Munchausen

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Impatiente d'arriver, je laissais mes jambes se balancer au rythme de la musique que crachait la radio. Je ne cessais de changer de position sur la banquette arrière tandis que ma mère, exaspérée, me jetais des regards moqueurs à travers le rétroviseur central. Je lui fis un sourire angélique qu'elle me rendit avant de se re concentrer sur la route. Je tournais mon regard vers la vitre et contemplai les grands pins qui bordaient la route de la petite bourgade de Sainte-Anvers depuis de multiples générations. La végétation foisonnante se fondait parfaitement avec le quartier chic du nord de la ville qui abritait les plus beaux manoirs des familles originelles.
La modernité était une chose qui se faisait rare ici, la télévision, les automobiles et internet, surtout internet d'ailleurs étaient synonymes d'excentricité ou de richesses, tout bien sûr dépendait du point de vue. Au bout de quelques minutes supplémentaires, je pus enfin apercevoir l'allée de gravier qui menait au manoir de ma meilleure amie, Léonie. Depuis l'école maternelle et encore aujourd'hui nous partagions les mêmes passions pour une multitude d'activités et j'étais pressée d'arriver à l'une de ces fêtes légendaires qui avait fait sa renommée à travers le bahut et qui lui donnait un certain prestige. Grand, majestueux et situé au beau milieu du parc gigantesque, la demeure de style victorien n'avait rien à envier aux plus beaux châteaux de France. Ici tout respirait le luxe que pouvait se permettre la bourgeoisie et qui contrastait fortement avec la maison hérité de mes grands parents que je partageais avec ma mère et mon petit frère depuis déjà un certain nombre d'années. Ma mère se gara sur la vaste place attenante au perron délimitée par de larges buissons. J'ouvrais la portière et posai mes pieds sur le sol dallé.
Je m'empressais d'ouvrir le coffre et d'en sortir les sacs de nourriture, de boissons et des jeux qu'il contenait. Ma mère m'accompagna jusqu'à la porte d'entrée, ses talons claquant sur les marches de pierres. Je sonnais, fébrile, percevant à travers la porte une douce mélodie sortie tout droit des enceintes neuves que s'était offert Léonie pour son 15ième anniversaire. Elle ouvrit la porte et m'accueilli avec un grand sourire, s'effaçant pour me laisser entrer. Elle salua ma mère d'un geste de la tête et reparti dans les méandres de la maisonnée. Avant que je n'y disparaisse à mon tour ma mère me retint délicatement par la main.

-  Emeline, que ce soit bien clair. Tu me tiens au courant régulièrement, tu ne fais pas de bêtises, tu restes polie et surtout pas d'alcool, c'est compris ?

L'alcool, la bête noir de ma mère. Depuis que mon père était mort dans un accident de la route pour conduite en état d'ivresse, elle avait une sainte horreur de tout ce qui y avait attrait et dispensais régulièrement dans le lycée privée de la ville de nombreuses campagnes de sensibilisation avec d'autres parents d'élèves triés sur le volet. Je soupirais et répondis les yeux levés aux ciel.

- Oui maman, c'est promis. Je n'ai plus quatre ans tu sais. Il serait tant que tu me laisses faire ma vie un de ces jours.

- On verra, en attendant amuse-toi bien avec tes amis ma chérie. À dimanche.

Elle déposa un baiser furtif sur mon front et me laissa avec mon sac de sport contenant mes affaires et disparu dans la nuit à bord de son monospace gris métallisé. Je pris une grande inspiration et pénétrais à l'intérieur à la recherche de mes amis. Je trouvais la plupart de la bande dans le vaste salon, le reste ne devant pas tarder à arriver et pus apercevoir notamment Salomé pour qui cette soirée avait été organisée.

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