fait aussi parti.

-Alors comme ça ma mère le sait, mais moi je n'ai pas le droit de le savoir ?

-Non."

J'étais surprise. Depuis que je la connaissais, Ambre avait toujours exprimé ses pensées et problèmes sans aucune gêne, et cette soudaine fermeture d'esprit fut semblable à une rivière limpide dont on m'interdisait l'accès.

Pandore, jusqu'alors endormie, me fit face. Ses yeux jaunes me toisaient d'un regard endormi, les moustaches frétillantes et le pelage caramel bougeant au rythme de sa respiration. Je la caressai entre les oreilles et les ronronnements résonnèrent de plus belle. Cette mélodie me plongea dans un rêve éveillé.

Je me souvins du jour où nous l'avions trouvé. C'était un jour d'hiver, la neige dissimulait les routes de son blanc immaculé et le fleuve, d'habitude si tourmenté par les flots violents, était immobile, gelé par la température glaciales.

Nous étions rentrées ensemble plus tôt que d'habitude. Les rues étaient vides de monde, comme si le spectre de la mort s'était emparé de cet endroit quelques heures auparavant.

La neige jusqu'aux genoux, nous avions traversé le pont. Nous avons entendu sous le pont un son étouffé, semblable à un cri d'agonie. J'avais pris mon courage à deux mains et étais descendu pour vérifier la cause de ces cris. J'avais récupéré un chaton en hypothermie, tremblant de tous ses membres et dont les cotes étaient devenues visibles sous la fourrure.

Nous l'avons emmené sans hésiter chez le vétérinaire qui nous la confia le temps qu'elle se remette de ses blessures physiques et psychologique. En seulement une semaine un connexion entre Pandora et nous deux s'était installé, et nous l'avons considéré rapidement comme un membre de notre foyer.

Jörfindall : L'Homme en NoirWhere stories live. Discover now